Depuis deux semaines, le Centre Bell vit la présence presque troublante de recruteurs de la LNH, mais surtout, et de manière beaucoup trop insistante pour que ce soit un hasard, des recruteurs de Vancouver, toujours les mêmes, toujours placés aux mêmes endroits, toujours armés de leurs tablettes et de leurs rapports, comme s’ils attendaient qu’un dossier bouille assez pour enfin exploser.
L’histoire est simple : Kiefer Sherwood intéresse énormément le Canadien de Montréal. Mais ce que Pierre LeBrun a laissé entendre, ce que Rick Dhaliwal a répété, et ce que le marché confirme de lui-même, c’est que les négociations entre le CH et les Canucks ne sont pas juste actives : elles sont féroces, avancées, et désormais à un point où chaque présence d’un dépisteur au Centre Bell devient une affirmation silencieuse qu’un échange de grande ampleur se prépare.
Tout a commencé avec l’idée d’un prix raisonnable : un choix de première ronde protégé, ce fameux premier choix du CH que Kent Hughes veut garder sous surveillance pour éviter un accident de parcours (si le CH chute au classement), et un défenseur gaucher parmi Arber Xhekaj, Jayden Struble ou Adam Engström.
Vancouver trouvait ça intéressant, Montréal trouvait ça acceptable, et l’équilibre semblait enfin se dessiner dans un marché du top-6 devenu complètement imprévisible.
Puis Dhaliwal a tout renversé.
Ce n’est pas tous les jours que Rick Dhaliwal, l’homme le plus branché sur tout ce qui touche Vancouver, sort un nom québécois avec autant d’assurance. Mais hier, il l’a fait : Zachary Bolduc.
Et là, la salle a tremblé.
L’idée de Bolduc a frappé tout le monde comme une gifle : Vancouver rêve grand, peut-être trop grand
Lorsque Dhaliwal a révélé que les Canucks « aiment beaucoup » Zachary Bolduc, les antennes à Montréal se sont dressées instantanément.
Non seulement parce que Bolduc est un jeune Québécois de 22 ans, rapide, capable de marquer, et encore au tout début de sa progression, mais aussi parce qu’il a été acquis en retour de Logan Mailloux, c’est-à-dire dans l’une des transactions les plus symboliques de cette reconstruction.
Imagine l’onde de choc si, quelques mois à peine après son arrivée, Bolduc repartait déjà.
Imagine l’impact sur un vestiaire qui vient à peine de comprendre que Bolduc peut devenir un vrai marqueur top-9.
Imagine la perception du public.
Et surtout, imagine l’ironie d’un scénario où Vancouver mettrait la main sur Bolduc… alors qu’il évoluait dans l’Ouest, que les dépisteurs le connaissent par cœur, et qu’il n’a pas encore joué les 200 matchs nécessaires pour savoir exactement ce qu’il deviendra.
Sherwood est un joueur complet, robuste, mais il a 30 ans.
Bolduc en a 22.
Et c’est exactement pour ça que Montréal hésite.
Le plus inquiétant, et le plus révélateur de la tension actuelle, c’est la composition des délégations vancouvéroises présentes à Montréal.
Ce ne sont pas des recruteurs secondaires, envoyés pour remplir un rapport de routine. Ce sont des dépisteurs professionnels, des décideurs, des hommes qui ne se déplacent pas pour observer un troisième trio ou un cinquième défenseur.
Lou Crawford, recruteur professionnel, présent au Centre Bell mercredi.
Tim Lenardon, dépisteur de longue date, vu la veille contre les Sénateurs avec un autre recruteur.
Deux autres recruteurs notés cette semaine dans la section presse.
Toujours Vancouver.
Toujours les mêmes.
Toujours au moment où Xhekaj joue. Toujours au moment où Bolduc peine à trouver un rôle clair.
Dans le monde du recrutement professionnel, ce genre de persistance n’est jamais innocent.
Vancouver sait que Sherwood vaut cher parce qu’il apporte un élément qui manque cruellement au CH : un top-9 robuste, agressif, énergique, capable de marquer, de frapper, de provoquer, d’influencer un match même les soirs où l’offensive ne débloque pas.
Le CH manque exactement de ce profil depuis que Josh Anderson a cessé d’être Josh Anderson.
Et c’est pour ça que le prix grimpe. Sherwood est un joueur de location, oui. Mais un joueur de location capable de changer la dynamique d’un vestiaire à un salaire ridicule (1,5 M$).
Le fait qu'il devienne agent libre doit refroidir Kent Hughes par contre.
Un élément clé dans les négociations est le fait que Vancouver se prépare à une éventuelle reconstruction de sa défensive, et même si cela n’est pas prononcé publiquement, l’idée que Quinn Hughes est sur son départ revient dans plusieurs cercles internes.
Ce que les Canucks veulent, ce n’est pas un projet. Ils veulent un défenseur mobile, jeune, contrôlable. Struble coche plusieurs cases. Engström en coche d’autres. Xhekaj ajoute la dimension physique que Vancouver perdrait sans Sherwood.
Selon nos informations, Kent Hughes ne veut pas échanger Zachary Bolduc.
La logique veut que le CH préfère sacrifier un choix de première ronde protégé + un défenseur gaucher plutôt que Bolduc.
Mais plus les recruteurs des Canucks s’accumulent au Centre Bell, plus l’impression persiste que Vancouver est convaincu qu’ils peuvent sortir Bolduc de Montréal.
Il faudra plus qu'un futur agent libre de 30 ans, plombiers sur les bords, pour que Montréal sacrifie le Québécois.
Entre Vancouver qui mitraille Montréal de visites, Saint-Louis qui tourne autour d’Arber Xhekaj comme un requin blessé, Nashville qui revient se rassurer sur Struble et Engström, et Rick Dhaliwal qui jette le nom de Zachary Bolduc dans la mêlée comme une bombe artisanale, le Canadien est au cœur d’un marché des transactions complètement fou.
Excitant...
