On l’avait vu venir et pourtant… c’est avec une boule dans la gorge qu’on a accueilli KO Sports.
Ce projet-là, qu’on nous avait vendu comme le bébé numérique. la révélation de l'année, finalement, c’est tout le contraire d’un “projet populaire”. C’est du business, du vrai, sans pitié, calculé. Et c’est exactement pour ça qu’on est tous déçus.
Louis Morissette, c’est l’archetype du créateur-capitaliste. Il produit, il fait l’acteur principal, il scénarise, il monopolise les subventions, il liquide les revenus. Il apparaît amateur, mais son modèle est en réalité un calcul froid du profit.
Un génie du dollar. Mais la magie, elle, elle vient pas pour le peuple. Elle vient pour lui.
Il a fait son annonce avec le ton du conquérant :
« KO Sports est lancé !» Une nouvelle plateforme web 100 % balados sportifs, avec une dizaine d’émissions, dont * Entre la poire et le fromage*, Mathias et le serpent, Le genou à terre, etc. Une centaine de voix fortes autour du sport.
José Théodore, Maxime Talbot, Mathias Brunet, Simon « le Snake » Boisvert... le line-up est sexy.
Pendant des années, on nous a raconté que c’était le médium de demain. Mais faut pas s’y tromper : KO Sports, c’est du sport, du business, du branding, sous un vernis “authentique”.
Il ne s’agit pas de démocratiser l’information sportive; il s’agit d’exploiter l’intimité des fans avec des contenus orientés vers le portefeuille.
Le modèle : subventions, self-pay, sponsor et... encore plud de profits...
Louis n’a pas volé son statut de businessman hors pair. Quand il fait un film, il se rémunère comme comédien principal, producteur, scénariste: facilement 400 000 $ par projet... juste pour être acteur... de son propre film...
Plus les subventions, plus les revenus bruts.
Les séries télé ? Même modèle. Il a misé et il a récolté.
On raconte que Morissette empoche minimum 1,2 million de dollars cpmme profits... par projet. On parle d’un vrai stratège financier.
Avec KO Sports, comprenez comment ça fonctionne. Il utilise ses studios à Longueuil, recrute les stars du balado, attire des commanditaires mollassons ou puissants déjà associé à lui (Loto-Québec), tous ceux qui veulent une part du gâteau du sport québécois. Le produit est prêt. La mécanique est rôdée. Et nous ? On doit payer.
Jusqu’au 1er novembre, KO Sports offre tout gratuitement. Ensuite ? 9,99 $ par mois pour les « extras ». Le reste sera disponible gratuitement sur YouTube, Spotify ou Apple Podcasts.
Et comme si ce n’était pas assez, Loto-Québec a déjà embarqué comme commanditaire dans l’aventure. Imaginez : Louis Morissette encaisse les revenus publicitaires d’une société d’État, fait payer 9,99 $ au public, tout en profitant de sa propre plateforme pour mettre en vitrine ses productions.
Le modèle est limpide : les épisodes de KO Sports sont disponibles gratuitement jusqu’au 1er novembre, histoire de capter l’attention et bâtir un auditoire captif.
Ensuite ? "Paywall" à 9,99 $ par mois. Oui, quelques miettes resteront disponibles sur YouTube, Spotify et Apple Podcast, mais pour le contenu « exclusif », il faudra passer à la caisse.
Et tout cela est justifié en invoquant le modèle de Patreon, comme si Louis Morissette et les autres multimillionnaires de la convergence québécoise vivaient les mêmes réalités que de jeunes créateurs indépendants qui essaient de payer leur loyer.
Bienvenue dans le Québec corporatif, version Morissette : subventions publiques, commandites d’État, revenus d’abonnés, et contrôle total du message.
Alors attends. On est censés comprendre que cet homme, déjà multimillionnaire, abusant du financement public via Véro.TV, maintenant nous demande de payer encore une fois pour accéder à des contenus qu’on nous a fait goûter gratuitement pendant des semaines ?
Ouch. Rappelons qu'il faut aussi payer 9,99 $ par mois pour accéder à Véro.tv, une chaîne qui sert essentiellement de vitrine promotionnelle à la famille Morissette.
Le comble? La plupart des contenus diffusés sont produits par KOTV, la boîte de production de Louis Morissette lui-même.
Et dans certaines émissions, comme Les Morissette et moi, non seulement on suit Véro, Louis et leurs enfants dans leur quotidien bourgeois de Boucherville, mais on les regarde littéralement « ploguer » leurs propres projets, dans leurs propres bureaux, produits par leur propre boîte, sur leur propre chaîne. Si ça ce n’est pas de la convergence, c’est quoi?
Cette initiative de Radio-Canada ressemble davantage à une opération de relations publiques familiale qu’à une mission de service public.
Une téléréalité centrée sur une famille millionnaire qui se met en scène dans des décors contrôlés, avec une équipe maison, diffusée sur une plateforme publique… et payante!
C’est comme si les Morissette nous invitaient dans leur sous-sol pour regarder des diapos de leur dernier voyage à Disney… sauf qu’on paie 9,99 $ pour ça. Bienvenue dans le royaume de la convergence déguisée en contenu « exclusif ».
C’est la version québécoise du sandwich qu’on nous vend comme gourmet, mais dont les ingrédients sont payés par tout le monde. Le monde est fatigué, Mal. On est tannés d’être en spectacle de double paiement.
Louis justifie le modèle : faut garder une offre gratuite pour nous faire découvrir, sinon on ne viendra pas. C’est vrai… mais c’est aussi un argument qu’on nous sort depuis des années avec Véro.TV ou Tou.TV Extra.
Cela sonne comme un vieux disque désaccroché. On voit clair dans le jeu. À l’heure où Radio-Canada est coincé entre ses subventions et ses abonnements payants, Morissette ressemble de plus en plus à un pont qui mène tous les avantages côté business et aucun côté humain.
Le sport, c’est démocratique. C’est partagé. C’est populaire. Avec KO Sports, on barre l’entrée. Gratuit juste assez longtemps pour t’accrocher. Ensuite, t’achètes l’"add-on" propriétaire. On nous prend pour des vaches à lait numériques.
On parle d’une plateforme qui capitalise sur notre passion sportive, tout en exclusivant une part de la population avec un choix binaire : payer ou rester en dehors. C’est atroce… et tellement cliché.
Louis est un homme drôle, brillant. Mais là, l’humour, il est utilisé comme un outil. Ton branding = tu riras, tu achèteras. Faire du sport, du tourisme, de l’humour, ce n’est plus un service public, c’est une marchandise.
Rien n’est gratuit. Même l’humour a un prix. Ce modèle, ça fait des années qu’on le critique chez Radio-Canada – toujours avec toi, P-K Péladeau, à dire que c’est pas juste, que le public paie pour des trucs qu’il ne peut pas voir. Et bien, c’est exactement ça. La boucle est bouclée.
Quand le privé réinvente le “gratuit” pour mieux faire payer, on perd la confiance. Le peuple qu’il prétendrait cibler… il le perd au premier palier d’abonnement.
Louis Morissette, tu as le talent, le réseau, l’humour. Mais là, ton coup KO est un KO pour la crédibilité. Pour ceux qui voulaient juste écouter du sport, bosser leur week-end, jaser de hockey ou de foot avec les autres, KO Sports, c’est une cage dorée.
Le monde s’en déçoit. Ce n’est pas un streaming premium, c’est un business plan sans cœur.
Et ça, c’est le vrai K.O...