Nos pensées accompagnent Samuel Montembeault et sa famille

Nos pensées accompagnent Samuel Montembeault et sa famille

Par David Garel le 2025-04-27

Samuel Montembeault méritait mieux. Tellement mieux.

Il avait tout donné cette saison. 62 matchs disputés. L’un des gardiens les plus occupés de toute la Ligue nationale. Un pilier silencieux derrière les succès inespérés du Canadien de Montréal. 

Un pourcentage d’arrêt solide après le tournoi des 4 Nations. Une présence rassurante. Un leader naturel dans le vestiaire. Il avait enfin prouvé à tout le monde, à ses détracteurs, aux sceptiques, qu’il était bel et bien un vrai gardien numéro un.

Et pourtant, à l’heure où il s’apprêtait à goûter à l’ivresse des séries éliminatoires, tout s’écroule brutalement.

Une blessure. À l’aine.

Le genre de blessure vicieuse qui n’épargne aucun gardien. Le genre de blessure qui frappe sans prévenir, surtout quand tu es surutilisé pendant toute une saison pour sauver une équipe en pleine reconstruction. Le genre de blessure qui arrache ton rêve au moment même où il était à portée de main.

Tout le Québec pensait que ce n’était “pas si grave”. On se consolait. On se disait : “Au moins, ce n’est pas terminé comme pour Logan Thompson.” 

Le gardien des Capitals n’avait même pas été capable de mettre du poids sur sa jambe. C’était le gros drame. Tout le monde croyait que pour lui, la série était finie.

Et pourtant.

Surprise cruelle ce matin : Logan Thompson était dans le filet du partant au "morning skate".

Lui, celui qu’on croyait plus gravement blessé que Samuel Montembeault, est revenu. Pendant que le pauvre Monty, lui, voit son rêve s’effondrer.

En point de presse dimanche matin, Martin St-Louis a tenté de calmer les inquiétudes en affirmant que l’état de Samuel Montembeault serait « évalué sur une base quotidienne ».

Mais tout le monde sait, en séries éliminatoires, que les entraîneurs protègent leurs blessés et cachent leur jeu pour ne pas donner d’avantage à l’adversaire.

Le simple fait que Montembeault ne soit même pas disponible pour agir comme gardien substitut, remplacé d’urgence par Cayden Primeau, en dit long sur la gravité réelle de sa blessure.

Peu importe ce que dit officiellement Martin St-Louis, les faits sont là : une absence complète dans un match aussi crucial confirme que Montembeault est sérieusement diminué. 

C’est injuste. Cruel. Bouleversant.

Rappelons-nous ce que Montembeault a traversé. Il a signé un contrat ridiculement bas de 3,15 millions par année. Un contrat obtenu trop tôt, mal négocié par son agent Paul Corbeil, qui restera à jamais une immense erreur de carrière.

Pendant ce temps, des gardiens moyens comme Charlie Lindgren encaissent presque autant pour la moitié du boulot.

Et Montembeault?

Il a avalé ses frustrations. Il n’a jamais bronché. Il a porté le club sur son dos, match après match. Il a “goalé” pour 52 000 $ par match, pendant que d’autres vivaient dans le luxe. Il n’a jamais rien dit. Il a travaillé. Il a gardé la tête haute.

Et maintenant, alors que son moment était enfin venu, la blessure l’empêche de le vivre.

Dobes écrit sa légende pendant que Montembeault est effacé. Car le plus dur, ce n’est pas seulement d’être blessé. C’est d’être effacé.

Parce que la série entre le Canadien et les Capitals a viré à un nouveau chapitre : l’éclosion de Jakub Dobes.

En séries, l’histoire se répète souvent : un gardien inattendu émerge et change tout. On a vu Cam Ward en 2006 en Caroline. On a vu Matt Murray à Pittsburgh en 2016 et 2017. Des jeunes gardiens venus de nulle part qui ont décroché la Coupe Stanley.

Et maintenant, c’est peut-être le destin de Jakub Dobes.

Pendant que Samuel Montembeault, l’homme qui a porté l’équipe à bout de bras toute la saison, doit regarder ça du haut des gradins. Sans même avoir la consolation d’être en uniforme comme backup.

Cayden Primeau, et non Montembeault, sera sur le banc.

Un cauchemar pour toute la famille Montembeault.

Il faut penser à eux. À ceux qui ont suivi Samuel depuis ses premiers arrêts sur des patinoires minuscules au Québec. Sa famille. Ses amis. Son entourage qui s’est tant sacrifié pour lui.

Ils avaient rêvé de ce moment. Le voir briller en séries avec le Canadien. L’ovation du Centre Bell. L’adrénaline des arrêts décisifs. Le respect enfin universel.

À la place, ils vivent une tragédie silencieuse.

Ils verront Samuel, en complet, assis dans les estrades, pendant que la fête se déroule sans lui. Ils voient les médias encenser Dobes, oublier Montembeault.

Ils lisent sur les réseaux sociaux des commentaires injustes, ridicules, affirmant que “Dobes doit être le numéro 1”, comme si Montembeault n’avait jamais existé.

Ils savent. Ils sentent. Que même si Montembeault est l’un des plus grands artisans de cette saison miraculeuse, cette ville ne lui donnera jamais le plein crédit.

Le début de la fin à Montréal?

Soyons francs. Le destin de Montembeault à Montréal est probablement scellé.

Même s’il revient un jour en santé, le vent tourne. Jacob Fowler est le futur du club. Jakub Dobes est déjà en train d’écrire sa propre histoire. Samuel Montembeault, malgré son talent, malgré son leadership exemplaire, sera vu comme l’homme de trop.

C’est déchirant. Mais c’est la réalité du hockey professionnel. La roue tourne sans pitié.

Lui, qui était censé vivre son moment de gloire, son moment Carey Price 2010, sera relégué à un rôle d’ombre.

Et il devra vivre avec ça. Avec l’injustice de tout avoir fait correctement… mais de se retrouver mis de côté par un destin capricieux. Une conclusion qui fait mal. Tellement mal.

Ce texte n’est pas un texte comme les autres.

C’est un cri du cœur pour un gars qui méritait mieux.

Samuel Montembeault restera cette saison comme l’homme qui a tout donné pour Montréal, qui a joué blessé, qui a “goalé” pour des miettes salariales, qui a porté l’espoir d’une ville… et qui n’aura même pas pu goûter au fruit de son travail.

Que ce soit sur la glace du Centre Bell ou dans les arénas de Washington, on lui devra toujours une fière chandelle.

Et quoi qu’il arrive, que les séries finissent bien ou mal, l’histoire du Canadien 2025 ne pourra jamais être racontée sans prononcer son nom : Samuel Montembeault.

Un héros sans gloire.

Un champion silencieux.

Aujourd’hui, nos pensées sont avec Samuel Montembeault et sa famille. Ce qu’ils vivent est d’une tristesse déchirante.

Après une saison de sacrifices, après avoir porté ce club à bout de bras, Samuel ne peut même pas savourer son accomplissement en séries.

Son cœur est brisé, et celui de ses proches aussi. Toute la province devrait avoir une pensée pour ce guerrier silencieux, qui méritait tellement mieux.