Cayden Primeau a beau avoir porté le Rocket de Laval sur ses épaules pendant la saison régulière, cela n’a pas suffi pour le garder dans les plans de l’organisation quand ça compte vraiment.
Et Pascal Vincent vient de le confirmer avec une décision qui crève les yeux : c’est Jacob Fowler qui a obtenu le départ le plus important de la saison.
Celui qui pourrait changer le cours des séries. Celui qui envoie un message à toute l'organisation, jusqu'à Martin St-Louis.
Le Rocket était au pied du mur. Une défaite, et la saison se terminait.
Jacob Fowler, 19 ans, a été catapulté au sommet de la hiérarchie sans même sourciller.
Et non seulement Vincent l’a désigné comme partant, mais il lui a aussi confié la clef du vestiaire, du vestiaire d'un club qui tente de remporter la coupe Calder.
Un club rempli de gars qui savent pertinemment que Primeau les a amenés jusque-là.
Mais ce n'est pas un film de Disney. C'est la business.
Et le message que Vincent envoie est limpide : le futur, c'est maintenant, et il s'appelle Jacob Fowler.
Ce n'est pas une réflexion d'un coach d’équipe école seulement. C'est un signal à l'état-major du Canadien, un signal à Martin St-Louis.
« Tu peux avoir une belle histoire de rédemption avec Primeau, tu peux l'aimer humainement. Mais l'avenir ne passe pas par lui. »
Le club veut avancer. Le CH n'a plus le luxe de regarder en arrière. Primeau a eu sa chance. Plusieurs.
Il n'a jamais réussi à convaincre. Et pendant qu'il stagnait, un gamin du nom de Fowler est arrivé comme une tornade. Avec calme, efficacité, leadership.
En moins de deux semaines, il a redéfini la hiérarchie.
Alors oui, Pascal Vincent a laissé tomber Primeau.
Mais il l'a fait pour l'organisation. Pour les vrais enjeux. Pour le message que ça envoie au Centre Bell. Martin St-Louis, qui a toujours défendu ses gars, devra lui aussi réaliser qu'à un moment donné, il faut tourner la page.
Cayden Primeau a été un bon soldat. Mais le CH a besoin de plus qu'un bon soldat.
Il a besoin d'un sauveur.
Et ce sauveur pourrait bien s'appeler Jacob Fowler.
C’est d’ailleurs ce que Tony Marinaro a tenté de défendre, dans un dernier effort désespéré de redonner un semblant d’équité à Cayden Primeau.
Son argument? L’élément de surprise. Parce que Rochester ne s’attendrait pas à voir Primeau. Voilà. C’est tout ce qu’il reste à Primeau : un tour de passe-passe stratégique.
Pas un dossier béton. Pas une relance de carrière. Un simple bluff.
Et Jean-Charles Lajoie a eu le mérite de remettre les choses à leur place : « Jacob Fowler, c’est le Carey Price de 2008. C’est lui qu’on veut voir dans la marmite, c’est lui le numéro un du CH dans deux ans. »
Il a même osé la comparaison : « Yann Danis avait les mêmes stats que Primeau. Bob Gainey a quand même rappelé Price. »
Ça en dit long.
Primeau, dans le meilleur des cas, deviendra un numéro deux dans un autre marché… ou un numéro un en Europe. C’est la triste réalité.
Pascal Vincent le sait.
Martin St-Louis le sait.
Et maintenant, Primeau commence lui-même à le sentir.
Parce que s’il faut une « surprise » pour justifier son retour dans le filet… c’est que le rideau est déjà tombé.
L’été qui s’en vient pourrait bien être le dernier de Cayden Primeau dans l’entourage du CH.
La direction est plus lucide que jamais. L’ordre de priorité est clair : Fowler est l’avenir, Dobes est l’option de relève, et Primeau est devenu la pièce surnuméraire.
Kent Hughes n’aura pas besoin de longuement réfléchir.
Il sait qu’il ne peut pas traîner ce dossier jusqu’en septembre.
Primeau a encore un minimum de valeur dans le marché. Un gardien de 25 ans, avec une solide réputation dans la AHL, ça peut toujours servir de monnaie d’échange dans un « package deal ». Un club comme San Jose, qui a besoin de tout, ou Columbus, en manque de stabilité devant le filet, pourraient mordre.
Et même si aucun club ne mord… Primeau est admissible au ballottage.
Alors on le perdra gratuitement.
Ce serait un aveu d’échec, mais ce ne serait pas un drame.
Parce que depuis longtemps, ce n’est plus l’avenir de Primeau qui fait frémir les partisans. C’est celui de Jacob Fowler.
Le Rocket, cette semaine, a tourné la page pour de bon.
Et Pascal Vincent, sans le dire, a écrit la fin du roman.
Primeau, c’est le passé.
Fowler, c’est demain matin.
Amen