« Logan Mailloux, c’est un joueur qui sort dans le top-10 d’un repêchage. »
C’est avec ces mots que l’entraîneur-chef des Blues de St. Louis, Jim Montgomery, a tenté de calmer les ardeurs des partisans déjà en ébullition.
Une déclaration forte, livrée comme un pansement sur une plaie ouverte, alors que l'organisation tente désespérément de justifier l'échange controversé qui a envoyé Zachary Bolduc à Montréal en retour du défenseur Logan Mailloux.
Mais dans les rues de St. Louis, la plaie saigne encore.
Dès l'annonce de la transaction, une vague de colère a déferlé sur les réseaux sociaux.
Les partisans ne décolèrent pas. Pour eux, perdre Bolduc repêché 17e au total en 2021 équivaut à une trahison.
Et surtout, une incompréhension.
« Pourquoi échanger un jeune ailier talentueux, qui montrait enfin qu’il pouvait éclore, contre un défenseur qui traîne une controverse et qui n’a encore rien prouvé dans la LNH? »
Les commentaires pleuvent. « Bolduc va nous hanter », peut-on lire sous les publications officielles. D’autres parlent carrément de « désastre ».
Et pendant ce temps, Mailloux tente de garder le cap.
Contrairement à ce que certains laissent entendre, il ne s’est pas enfermé dans le silence. Il a pris la parole dès son arrivée, dans une conférence de presse diffusée par les Blues, pour dire :
« Je suis vraiment excité de venir à St. Louis. Je veux contribuer. Je veux prouver que je mérite cette opportunité. »
Ce n’est pas une déclaration vide. C’est un cri du cœur d’un gars qui sent la tension.
Qui sait qu’il arrive dans un environnement où la moitié du fanbase ne veut même pas entendre parler de lui.
Changer d’organisation à 21 ans, ce n’est pas banal.
Mailloux croyait que tout était tracé à Montréal. Il avait traversé l’enfer médiatique, la désapprobation publique, les condamnations, et il commençait à entrevoir la lumière au bout du tunnel.
Il avait une routine. Des coéquipiers. Un plan.
Puis bang. Coup de fil. Tu pars.
Tu déménages. Tu recommences. Tu retournes dans un environnement où tout ce que les gens savent de toi, c’est ce qu’ils ont lu dans les manchettes de 2021.
Ils ne connaissent pas le Logan d’aujourd’hui. Ils n’ont pas vu les efforts de réhabilitation. Ils ne veulent pas savoir.
Et toi, t’as juste 21 ans. T’es en train d’essayer de devenir un homme.
Et tu dois le faire avec une armée de juges virtuels prêts à appuyer sur le bouton « cancel » dès que t’as une mauvaise soirée.
Jim Montgomery l’a bien compris.
En vantant Mailloux dès son arrivée, il tente d’apaiser les tensions. Il veut que les partisans voient le potentiel, pas le passé.
Il veut faire de lui un projet, un pari calculé.
Et sur papier, le pari a du sens : droitier, gros gabarit, bonne vision, puissant tir frappé, et de réels flashs de domination en AHL.
Mais est-ce suffisant pour calmer une ville en furie?
L’effet Bolduc : une perte qui fait mal
Zachary Bolduc, c’était plus qu’un joueur prometteur.
C’était un symbole. Un Québécois qui a explosé en fin de saison.
Plusieurs le voyaient comme une pièce centrale pour les années à venir.
Formé chez les Remparts de Québec, Bolduc incarnait ce profil rare d’ailier capable de s’impliquer physiquement tout en gardant un instinct de marqueur.
Son départ a donc été perçu comme un recul pour une équipe en quête d’identité.
Et là, on l’échange. Pour un défenseur qui n’a même pas encore disputé une minute dans la LNH.
Pour un gars qui arrive avec une histoire lourde. C’est comme si Doug Armstrong avait pris un billet de loterie... et misé le futur de l’équipe avec.
Un stress colossal pour Mailloux
Logan Mailloux n’est pas un robot. Il est un jeune homme avec un bagage, des cicatrices, et des attentes qui pèsent lourd.
Il pensait amorcer sa carrière avec le Canadien, entouré d’un staff qui le connaissait, dans une ville où il avait commencé à réparer les pots cassés.
Mais voilà qu’il doit tout reconstruire, dans un environnement où l’accueil est glacial.
L’exemple est brutal, mais imagé : c’est comme si tu étais en couple depuis des années, que tu pensais emménager ensemble, puis que l’autre te dit « C’est fini, je pars. »
Et t’apprends, deux jours plus tard, qu’elle est déjà dans une autre relation.
Tu tombes, tu suffoques, puis tu dois te relever. C’est ce que Mailloux vit.
Et tout ça, c’est avant même de jouer un match.
La fosse aux serpents
Saint-Louis, en ce moment, c’est une fosse aux serpents.
Un environnement toxique où chaque faux pas est amplifié, où chaque silence devient suspect. Et c’est là-dedans que Mailloux doit plonger. C’est dans ce climat qu’il devra convaincre.
Il n’a plus le luxe du temps. Il doit performer tout de suite.
Parce qu’à la moindre erreur, les critiques vont jaillir. Et elles seront d’autant plus féroces qu’elles viendront d’un public déjà frustré par la perte de Bolduc.
Un message déguisé?
Jim Montgomery, en parlant d’un « joueur top-10 », ne faisait pas seulement l’éloge d’un talent.
Il lançait aussi un message : « Faites-lui une chance ».
Il sait que Mailloux n’aura pas la tâche facile. Il sait que l’organisation a provoqué un choc. Il sait que pour que l’acquisition fonctionne, il faut que la ville accepte le nouveau venu.
C’est une campagne de réhabilitation 2.0. Et elle commence maintenant.
Une tempête sans fin?
Rien ne dit que Mailloux n’y arrivera pas.
Il a déjà montré une capacité à encaisser les coups. Il a progressé rapidement à Laval. Il a appris à vivre avec les regards lourds. Mais cette fois, la pression est différente.
Ce ne sont plus les médias. Ce ne sont plus les chroniqueurs. Ce sont les partisans eux-mêmes.
Ceux qui remplissent les sièges. Ceux qui achètent les chandails. Ceux qui t’accordent, ou non, leur pardon.
Et pour l’instant, leur réponse est brutale.
Mailloux est peut-être un espoir de premier plan. Mais aux yeux des fans des Blues, il est un intrus. Une erreur de casting.
C’est là tout son défi.
À lui de faire mentir les sceptiques. À lui de transformer la colère en applaudissements.
Et surtout, à lui de ne pas s’effondrer sous le poids de cette transition brutale.
Parce que parfois, le hockey, c’est bien plus que du hockey.
C’est une affaire de cicatrices. De rédemption. De secondes chances…
Amen.