La valeur de Cayden Primeau vient de connaître une explosion soudaine sur le marché des transactions.
Longtemps relégué au troisième rang dans la hiérarchie des gardiens du Canadien de Montréal, Primeau s’est récemment repositionné comme une pièce désirable pour plusieurs organisations de la LNH, au moment où les séries de la Ligue américaine battent leur plein et où son sang-froid est mis en lumière soir après soir.
Il a eu son gros mot à dire dans la victoire du Rocket au cinquième match de la série contre les Americans de Rochester.
Le gardien de 25 ans a fait 27 arrêts et obtenu le jeu blanc. Il n’a pas eu à être exceptionnel parce que l’équipe devant lui a été impeccable, mais il a été vraiment très bon et n’a jamais montré un seul signe de faiblesse.
« J’avais l’impression qu’il mesurait 6’11’’ et pesait 450lb dans le filet tellement il était solide!» s’est exclamé Pascal Vincent.
C’est un Cayden Primeau plein de maturité et de confiance qui joue pour le Rocket et Vincent raconte une anecdote survenue lors du quatrième match, quand Primeau est venu en relève de Jacob Fowler, et elle en dit long.
« Lors du dernier match, ce qui m’a impressionné, c’est qu’on perdait le match et il restait cinq minutes, il est venu au banc et il pensait encore qu’on pouvait gagner. J’ai vu un côté de sa personnalité que je ne connaissais pas. »
Plutôt timide et habituellement réservé, Primeau était rayonnant devant son casier dans le vestiaire. Il était à des lieues du jeune homme en déficit de confiance qui jouait avec le Canadien avant les Fêtes.
« C’est probablement la fois où je me suis le plus amusé dans cet édifice et ça en dit beaucoup. Ça a été génial dès le début de la rencontre. »
Primeau a souligné que ses coéquipiers et lui affichaient une saine confiance avant le début de la rencontre, ce qui contrastait avec les problèmes de contrôle émotif de la rencontre précédente.
« Les trois défaites que nous avons subies dans les séries sont attribuables à nous-mêmes, nous nous sommes nui mentalement et émotionnellement et la période des séries est très chargée sur le plan émotif », a reconnu le gardien.
« Je leur ai dit avant le match que c’était l’examen le plus important de l’année et qu’on devait exécuter ce qu’on connaît et c’est ce qu’ils ont fait », a raconté Pascal Vincent.
« Toute l’année, après un match médiocre ou ordinaire, le match suivant a été très bon. »
Ce que Pascal Vincent a fait dimanche soir, ce n’est pas qu’une victoire. C’est un acte de foi envers son groupe. Un rappel que le hockey, même au niveau professionnel, est encore une affaire d’instincts, de ressenti, d’hommes.
Les directeurs peuvent bien empiler les tableurs Excel, Vincent, lui, regarde dans les yeux de ses joueurs. Et quand Cayden Primeau lui a dit « Je suis prêt », il l’a écouté. Maintenant, le Rocket est en finale. Et quoi qu’il arrive, la bataille de vendredi aura laissé des cicatrices profondes dans l’organisation. Vincent a remporté sa guerre interne. Et c’est tout à son honneur.
Ce revirement spectaculaire prend au dépourvu plusieurs observateurs. Car si Jakub Dobes attirait tous les projecteurs, c’est maintenant Primeau qui vole la vedette.
Sa technique est vantée par de nombreux recruteurs. Certains affirment qu’elle est supérieure à celle de Dobes, qui mise davantage sur son instinct et sa carrure. Primeau, lui, offre un style plus discipliné, plus structuré, qui inspire confiance et stabilité.
Le résultat? Kent Hughes se retrouve avec un dossier beaucoup plus complexe à gérer qu’il ne l’aurait cru il y a quelques semaines.
Le directeur général du CH doit impérativement soumettre une offre qualificative à Primeau pour conserver ses droits, et il devra le faire rapidement dès que la fenêtre s'ouvre.
Car les offres hostiles sont bel et bien possibles. Avec un contrat à 1,544,424 $ ou moins, aucune compensation ne serait requise, ce qui ouvre la porte à des DG comme Daniel Brière à Philadelphie pour foncer.
Les Flyers, rappelons-le, ont toujours gardé un oeil attentif sur Cayden Primeau. Son père, Keith Primeau, est une figure historique de l’organisation, et le lien familial ne peut être ignoré dans l'équation.
Daniel Brière croit en Primeau. Il veut un jeune gardien d’avenir, et la position à Philadelphie est loin d'être stabilisée. Primeau serait accueillie à bras ouverts.
Les Blackhawks de Chicago et les Red Wings de Détroit sont aussi sur les rangs.
Ce qui devait être un simple cas de joueur à qualifier se transforme en enjeu majeur pour le Canadien. Car s’il égalise une offre hostile, Hughes ne pourra pas échanger Primeau avant un an.
S’il ne la contre pas, il perd Primeau pour rien. S’il le qualifie, il doit ensuite le transiger rapidement ou le garder dans une organisation qui est déjà surpeuplée à cette position avec Fowler, Dobes et encore Montembeault.
Kent Hughes doit agir, et vite. La valeur de Cayden Primeau est en hausse. L’erreur serait d’attendre. Il a un atout en main. Il doit le transformer en retour intéressant, avant que le piège des offres hostiles se referme sur lui.
Le marché vient de parler, et Primeau, aujourd’hui, vaut beaucoup plus que jamais auparavant.