Nos pensées accompagnent la femme de Carey Price et sa famille

Nos pensées accompagnent la femme de Carey Price et sa famille

Par David Garel le 2025-08-02

Angela Price a tout vu. Tout vécu. Tout encaissé. Et aujourd’hui, elle dit : plus jamais. Plus jamais cette vie. Plus jamais le cirque. Plus jamais le hockey. Pas pour son fils. Pas pour Lincoln.

Dans une réponse apparemment banale sur Instagram, à la question : « Est-ce que Lincoln va jouer au hockey? », la femme de Carey Price a ouvert la porte sur une vérité brutale.

Non, elle ne veut rien savoir. Non, elle ne veut pas revivre ce monde. Et derrière cette réponse se cache un gouffre d’angoisse, de blessures profondes et de traumatismes non guéris.

Parce qu’Angela Price n’est pas simplement une ancienne femme de joueur. Elle est une survivante du système. D’une machine qui a tout broyé sur son passage: sa paix, sa confiance, sa ville d’adoption, et parfois, sa dignité.

Et aujourd’hui, elle refuse d’y replonger. Même pour son fils.

À première vue, la vie d’une conjointe de vedette de la LNH fait rêver : les voyages en jet privé, les hôtels de luxe, les restaurants chics, les tapis rouges, les partys, les All-Star Games.

Mais pour Angela Price, la réalité fut tout autre. Une spirale d’angoisse. Une tension constante. Une existence cloisonnée entre rumeurs, scandales, jugements publics et exposition médiatique insoutenable.

Dès les premières années à Montréal, elle comprend que la ville l’adore autant qu’elle la surveille. On l’analyse, on l’observe, on la critique.

Trop silencieuse. Trop visible. Trop stylée. Trop réservée. Chaque geste est scruté. Chaque expression de son visage devient une matière à interprétation.

Puis viennent les premières rumeurs. Les soupirs pesants des journalistes. Les non-dits dans les émissions de radio. Les allusions voilées.

Et enfin, la bombe : cette rumeur qui explose dans tous les corridors de la province. Carey Price aurait un enfant illégitime. Avec une policière du SPVM. Une histoire qui, rapidement, se transforme en fiction dans une des séries les plus regardées du Québec : District 31.

Dans un épisode devenu tristement célèbre, le personnage de la patrouilleuse Noélie St-Hilaire, incarnée par Catherine St-Laurent, se retrouve au cœur d’une intrigue incendiaire qui fait écho, à peine voilé, à l’affaire Carey Price.

Tombée enceinte d’un attaquant vedette de la LNH nommé Vincent Bossé, Noélie fait face à une pression immonde de la part de l’organisation professionnelle.

L’équipe en question, bien qu’anonyme dans la série, évoque sans subtilité une franchise montréalaise. Avant même qu’elle n’annonce publiquement la grossesse, les dirigeants cherchent à l’étouffer.

Son avocat est approché. Une offre est déposée : 500 000 $ en argent comptant, une pension alimentaire de 1500 $ par mois jusqu’aux 18 ans de l’enfant… mais à une seule condition : le silence absolu.

Et pire encore : avant même la signature du fameux chèque, l’avocat de l’équipe met de la pression sur Noélie pour qu’elle se fasse avorter.

Une clause de confidentialité scelle ensuite le tout. Si elle parle, elle perd tout. Ce scénario, signé Luc Dionne, avait secoué le Québec tant il flirtait avec des allusions directes à la réalité, et Angela Price ne s’en est jamais remise.

« J’imagine que le Canadien doit beaucoup aimer ce genre d’extrait de série. Joueur de hockey vedette, policière enceinte, pression du club, tout pour leur faire plaisir, quoi », avait affirmé Paul Arcand, alors roi des ondes à 98,5 FM.

Arcand n’était pas le seul. Claude Poirier, lui aussi, s’était mêlé à la tempête médiatique. Il avait été l’un des premiers à alimenter la machine à rumeurs, affirmant à la radio que l’affaire du fameux quatrième enfant de Carey Price était « un sujet délicat que certains médias n’osent pas traiter ».

Poirier, alias le négociateur, évoquait un « possible scandale à venir »… sans que rien ne soit jamais confirmé.

Vince Cauchon, quant à lui, s’était permis une blague en ondes, une phrase devenue virale :

« Si Carey veut prendre du temps avec ses deux enfants LÉGITIMES, moi j’y souhaite. Parce que c’est ce qu’il a fait pendant le temps des fêtes et je suis entièrement d’accord avec ça. »

Une pique lancée sous le couvert de l’humour, mais qui avait frappé fort. Dans un contexte aussi chargé, ce genre de déclaration n’était pas une simple blague, c’était de l’essence versée sur un feu déjà bien allumé.

Angela lit. Elle entend. Elle encaisse. Et elle hurle en silence.

Ce jour-là, quelque chose se brise.

