Moment triste pour la Poche Bleue: pensées pour Maxim Lapierre et Guillaume Latendresse

Moment triste pour la Poche Bleue: pensées pour Maxim Lapierre et Guillaume Latendresse

Par David Garel le 2025-03-19

Il fut un temps où la Poche Bleue était plus qu’un simple balado.

C’était un rendez-vous incontournable, une bouffée d’air frais dans un paysage médiatique uniforme, beige, inodore, incolore et sans saveur.

Un projet né d’une amitié hors normes entre Maxim Lapierre et Guillaume Latendresse, deux anciens joueurs du Canadien qui avaient vécu les hauts et les bas du hockey professionnel, et qui avaient trouvé une manière de transposer cette camaraderie authentique dans une émission qui ne ressemblait à aucune autre.

Il y avait une chimie unique, une complicité presque parfaite. C’était brut, débridé, vrai. Ils riaient, ils buvaient, ils racontaient des histoires, ils se charriaient comme seuls deux vieux meilleurs amis peuvent le faire.

Ce n’est pas exagéré de dire que le succès de la Poche Bleue a été aussi fulgurant qu’instantané. Parce que ce n’était pas un balado comme les autres.

Ce n’était pas juste une autre émission où des analystes ressassent les mêmes débats stériles sur le Canadien de Montréal.

Ce n’était pas une discussion formatée sur les espoirs, la gestion du cap salarial ou les prédictions de séries. Non, La Poche Bleue était un show où l’on se sentait invité à une soirée entre amis, une tablée où tout pouvait être dit, où la bière coulait à flots, où l’humour, parfois gras, parfois absurde, était au cœur du spectacle.

Mais voilà. L’équilibre s’est brisé. Lentement d’abord, puis brutalement avec le départ de Guillaume Latendresse.

On le sait, il est parti pour des raisons de santé mentale, et personne ne lui en tient rigueur. Nos pensées l’accompagnent, lui et sa famille.

Mais il faut être honnête : la Poche Bleue ne s’en est jamais remise. Avant même son départ, on sentait une baisse d’intensité, un effondrement progressif.

La vente du projet pour 8,8 millions de dollars à Playmaker Capital avait déjà changé la dynamique. L’authenticité, qui faisait toute la saveur du balado, s’était diluée dans une formule plus calculée, plus lissée, plus commerciale. Et puis, avec Guillaume parti, tout s’est effondré.

Son remplaçant, Pascal Leclaire, a beau avoir toute la bonne volonté du monde, il ne peut pas recréer cette connexion qui existait entre Lapierre et Latendresse.

Parce que la Poche Bleue n’était pas simplement une émission : c’était un lien entre deux anciens coéquipiers, un duo qui vibrait sur la même fréquence, un tandem qui se nourrissait mutuellement pour créer quelque chose de magique.

On ne remplace pas cette magie. On ne remplace pas un frère d’armes avec simple camarade de remplacement.

Peut-être que l’incident avec Mike Ward a aussi joué un rôle dans cette descente aux enfers. Avant ce clash public, La Poche Bleue était un show où tout pouvait être dit, où l’humour osé était une partie intégrante de l’expérience.

Mais après cet épisode, quelque chose a changé. L’émission s’est rangée du côté plus sage, plus contrôlé. On a arrêté de prendre des brosses en ondes, on a arrêté de faire les niaiseries qui faisaient tant rire le public.

On a voulu éviter les vagues, éviter la controverse, éviter d’être encore dans le collimateur public. Mais c’était justement ce côté brut, sans filtre, qui faisait que la Poche Bleue n’était pas comme les autres balados.

Aujourd’hui, tout est plus lisse, plus encadré. On dirait que la peur de déranger s’est installée, qu’ils ont voulu être plus “corporate”, plus professionnels, mais en perdant ce qui faisait leur identité.

Ce n’est pas un hasard si, après cet incident, l’émission a commencé à perdre de son mordant. On ne sent plus la même folie, le même plaisir décomplexé.

