Message silencieux : Patrick Laine répond avec émotion

Message silencieux : Patrick Laine répond avec émotion

Par André Soueidan le 2025-04-19

Il y a des joueurs qu’on pointe du doigt plus rapidement que d’autres. Des cibles faciles. Des boucs émissaires parfaits pour soulager les frustrations collectives.

Et depuis quelques semaines, Patrik Laine est devenu cette cible là.

Sa manière de patiner, son langage corporel, ses efforts dans les batailles à un contre un, sa tendance à perdre la rondelle en avantage numérique…

Tout a été analysé, sur-analysé, et transformé en matériel à mépriser sur les réseaux sociaux.

Mais dans l’ombre du vacarme, un autre Patrik Laine commence à apparaître. Un joueur plus investi, plus intense, plus émotif.

Et ce n’est pas un hasard si cette transformation silencieuse coïncide avec la montée spectaculaire du Canadien en fin de saison.

C’est vrai : on peut reprocher à Laine son manque d’urgence en zone défensive. Son absence de synchronisme sur certaines unités. Son irrégularité frustrante.

Mais peut-on, honnêtement, nier sa contribution?

Avec 20 buts en seulement 52 parties cette saison, Laine a été un des meilleurs marqueurs de l’équipe, notamment sur le jeu de puissance. Sans lui, les Canadiens ne sont tout simplement pas en séries. Point final.

Et pourtant, il semble que l’amour qu’il mérite n’arrive jamais. Chaque revirement est décortiqué. Chaque décision est jugée.

Mais mercredi dernier, une vidéo a circulé sur X. Une séquence captée en deuxième période contre les Hurricanes de la Caroline.

Patrik Laine, dos à son filet, s’arrache littéralement pour empêcher un tir précis de Sebastian Aho. Il plaque. Il harcèle. Il bloque. Il se sacrifie.

Ce n’est pas spectaculaire. Ce n’est pas un but gagnant en prolongation. C’est même discret. Mais c’est là que tout change. C’est là qu’on voit un joueur qui veut, qui essaie, qui participe à l’histoire qu’on est en train d’écrire.

 

 

Sur le banc, on le voit discuter. Participer aux ajustements. Crier de joie. Partager ses observations avec ses coéquipiers. Il n’est pas en retrait. Il n’est pas déconnecté.

Et Martin St-Louis, qui n’est pas du genre à distribuer les tapes dans le dos gratuitement, a été filmé en train de le féliciter discrètement.

Il faut lire entre les lignes. Voir au-delà des statistiques.

Ce que Laine fait présentement, c’est embrasser l’idée du « tout le monde embarque ». Il pourrait bouder. Il pourrait se plaindre de ne plus être sur la première unité d’avantage numérique. Il pourrait exiger un changement de trio.

Mais non. Il reste. Il travaille. Il sourit même, parfois, entre deux critiques virulentes sur X.

Et aujourd’hui, le 19 avril, il célèbre ses 27 ans.

Vingt-sept ans. Encore dans son prime. Encore capable de renverser une série. Encore capable de créer la surprise.

Le Canadien a publié un message sobre, mais rempli de respect pour souligner son anniversaire. Un rappel subtil que, malgré tout ce qu’on entend, Laine est un membre à part entière de ce groupe. Et un membre essentiel.

Car sans ses buts, sans sa présence menaçante en zone offensive, cette équipe n’a pas la profondeur nécessaire pour rivaliser avec les meilleures formations.

Il faut aussi se rappeler une chose : Patrik Laine a changé le visage de cette saison.

Quand il est revenu de blessure, en fin d’année 2024, le CH était sur le bord du gouffre. Le calendrier était cruel. Colorado. Vegas. Floride. Dallas. Tampa Bay.

Et c’est à ce moment précis que le vent a tourné. Pas avec des discours. Pas avec des miracles. Avec des buts. Des tirs précis. Des victoires arrachées.

C’est ce stretch qui a tout changé. Ce retour qui a ravivé la flamme.

Aujourd’hui, on le critique parce qu’il n’a pas marqué depuis quelques matchs. Parce que son lancer semble moins menaçant. Parce qu’il fait parfois des choix hasardeux en zone neutre.

Mais ce qu’on oublie, c’est qu’il s’accroche. Il donne ce qu’il peut. Et il croit.

Ce soir-là contre la Caroline, il aurait pu faire un changement paresseux. Il est resté. Il a travaillé. Il a bloqué.

Et ce genre de jeu là, aussi petit soit-il, vaut autant qu’un but en prolongation.

Parce que c’est ça, les séries. C’est ce genre détails. Ce genre de réveils silencieux.

Et si Patrik Laine se met à être ce joueur là, tout est possible.

Rappelons qu’il affrontera dans cette première ronde un autre tireur redoutable : Alex Ovechkin. Deux francs-tireurs, même posture, même rôle en avantage numérique. Un duel fascinant.

Mais ce qu’on attend, c’est que Laine embrasse cette identité pleinement. Qu’il devienne l’Ovechkin du Canadien. Celui qui ne doute plus. Qui assume son poids.

Et si la série bascule, si les occasions reviennent, si les réglages sont faits… Patrik Laine peut devenir le facteur X.

On ne lui demande pas de tout faire. On ne lui demande pas d’être parfait. On lui demande de croire.

Et en ce 19 avril, alors qu’il souffle ses 27 bougies, c’est exactement ce qu’il est en train de faire.

Croire. Répondre. Se redécouvrir.

Avec émotion.

Avec fierté.

Avec silence.

Bonne fête Patrik Laine