Parfois, même dans une ville où chaque mise en échec devient un débat et chaque but un événement national, le hockey passe en arrière-plan.
Aujourd'hui, le Canadien de Montréal a rappelé que derrière chaque logo, chaque casque bleu-blanc-rouge et chaque décision d’entraîneur, il y a des êtres humains, des familles et des combats qui dépassent les frontières de la glace.
Sans tambour ni artifice, l’organisation a publié un message simple, lourd de sens et profondément humain :
« L’organisation des Canadiens a appris au cours des dernières semaines que l’entraîneur consultant Roger Grillo luttait contre un cancer. Nos pensées et nos prières accompagnent notre collègue et ami. Nous sommes de tout cœur avec lui ainsi que ses proches dans cette épreuve. Nous nous battons pour Roger. »
Ce qui rend ce message encore plus bouleversant, c’est le moment où il est lancé.
Ce soir, au Centre Bell, le Canadien ne dispute pas seulement un match contre le Mammoth de l’Utah ... il participe à la soirée « Hockey pour vaincre le cancer ».
Une soirée où les noms des proches touchés par la maladie s’écrivent sur des cartons “Je me bats pour”, où des enfants de Leucan accompagnent les joueurs sur la glace.
Et c’est exactement dans ce contexte, au cœur d’un événement où l’on met l’humain avant le résultat, que l’organisation choisit d’annoncer publiquement que Roger Grillo mène lui aussi ce combat.
Ce n’est pas une coïncidence. C’est un geste volontaire, silencieux, mais lourd de sens.
Un rappel que la maladie ne frappe pas seulement les anonymes ou les gradins, mais aussi ceux qui sont derrière le banc, qui donnent leur vie au hockey.
Ce genre de phrase coupe le bruit. Dans une saison où l’on débat de temps de jeu, de transactions potentielles et de performances individuelles, ce message vient rappeler que la vie ne se joue pas uniquement sur 200 pieds de glace.
Roger Grillo occupe un rôle souvent méconnu du grand public, mais essentiel à la structure de l’équipe.
Consultant auprès du personnel d’entraîneurs, il agit comme œil externe, conseiller et soutien stratégique.
Il analyse les détails invisibles à la télévision, il observe ce que la pression efface, il apporte l’équilibre d’un regard neutre pour compléter le travail de Martin St-Louis et de ses adjoints.
Et quand on lui a demandé comment il vivait cette épreuve humainement, Martin St-Louis a répondu avec une sincérité désarmante :
« Roger, évidemment, c’est une ressource énorme. Je me suis appuyé sur lui toute ma vie. Et de l’avoir avec nous au quotidien, c’est quelque chose d’important. Là, il a dû s’éloigner un moment, pour des raisons évidentes. Maintenant, il a un plan devant lui. On est contents de l’avoir ici, pour l’instant, mais je pense qu’il va faire des allers-retours. On pense à lui. Quand des choses comme ça sont bien réelles, ça frappe différemment. Je l’ai vécu avec mon père, et maintenant avec un de mes meilleurs amis. On est là pour le soutenir… ça fait partie de la vie. »
C’est souvent à ce niveau que naissent les ajustements invisibles qui transforment une mauvaise séquence en relance, une équipe nerveuse en équipe confiante.
Ce sont ces gens-là, dans l’ombre, qui permettent à une organisation de ne jamais s’égarer. Roger Grillo n’est pas le visage sur les affiches, mais il fait partie de ceux qui maintiennent la maison debout pendant la tempête.
Et lorsqu’un message comme celui de ce matin est publié, toute la dynamique change.
On ne parle plus de statistiques, ni de lignes à l’entraînement, ni du prochain gardien à envoyer devant le filet.
On parle de solidarité, de courage, de cette fraternité invisible qui unit les joueurs, les entraîneurs, les thérapeutes, les employés de bureau et même les partisans.
Dans ce sport où on glorifie la résilience sur la glace, on se rappelle que la vraie résilience commence ailleurs : dans les hôpitaux, dans les silences, dans les nuits où l’on espère que demain sera plus doux.
L’organisation ne demande pas d’applaudissements, elle demande quelque chose de beaucoup plus simple : être là. Penser à lui.
Ne pas le laisser seul. Ce message n’est pas seulement destiné aux médias, il est destiné à tous ceux qui portent le CH sur le cœur, de près ou de loin.
Ce matin, des joueurs sont entrés au Centre Bell avec ce poids dans la tête.
Des employés ont relu le communiqué deux ou trois fois.
Certains ont repensé à un moment partagé avec Grillo pendant un voyage, un café pris entre deux réunions, une discussion à l’écart d’un vestiaire bruyant. C’est ça, la famille du Canadien.
Et comme dans toutes les familles, quand l’un des nôtres tombe, on se rapproche.
Ce soir, les projecteurs seront peut-être encore braqués sur les buts marqués, sur les décisions de Martin St-Louis, sur les performances de Demidov, Suzuki ou Montembeault.
Mais quelque chose aura changé.
Dans les gradins, dans les salons, dans la salle vidéo, une pensée flottera : le hockey peut attendre. La santé, non. L’équipe a conclu son message par ces mots : nous nous battons pour Roger. Alors nous le ferons aussi.
Courage à lui. Courage à ses proches. Et que toute la grande famille du Canadien se souvienne : on peut perdre un match, mais on ne perd jamais quand on se tient ensemble.
AMEN