Ce n’est pas seulement la rumeur qui la détruit. C’est le silence de l’organisation. Le mutisme des médias. L’incapacité de dire : « C’est faux. »

Même les proches s’y mettent. Élizabeth Rancourt, journaliste sportive, affirme publiquement qu’elle détient un scoop sur Carey qu’elle ne peut pas dévoiler. Une phrase qui, dans le climat déjà toxique autour des Price, agit comme une allumette dans un baril d’essence.

Et pendant que Carey continue de jouer, de performer, de protéger le filet du Tricolore, Angela protège autre chose : ses enfants. Sa santé mentale. Sa famille.

Mais déjà, le mal est avancé.

Angela l’a dit. Elle ne reviendra pas vivre à Montréal.

Elle a vendu la maison à Candiac. Coupé les ponts. Refusé de revenir même pour une cérémonie d’hommage. Et on comprend pourquoi.

Cette ville qui l’a accueillie l’a aussi étouffée. Mois après mois. Année après année. Et même après la retraite de son mari, non officielle, mais irrévocable, les rumeurs ont continué.

L’adoption d’un enfant ? Immédiatement liée à l’existence supposée d’un enfant caché.

Une phrase sur le stress du hockey ? Déformée en attaque contre le CH.

C’est trop. Beaucoup trop.

Alors, quand on lui demande si Lincoln va jouer au hockey, sa réponse est plus lourde qu’il n’y paraît.

Non, elle ne veut pas ça. Pas le hockey. Pas les arénas à 5 h du matin. Pas les parents hystériques. Pas les ligues d’élite. Pas les agents, pas les tests physiques, pas les commotions cérébrales. Mais surtout : pas les projecteurs. Pas les médias. Pas les murmures. Pas les rumeurs.

Angela a vu son mari se faire démolir en direct. Sur la glace. Dans les tribunes. À la radio. À la télé.

Elle a lu des milliers de commentaires sur sa famille. Vu des couvertures de magazine pendant qu’elle vivait une séparation secrète. Reçu des messages haineux, des menaces, des moqueries.

Elle a vu l’envers du rêve. Le cauchemar derrière la LNH.

Alors non. Elle ne veut pas ça pour Lincoln. Et elle ne voudra jamais.

Le traumatisme est réel.

Angela Price ne fait pas semblant. Elle ne cherche pas à être une victime. Elle dit les choses avec une lucidité tranchante.

« Comprends-moi bien! Il y a eu des histoires croustillantes dans notre passé, mais aucune d’entre elles ne sont sorties publiquement. »

Elle se souvient de son retour précipité dans l’Ouest, après une énorme dispute avec Carey. Pendant que les journaux titraient « Le couple Price plus uni que jamais », elle faisait ses valises pour fuir.

Elle se souvient de la paranoïa. De la peur que tout ce qu’elle dit soit repris, mal interprété, déformé.

Elle se souvient d’avoir lu dans les médias que la mère de Carey Price aurait eu des « liens intimes » avec Bob Gainey.

Elle se souvient d’avoir vu les journalistes rire, commenter, alimenter les soupçons, sans jamais penser à l’impact sur ses enfants.

Le hockey, ce n’est pas juste un sport. C’est une industrie. Une religion. Un système féroce où les sentiments n’ont pas leur place.

Et Angela le sait. Elle y a vécu quinze ans.

Elle connaît les blessures camouflées. Les douleurs tues. Les cachets avalés. Les psychologues ignorés. Les pressions invisibles. Les clubs qui vous disent reste discrète. Les agents qui vous disent laisse passer. Les journalistes qui vous disent tu devrais être flattée d’être mêlée à ça.

Elle a vu les faux sourires. Les poignées de main hypocrites. Les réseaux sociaux qui vous détruisent pour un mot de travers.

Alors non, elle ne veut pas que Lincoln entre là-dedans.

Aujourd’hui, Angela vit à Kelowna. Loin de la glace. Loin du stress. Loin du passé.

Elle respire.

Elle fait du yoga. Elle cuisine. Elle s’occupe de ses enfants. Elle pense à l’adoption. Elle soigne ses plaies.

Et surtout, elle protège. Lincoln. Liv. Millie. Et même Carey.

Elle protège tout ce que le hockey a tenté de lui enlever.

Angela Price n’est pas une influenceuse. Pas une hockey wife. Pas une victime. Elle est une mère.

Et comme toutes les mères blessées, elle veut une seule chose : qu’aucun de ses enfants ne revive ses blessures à elle.

Alors si Lincoln aime patiner, tant mieux.

Mais s’il rêve de la LNH? Elle ne dira pas non. Mais elle ne dira pas oui non plus.

Elle dira simplement : « Tu es libre. Mais moi, je n’irai pas là avec toi. »

Parce qu’elle l’a déjà fait. Parce qu’elle a déjà tout perdu. Parce qu’elle a trop pleuré.

Et parce qu’elle s’est juré… plus jamais.