Pascal Vincent n’a pas élevé la voix. Il n’a pas eu besoin. Il a juste parlé de Jakob Fowler avec un calme tellement confiant qu’on a compris tout de suite : il vient d’envoyer un message clair à tout le monde dans la LNH.
C’est pas une prédiction. C’est un avertissement.
Le Rocket de Laval a perdu gros en séries l’an passé. Un parcours qui s’est effondré faute de stabilité devant le filet.
Une rotation confuse entre Cayden Primeau et Jakob Fowler. Et le momentum, en séries, ça se trouve pas dans un sac de hockey.
Ça se construit avec un pilier devant le filet. Cette année, ce pilier, c’est Jakob Fowler. Et Vincent le sait.
Il a vu Fowler débarquer à Brossard avec la même prestance que Carey Price lorsqu’il avait enfilé les jambières des Bulldogs de Hamilton en 2007.
Ce même calme glacial, cette façon de geler le temps devant le filet.
Regarde ses déplacements. Regarde son positionnement. Regarde comment tout est fluide, net, chirurgical.
Et maintenant, écoute son coach Pascal Vincent parler de lui : « Il est tellement calme, il est focus. Il est vraiment… Je pense qu’il est vraiment spécial. »
Pas besoin de trompette. Ce genre de phrase-là, ça sort pas de la bouche de Vincent pour le fun.
Ce gars-là a coaché à tous les niveaux. Il en a vu passer des gardiens prometteurs.
Il sait que quand t’en as un qui peut te faire gagner à lui seul, tu le ménages pas. Tu le mets dans le feu tout de suite.
Parce qu’un Fowler qui joue, c’est un Fowler qui grandit. Et s’il grandit comme il est en train de le faire, il va détruire la AHL cette saison.
C’est pas exagéré. C’est pas un coup de marketing. C’est la réalité.
Fowler est en train de convaincre tout le monde qu’il va être la solution à long terme à Montréal.
Et s’il fait un carnage cette année à Laval, oubliez ça, il va forcer la main à Kent Hughes. On ne parle plus d’un prospect. On parle d’un phénomène.
« Il veut être dans des situations où il peut performer », ajoute Pascal Vincent.
« Il ne veut pas que ce soit facile. Il veut du challenge. Il est là-dedans, là. »
Ça, c’est pas le profil d’un jeune de 19 ans naïf qui pense qu’il va révolutionner le hockey avec son casque mal attaché.
Non. C’est le discours d’un tueur. D’un gars qui est en mission.
Et sa mission, cette année, c’est Laval. Pas dans l’ombre de Primeau. Pas comme gardien de relève.
Comme moteur de l’équipe. Comme clé du vestiaire. Il n’a peut-être même pas besoin d’un vétéran pour l’épauler. Fowler est déjà son propre mentor.
L’affaire, c’est qu’il y a une mémoire collective autour du filet du Canadien.
Chaque fois qu’un jeune gardien se pointe avec du talent, tout le monde retient son souffle, parce qu’on a été traumatisé par les attentes placées sur Price.
Mais Fowler, lui, il est immunisé contre ça. Il n’a pas peur de cette comparaison. Il l’ignore. Et pendant qu’on jase, lui, il fait juste gagner.
« Il est un bon communicateur, il travaille fort. Il est humble », dit encore Vincent.
Et ça, c’est peut-être la qualité la plus flippante chez Fowler. Il n’est pas dans l’arrogance. Il est dans la certitude tranquille. Il ne veut pas flasher. Il veut fermer la porte.
Et une fois que c’est fermé, tu peux bien crier autant que tu veux, la rondelle ne rentrera pas.
On le voit au Showcase. On le voit à Brossard. Il n’est pas impressionné. Il n’est pas débordé. Il est installé.
Et pas juste dans son équipement. Il est installé dans la tête des entraîneurs, dans l’alignement projeté, dans les plans de développement.
Tout le monde sent que cette année, ça y est. On n’aura pas à chercher un gardien de transition à gauche et à droite. On l’a. Il est là. Il a 19 ans. Et il est prêt.
Pascal Vincent n’a pas dit : « Il va gagner le Calder dans deux ans. » Il n’a pas dit : « Il va prendre la job à Montembeault. »
Ce qu’il a dit, c’est : « Je pense qu’il va être un très bon gardien dans la LNH. »
On ne parle pas d’un feu de paille. Fowler n’est pas là pour une saison de hype.
Et c’est là que ça devient inquiétant pour les autres clubs. Parce qu’avec Fowler devant le filet, Laval n’a plus besoin de miracles offensifs.
Tu peux gagner 2-1 chaque soir. Tu peux fermer le jeu. Tu peux bâtir autour de lui. Et tu peux monter dans les standings juste parce que ton gardien est un mur.
Ça commence à peine, mais les commentaires de Vincent sont sans équivoque :
« Il veut du challenge, il est focus, il est spécial. » C’est comme si on répétait le même message à travers trois phrases différentes parce que même le coach n’arrive pas à mettre le doigt sur ce qui fait que Fowler est aussi à part. Il le sent. Il le voit. Il sait juste pas encore comment l’expliquer.
Mais nous, on le voit aussi. Et on sait très bien c’est quoi, cette chose qui rend un gardien spécial. C’est pas juste les arrêts.
C’est l’effet qu’il a sur ses coéquipiers. C’est la confiance qu’il installe dans le vestiaire. C’est le fait que quand il est là, tout le monde joue 10 % mieux, juste parce qu’ils savent qu’ils n’ont pas besoin de compenser pour leur gardien.
Tu veux un club qui va loin dans les séries ? Tu veux un club qui surprend tout le monde ?
Commence par avoir un gardien comme ça. Et le Rocket, pour la première fois depuis longtemps, peut dire qu’il en a un.
Cette saison, Pascal Vincent n’aura pas besoin de jongler avec trois gardiens. Il a son gars. Et même si officiellement la saison n’est pas commencée, officieusement, le message est lancé.
Jakob Fowler est le gardien du présent. Pas du futur.
Et à ceux qui pensent encore que Laval est un club de transition, Vincent vient de leur répondre avec un sourire en coin.
Vous avez été prévenus.
AMEN