Nuit blanche pour Kent Hughes: cauchemar à Montréal

Nuit blanche pour Kent Hughes: cauchemar à Montréal

Par David Garel le 2025-04-15

Le Centre Bell en a vu des choses. Des exploits. Des défaites cinglantes. Des retours miraculeux. Mais rarement aura-t-on assisté à un moment aussi cruel pour le directeur général Kent Hughes que ce que Frank Nazar lui a infligé cette semaine.

À peine débarqué dans la LNH, Nazar a marqué son premier but… au Centre Bell. Dans la maison du CH. Devant un Kent Hughes impassible en apparence, mais probablement broyé à l’intérieur.

Car ce but n’était pas qu’un simple point au tableau. C’était une déclaration. Une gifle. Une ironie du destin d’une brutalité rare. Frank Nazar, c’est le joueur que les Blackhawks ont repêché avec le 13e choix reçu du Canadien en échange de Kirby Dach. Dach, qui a disputé moins de 25 matchs en deux saisons à Montréal, victime d’une fragilité chronique, physiquement et mentalement.

Nazar, lui, est arrivé comme une étoile filante. Il a illuminé la glace. Et laissé Kent Hughes dans le noir.

Ce n’est pas seulement le but. C’est tout ce que Nazar représente. Le futur, la jeunesse, la vitesse, la fougue. Tout ce que Kirby Dach aurait dû incarner, mais que les blessures lui ont arraché.

C’est l’un des moments les plus amers de la dernière décennie pour le Canadien. Et selon le journaliste Frank Seravalli, c’est la pire transaction de la dernière décennie dans la LNH. Rien de moins.

Et la douleur ne s’arrête pas là. Car non seulement Nazar brille… mais il pourrait aussi coûter les séries au Canadien.

Oui, ce même Nazar, sur lequel Montréal aurait pu mettre la main, pourrait être celui qui brise leur rêve de printemps.

L’ironie atteint ici des sommets. Le CH, qui s’est battu tout au long de la saison pour une place en séries, pourrait voir ses espoirs s’effondrer sous les coups d’un joueur qu’il a indirectement offert sur un plateau d’argent à ses adversaires.

Nazar a brûlé le CH hier soir. Dans tous les sens du terme. Et il a envoyé une sale leçon au DG du Canadien de Montréal.

Dans les coulisses de la LNH, le nom de Kent Hughes circule avec une intensité inhabituelle. Pas de louanges. Pas de félicitations. Plutôt des regards pleins de pitié.

L'homme qui a échangé un joueur fragile contre un espoir en or. L’homme qui, à travers ce seul geste, pourrait avoir hypothéqué une partie de son plan quinquennal.

Car oui, c’est bien de cela qu’il s’agit : une fracture dans la stratégie de reconstruction.

À Chicago, on célèbre. On applaudit. On se frotte les mains. Nazar marque, Nazar électrise, Nazar incarne le nouveau souffle.

Et pendant ce temps, Kirby Dach se remet encore et toujours d’une opération à la jambe. Une de plus. Peut-être une de trop.

À Montréal, on parle de plus en plus de Dach au passé. On ne l’inclut plus dans les projections. Il n’est plus le deuxième centre du futur. Il n’est plus la pièce centrale de l’échange.

Il est un problème. Une jambe brisée. Une confiance effondrée. Un joueur trop grand pour sa condition physique, trop doux pour la pression. Et surtout, trop absent pour qu’on bâtisse autour de lui.

Il faut se le dire : le CH est devenu meilleur à la seconde où Dach s’est blessé. Le vestiaire s’est resserré. Les rôles se sont clarifiés.

L’équipe a trouvé son identité. C’est cruel à dire, mais c’est une réalité incontournable. Et cela, Kent Hughes le sait.

Alors il pense. il est hanté. Et un nom revient sans cesse dans ses pensées : Frank Nazar. Car au moment de céder ce fameux 13e choix à Chicago, il aurait pu — il aurait dû — en faire une sélection.

Un joueur habité, rapide,  intense, offensif. Mais non. Hughes a voulu prendre un raccourci. Et ce raccourci l’a mené… dans un mur.

Aujourd’hui, Nazar a poussé le CH au bord e l'élimination et Kirby Dach regarde tout ça depuis une table de réhabilitation.

Et Kent Hughes, lui, est condamné à vivre avec cette réalité. Le poids d’un pari perdu. D’un échange qui fait tâche dans son CV. D’un joueur qui devait tout changer… mais qui n’aura jamais eu le temps de le faire.

Et ce n’est pas qu’une question de hockey. C’est une question d’héritage. De réputation. De vision. Car même si les partisans l’adorent encore, même si l’équipe montre des signes de croissance, cette tache va rester à vie.

Et tant que Nazar brillera, tant que Dach boitera, le fantôme de cette transaction hantera le Centre Bell.

Et le plus tragique dans tout ça, c’est que cette honte ne colle pas uniquement à Kent Hughes. Elle collera aussi, et peut-être pour toujours, à Kirby Dach lui-même.

Car dans le monde cruel du hockey professionnel, lorsqu’un joueur est échangé, il porte en lui un objectif silencieux mais toxique : prouver qu’il valait plus que ce qu’on a donné pour lui. Être meilleur que le joueur contre qui il a été sacrifié. C’est une question de fierté. D’ego. De survie.

Mais dans le cas de Kirby Dach, cette mission est déjà un échec cuisant.

Pendant que Frank Nazar s’élève au rang de future vedette de la LNH avec des débuts de feu, Dach s’enlise dans le silence, l’ombre et la douleur.

Nazar est rapide, éclatant, précis. Dach est absent, effacé, oublié. Il n’a jamais eu l’impact espéré, et il ne l’aura probablement jamais. Et ça, c’est une tragédie personnelle autant qu’un fiasco sportif.

Car Dach, lui aussi, voit Nazar. Il voit les reprises. Il lit les articles. Il entend les comparaisons. Et il sait. Il sait que chaque but de Nazar est une flèche dans son orgueil.

Que chaque éloge envers le jeune Blackhawk est un rappel cruel de ce qu’il aurait dû être. Il sait que la LNH n’oubliera jamais que Frank Nazar a été repêché avec le choix que Montréal a cédé pour lui.

Et surtout, il sait que lui, Kirby Dach, restera toujours le joueur échangé contre Nazar. Le flop contre le phénomène.

Cette humiliation, il devra la traîner toute sa vie. Même s’il revient un jour sur la glace. Même s’il joue quelques saisons supplémentaires.

Le verdict est tombé : il a perdu ce duel. Il a perdu cette comparaison. Et rien ni personne ne pourra effacer cette cicatrice-là.

Pour Kent Hughes, c’est une tâche sur son bilan. Mais pour Kirby Dach, c’est une malédiction. Une marque au fer rouge qu’aucune opération au genou ne pourra jamais effacer.