Et c’est là qu’on réalise que la Poche Bleue n’a pas seulement perdu Guillaume Latendresse, elle a aussi perdu son esprit rebelle, son essence même.

Aujourd’hui, on voit une émission parmi tant d’autres. Un balado sportif comme il en existe des dizaines.

Un podcast où l’on débat des mêmes sujets ramâchés sur le Canadien :

“Est-ce que l’équipe va faire les séries?” “Que penser du développement des jeunes?” “Faut-il échanger un vétéran?” On a perdu le mordant, la folie, l’imprévisible. Il n’y a plus ces moments où les animateurs éclataient de rire en se remémorant une anecdote de vestiaire.

Il n’y a plus ces blagues un peu trop osées qui faisaient rougir certains invités. Il n’y a plus ce petit grain de sel qui faisait que, chaque semaine, on attendait La Poche Bleue comme on attend un bon party entre chums.

Maxim Lapierre fait ce qu’il peut. Il reste un des meilleurs, sinon le meilleur analyste à TVA Sports. Il est intelligent, articulé, capable d’être tranchant et baveux sans être mesquin.

Mais Maxim Lapierre est un gagnant dans l’ombre. Ce n’est pas un homme qui court après l’argent, ce n’est pas un opportuniste.

Il ne va peut-être jamais l’admettre publiquement, mais il n’est sûrement pas satisfait de la direction qu’a prise la Poche Bleue. Il sait. Il voit. Il comprend que l’émission qu’il a bâtie avec son frère d’armes s’est transformée en un produit standardisé, sans âme, sans folie.

Peut-être que c’est pour ça qu’il essaie d'engager Tony Marinaro pour la saison prochaine. Peut-être que c’est sa manière de ramener un peu de couleur dans un paysage qui est devenu bien gris.

Mais rien n’y fait. Guillaume Latendresse manque terriblement à la Poche Bleue. Il était la pièce maîtresse de ce puzzle si particulier.

Il était le contrepoids parfait à Lapierre, la voix qui pouvait être sérieuse et clownesque à la fois, le gars qui pouvait te parler de hockey avec expertise et éclater de rire l’instant d’après en racontant une histoire de brosse d’une tournée avec le Canadien.

La Poche Bleue n’est plus spéciale. C’est devenu un balado comme un autre. Un balado où l’on parle de hockey, bien sûr, mais sans la magie qui faisait de l’émission un incontournable.

Il y a quelque chose de profondément triste à voir un projet aussi vivant devenir un produit formaté, vidé de sa substance.

Triste, parce que tout le monde le sait. Triste, parce que même ceux qui continuent d’écouter le font plus par habitude que par véritable engouement. Triste, parce que la Poche Bleue ne retrouvera jamais ce qu’elle a perdu.

On ne remplace pas ce genre de lien. On ne remplace pas une amitié qui avait su captiver le public. On peut essayer, on peut bricoler, on peut faire semblant. Mais la magie, elle, est partie.

La Poche Bleue est à la croisée des chemins. Maxim Lapierre et Guillaume Latendresse sont à un tournant décisif.

Oui, la santé mentale de Latendresse est ce qui importe le plus, et personne ne voudrait le voir revenir trop vite ou à contrecœur.

Mais soyons honnêtes : si ce projet-là veut survivre, et surtout, s’il veut retrouver son essence, il faut que Guillaume Latendresse revienne en ondes.

Maxim Lapierre, aussi talentueux soit-il, ne peut pas recréer seul cette magie unique, cette complicité brute qui faisait vibrer le public.

La Poche Bleue a besoin de lui. Le Québec a besoin de lui. Parce qu’au-delà d’un simple balado, c’était un rendez-vous, une tranche de vie, un moment où les gens oubliaient leur quotidien pour se plonger dans un univers où l’authenticité régnait en maître.

Et si ce projet veut redevenir ce qu’il était, il faut que l’un de ses piliers revienne à sa place.