Le téléphone de Kent Hughes pourrait bientôt sonner.
Et cette fois, ce n’est pas une rumeur sortie de nulle part. Ce n’est pas un fantasme de partisan. C’est une possibilité bien réelle, qui mêle l’avenir du Canadien, la fragilité de Martin St-Louis et le désespoir d’une équipe aspirante : les Stars de Dallas.
Parce qu’à Montréal, Arber Xhekaj n’est plus un shérif… il est devenu une monnaie d’échange.
Et à Dallas, depuis l’échec du dossier Mathieu Olivier, on cherche encore ce profil dur, ce joueur qui fait mal dans les coins et qui ne recule pas devant les grands rendez-vous.
À Brossard, la hiérarchie défensive est déjà coulée dans le béton : Guhle et Dobson en haut, Hutson et Reinbacher au milieu, Matheson et Carrier pour l’expérience.
Ça fait six. Il reste une chaise, fragile, qui change de propriétaire à chaque blessure ou contre-performance. Struble la veut. Engström attend son tour. Et Xhekaj, lui, glisse. Il n’est plus un intouchable. Il n’est plus dans le cœur de son coach. Il n’est plus au centre du plan Hughes–Gorton.
Le clash avec Martin St-Louis n’a fait qu’accélérer la chute. Depuis un an, les signes s’accumulent : mises à l’écart, rétrogradations, phrases sèches. Et puis il y a eu ce coup de poignard médiatique. Une vidéo officielle du Canadien, validée par Geoff Molson, où on présentait Xhekaj comme « le Shérif »… ce même surnom que St-Louis avait publiquement renié devant les médias.
Un affront. Un rappel brutal que l’entraîneur n’est pas roi dans l’empire CH. Le marketing a choisi son camp, et ce camp n’était pas le sien.
Pour Xhekaj, c’est paradoxal : plus son image grossit, plus sa place se rétrécit.
Parce qu’au-delà du cowboy, il y a la glace. Et sur la glace, Reinbacher est déjà vu comme un défenseur LNH, Engström est protégé, Hutson est une vedette et Guhle est un pilier. Trop de gauchers. Trop de jeunes. Pas assez de chaises.
La logique est sans pitié. Et Kent Hughes le sait.
C’est là que Dallas entre en scène.
Les Stars, eux, sont à un joueur près. Leur attaque est débordante : Robertson, Hintz, Johnston, Seguin, Benn, Rantanen. Leur gardien, Oettinger, tient la forteresse. Mais derrière Heiskanen, Harley et Lindell, la profondeur défensive inquiète. Matt Dumba et Lyubushkin font leur possible, mais ils ne changent pas une série. Et Bichsel, malgré son gabarit, n’est pas prêt à porter ce poids.
Depuis qu’ils ont manqué Mathieu Olivier à Columbus, les Stars cherchent ce profil dur. Ils ne l’ont pas trouvé. Et ça les hante. Parce que pour rivaliser avec les Oilers, les Golden Knights, les Avalanche, il faut des gars capables d’imposer la loi dans les coins. Capables de faire sentir chaque présence. Capables de rappeler que les séries ne se gagnent pas qu’avec des jeux de passes.
Arber Xhekaj, c’est exactement ça.
Un joueur qui, dans un match tendu, fait la différence par sa seule présence. Un joueur qui change l’ambiance d’une série par une mise en échec ou un combat. Un joueur qui, à Dallas, deviendrait une arme plutôt qu’un problème.
Et Montréal? Qu’est-ce que le Canadien pourrait y gagner?
C’est là que le scénario devient croustillant. Parce que Dallas a ce que le CH cherche depuis deux ans : de la profondeur au centre. Mavrik Bourque, premier pointeur de la AHL. Et surtout, Matt Duchene.
Duchene, c’est le vieux rêve. Le gamin qui portait le chandail du CH dans son sous-sol d’Haliburton. Le joueur autonome que Montréal n’a jamais eu. Le vétéran de 34 ans qui vient de sortir une saison d’un point par match avec les Stars. Le joueur qui, à Montréal, aurait fini deuxième pointeur derrière Suzuki.
Ce n’est plus une nostalgie. Ce n’est plus une rêve. C’est une opportunité.
Imaginez le scénario : Hughes envoie Xhekaj à Dallas, une équipe qui cherche désespérément un shérif depuis qu’elle a raté Olivier. En retour, il ramène un Duchene motivé, prêt à jouer le rôle de deuxième centre, à encadrer Caufield, Slafkovsky et Demidov, à assumer l’expérience que ce vestiaire juvénile réclame.
La boucle serait bouclée. Le rêve d’enfance deviendrait réalité. Et Montréal, enfin, réglerait son éternel problème du deuxième trio.
Bien sûr, la transaction ne serait pas simple. Mais l’équation est implacable : Montréal a trop de défenseurs gauchers. Dallas a trop de vétérans offensifs. Les besoins s’emboîtent.
Et au-delà des chiffres, il y a le drame.
Xhekaj, héros populaire, mis de côté par son coach, réhabilité par son proprio, puis envoyé au Texas pour donner une dernière chance à Duchene de réaliser son rêve.
Dallas, humilié par l’échec Olivier, qui se rabat sur un shérif de calibre supérieur pour affronter la guerre des séries.
Et Kent Hughes, au centre de tout ça, forcé de choisir entre le cœur des partisans et la froide logique d’un DG qui veut bâtir un champion.
Le téléphone de Hughes pourrait sonner n’importe quand.
Et s’il répond, c’est peut-être la fin d’une époque à Montréal. Le shérif pourrait quitter la ville.
Mais c’est peut-être aussi le début d’un nouveau chapitre. Celui où Matt Duchene, enfin, enfile le chandail qu’il rêvait de porter enfant.
Et ça, ce serait un retournement majeur.