Le Canadien vient de s’incliner pour une troisième fois de suite, mais ce n’est pas le score qui résonne encore au petit matin : c’est le silence gêné qui a suivi deux séquences de 5 contre 3 complètement ratées, deux moments où le match aurait pu, aurait dû, basculer.
On parle ici de 1 min 28 de supériorité numérique, puis 1 min 50. Aucun tir sur réception, aucune présence menaçante, aucune étincelle. Rien.
Après la rencontre, Martin St-Louis n’a pas crié. Il n’a pas explosé. Mais son regard disait tout. Son ton aussi.
Quand un journaliste lui a fait remarquer que son équipe semblait hésitante, lente à exécuter, St-Louis a simplement répondu :
« Je pense qu’on cherche le jeu parfait. On veut trop bien faire. Mais ça devient prévisible. »
Prévisible, c’est le mot.
Impuissant aussi.
Le coach l’a répété à plusieurs reprises :
« Le 5 contre 3… on doit absolument générer plus que ça. »
Et dans la manière qu’il l’a dit, dans les pauses, dans la retenue, on sentait un homme à bout, fatigué de répéter les mêmes choses, inquiet de voir son équipe perdre le fil au même moment que l’an dernier.
On dirait que tout le monde le sait. Que tout le monde le voit. Que tout le monde attend que quelqu’un allume la lumière.
Hier, personne ne l’a allumée.
Le Canadien n’a pas “oublié comment jouer”, comme l’a répété St-Louis
« On n’a rien oublié… On a juste manqué de finition, on a manqué d’instinct ».
Mais c’est difficile de croire cette phrase quand on repense à ces interminables passes en périphérie, aux hésitations, aux rondelles bondissantes, à cette incapacité chronique à tirer sur réception.
Ça sautait aux yeux : le CH n’a plus de tireur naturel en avantage numérique.
Depuis la blessure de Patrik Laine, tout s’est effondré.
Cole Caufield tente de recréer de l’espace en se collant au poteau droit, mais ce n’est pas super orthodoxe.
Dobson, lui, semblait figé, incapable de s’ajuster, recevant chaque rondelle comme une patate chaude.
Hutson, de l’autre côté, devait presque se contorsionner pour être menaçant. Rien n’était naturel. Rien n’était fluide. Beaucoup trop d'hésitations.
Martin St-Louis l’a dit sans le dire : « Quand t’es en contrôle à 5 contre 3, tu dois créer un momentum… tu dois imposer quelque chose. »
On a senti la frustration monter dans la foule, un Centre Bell encore une fois glacé par son propre avantage numérique.
Les passes molles. Les hésitations. Le manque d’urgence.
Et comme si le jeu n’était pas assez révélateur, le langage corporel l’était encore plus.
Les joueurs se regardaient, espéraient qu’un autre prenne la responsabilité.
« On ne peut pas espérer que le jeu parfait arrive tout seul », a dit St-Louis, et cette phrase-là sonnait comme un aveu.
Comme si lui-même ne savait plus qui, dans son groupe, allait se lever.
Le Canadien n’a pas perdu ce match à forces égales.
Il l’a perdu sur ce qu’il devrait maîtriser : ses chances gratuites.
Et Martin St-Louis l’a bien résumé, dans un murmure à peine voilé :
« Il faut arrêter d’attendre. Il faut forcer les choses. »
Le problème, c’est que pour l’instant, personne ne force rien. Et c’est ça qui est lourd.
Très lourd.
Misère...
