Depuis 24h, Juraj Slavkovsky est redevenu le centre de l’univers médiatique montréalais, pour toutes les mauvaises raisons.
Et ce n’est même pas parce qu’il a fait quelque chose de spectaculaire. C’est justement parce qu’il ne fait rien de spectaculaire. Ni sur la glace, ni devant les micros.
Hier, le Slovaque de 21 ans, qui amorce la première année de son contrat monstre de 60,8 millions de dollars, a eu l’occasion rêvée de faire bonne impression.
Devant les médias, il aurait pu démontrer de la maturité, de la gratitude, une étincelle.
Au lieu de ça, il a sorti l’équivalent verbal d’un doigt d’honneur passif-agressif.
Quand on lui demande ce qui a changé dans sa vie depuis la signature du contrat, il répond, froidement :
« Mon compte bancaire a changé. Sinon, rien n’a changé. »
Ce moment-là, s’il avait été géré avec humilité, aurait pu changer le ton du camp. Il aurait pu dire qu’il est reconnaissant, qu’il veut prouver qu’il mérite la confiance.
Il aurait pu sourire sincèrement. Il aurait pu inspirer les jeunes, montrer qu’il comprend la responsabilité.
Il a plutôt choisi de donner l’impression qu’il s’en fout.
Que ce contrat-là est une évidence. Qu’il est au-dessus des critiques. Et aujourd’hui, il paye le prix.
Parce qu’en ce samedi matin ensoleillé à Brossard, le visage de Juraj Slavkovsky est resté caché.
Le Canadien n’a pas rendu son attaquant disponible aux médias.
Pas de conférence. Pas de micro. Pas de caméra.
Rien. Isolement médiatique volontaire. Une stratégie bien orchestrée pour éteindre un feu que le principal intéressé a lui-même allumé.
Et sur la glace, le spectacle n’a pas été plus glorieux.
Selon Anthony Martineau, présent au camp pour TVA Sports, Slavkovsky avait l’air ailleurs.
Nonchalant. Déconnecté. Il s’est même fait battre par un joueur de la ECHL, Darick Louis-Jean, dans un duel qui aurait normalement dû être une formalité.
Et au lieu de se fâcher, de répondre avec intensité, il a souri. Comme si ça n’avait aucune importance. Comme si tout ça n’était qu’un petit jeu sans conséquences.
Mais il y a des conséquences. Parce que dans l’environnement du Canadien en 2025, ce genre d’attitude ne passe plus.
Ce n’est plus l’époque où le club protège ses jeunes à outrance. Ce n’est plus la maternelle. C’est le moment où les promesses doivent se transformer en résultats.
Et Martin St-Louis ne s’est pas gêné pour envoyer le message.
Quand on lui parle de Slafkovsky, le ton est sec, tranchant, sans détour :
« Il n’a plus 18 ans. Tu ne peux pas tenir la main à tout le monde. »
Une phrase simple, mais lourde de sens.
Le coach vient de dire, devant tout le monde, qu’il en a assez de marcher sur des œufs. Il vient de dire que Slaf doit se prendre en main.
Que ce n’est plus au personnel d’encadrement de lui insuffler une éthique de travail. Que l’heure est venue de devenir un homme.
Et c’est probablement la première fois depuis son arrivée à Montréal que Martin St-Louis parle de Slavkovsky avec aussi peu de filtre.
Depuis février 2022, quand il est débarqué derrière le banc, St-Louis a toujours défendu ses jeunes.
Il les a protégés, encadrés, maternés, parfois même trop. Mais là, il a changé de ton.
Et ce n’est pas anodin que ce soit Slavkovsky qui soit le premier à goûter à cette nouvelle philosophie.
Parce que Slaf, depuis qu’il est repêché, est un projet personnel pour l’organisation. Le premier choix de l’ère Hughes-Gorton. Le bijou brut. Celui qu’on développe « à la dure », sans envoyer à Laval. Celui qui devait incarner la patience.
Mais voilà : la patience a des limites. Et l’arrogance ne fait pas partie du plan.
C’est ça qui rend cette séquence si dérangeante pour les dirigeants du CH.
C’est qu’elle arrive au pire moment possible. Juste au moment où l’équipe veut envoyer un signal clair : fini les excuses, on veut gagner.
On veut compétitionner. On veut mériter nos rôles. On ne donne plus rien. Même les plus gros contrats ne garantissent rien. Même le joueur de 6’3 repêché au premier rang n’est plus à l’abri.
Le plus ironique dans tout ça, c’est que Juraj Slavkovsky ne semble même pas s’en rendre compte.
Il semble croire que le contrat le protège. Que le fait d’être dans la bonne chaise, comme dirait Kent Hughes, suffit.
Mais il ne suffit pas. Pas à Montréal. Pas dans un marché où chaque mot est analysé. Chaque entraînement, décortiqué. Chaque expression faciale, interprétée.
Slafkovsky attire l’attention. Ça, il le fait bien.
Mais il l’attire toujours pour les mauvaises raisons. Pour ses déclarations étranges.
Pour son attitude désinvolte. Pour son incapacité à enflammer les entraînements comme un premier choix devrait le faire.
Et tant qu’il n’apprendra pas à canaliser cette attention-là dans ses performances, il va continuer de décevoir.
Ce n’est pas une question de talent. Tout le monde sait que Slafkovsky en a. C’est une question d’attitude.
Et d’habitudes. Et ça, comme le dit Martin St-Louis, ça ne s’enseigne plus à cet âge-là. Ça vient de l’intérieur. Ou ça ne vient pas du tout.
Le camp n’est pas terminé. Il est encore tôt. Il a le droit à une mauvaise journée.
Mais ce qu’il vient de vivre en 24 heures, c’est une alerte rouge.
Il ne s’agit pas juste d’un joueur qui a mal performé un matin. Il s’agit d’un joueur qui a envoyé le mauvais message à tous les niveaux. Devant les journalistes. Devant ses coéquipiers. Devant ses coachs.
Et ce genre de message, dans une organisation qui veut compétitionner, c’est inacceptable.
Slafkovsky devra répondre. Pas devant les caméras. Pas avec des répliques passives-agressives.
Mais avec son jeu. Avec sa volonté. Avec son implication.
Parce que cette année, personne ne va le prendre par la main. Il est seul dans son isolement. Et il devra prouver qu’il mérite d’en sortir.
Misère...