Patate chaude à Montréal: Anthony Duclair rêve au CH

Patate chaude à Montréal: Anthony Duclair rêve au CH

Par Marc-André Dubois le 2025-05-24

C’est une scène devenue trop familière à Long Island : Patrick Roy, cerné, rouge de colère, seul contre tous. Mais cette fois, Anthony Duclair n'est plus capable de le supporter.

La raison? Une vieille blessure non refermée, un épisode survenu à la fin de la saison 2024-2025, qui refait maintenant surface alors que Mathieu Darche vient tout juste d’être nommé directeur général des Islanders. Et sur son bureau, la première patate chaude à gérer est déjà toute désignée : Anthony Duclair.

Le Québécois de 29 ans, encore sous contrat jusqu’en 2028 à raison de 3,5 M$ par saison, est invisible.

Absent du vestiaire en fin d'année car il a quitté pour la maison, évoquant des raisons personnelles.

Invisible sur la patinoire toute la saison, entre blessure et mauvaise performance, au point que Roy l'a envoyé sous l'autobus devant les médias. On connaît la suite. Dépression majeure et départ en panique de l'équipe.

La vérité? Il a craqué. Roy l’avait publiquement humilié après une défaite à la fin du calendrier régulier. Il l’avait accusé de ne pas patiner, de ne pas compétitionner, d’être « chanceux de faire partie de l’alignement ».

Le choc avait été énorme. Duclair, déjà en proie à une profonde fatigue mentale, avait cédé. Il a quitté Long Island sous les regards des journalistes, sans faire de bruit. Il est rentré au Québec, brisé. Il a dû faire une pause. Pour des raisons de santé mentale. Et ce n’est pas rien.

Aujourd’hui, tout le monde se demande ce qui va arriver avec le Québécois. Mathieu Darche hérite de ce dossier explosif.

L’ancien bras droit de Julien BriseBois a été clair dans ses intentions dès son arrivée : il n’y aura pas de reconstruction. Barzal, Horvat et Dobson ne bougeront pas. Il veut bâtir autour d’eux.

Mais que fera-t-il d’un Patrick Roy fragilisé et d’un Anthony Duclair en rupture totale avec son entraîneur?

Rappelons ce qui s’est passé. À la fin de la saison régulière, Roy a pété les plombs. Frustré par une énième défaite, il a utilisé son point de presse pour livrer un discours sanglant contre Duclair. Il a tout vidé : la frustration, le ressentiment, les attentes déçues.

« Il est pathétique. Il ne mérite pas sa place », avait-il lancé.

Ces propos avaient stupéfié tout le monde. Car c’est Roy lui-même qui avait exigé la signature de Duclair à l’été 2024.

C’est lui qui avait appelé Duclair personnellement pour le convaincre de signer à Long Island. Et c’est lui, ensuite, qui l’a détruit médiatiquement.

Lou Lamoriello avait très mal pris cet épisode. Il n’avait jamais été chaud à l’idée de Duclair. Mais il avait fait confiance à Roy. Il avait accepté. À contrecœur.

Résultat : le joueur est brisé. L’organisation est embarrassée. Et aujourd’hui, c’est à Mathieu Darche que revient la lourde tâche de gérer les pots cassés.

Darche est un homme de chiffres. Un homme d’analyse. Pas un gars de vestiaire émotif comme Roy. Et selon plusieurs, il ne tolérera pas longtemps un conflit ouvert dans son équipe.

Il ne le dira peut-être pas publiquement. Mais dans l’entourage des Islanders, on murmure déjà que Duclair ne sera pas de retour au camp d’entraînement à l’automne.

Et pendant ce temps, Anthony Duclair rêve de revenir au Québec. De plus en plus de journalistes pensent qu'il verrait très bien finir sa carrière à Montréal.

Il sait que Kent Hughes recherche un ailier gauche. Il sait que le CH a besoin d’un vétéran avec de la vitesse. Il sait que Montréal est sa maison.

Mais est-ce réaliste? Son contrat est lourd. Trois saisons à 3,5 M$ pour un joueur perçu comme instable, c’est risqué.

À moins que les Islanders ne retiennent du salaire. Ce qui serait possible. Darche, s’il décide de tourner la page sur ce fiasco, pourrait appeler Kent Hughes. Les deux hommes se connaissent. Ils ont des visions similaires.

Et ce serait, pour Duclair, une manière de repartir à zéro. Loin de Patrick Roy. Loin de l’humiliation. Loin de l’instabilité. Et proche de sa famille, de ses racines, de sa paix d’esprit.

À 1,75 M$ (moitié du salaire), parions que les fans du CH accueilleraient Duclair les yeux fermés.

Le dossier est donc l’un des plus sensibles sur la table de Mathieu Darche. Il en dit long sur l’état de l’organisation laissée par Lamoriello… et sur le climat instable que Patrick Roy a contribué à créer.

Le rêve québécois à Long Island a viré au cauchemar. Et Darche, malgré toute sa rigueur, n’aura pas le luxe de l’ignorer.

Il devra agir. Rapidement. Lucidement. Et surtout, humainement. Car derrière la chute d’Anthony Duclair, il y a un homme qui a besoin d’aide. Et derrière les colères de Patrick Roy, il y a un joueur qui a perdu le goût de jouer.

Le ménage vient de commencer à Long Island. Et ce ne sera pas joli.

Mais le problème, ce n’est pas seulement Duclair. C’est aussi Patrick Roy. Car maintenant, Mathieu Darche doit gérer cet entraîneur volcanique qui a déclenché la crise. Et tout le monde se demande : que fera-t-il?

Et contre toute attente, le vent tourne peut-être en faveur de Roy. Car plus les heures passent, plus l’entourage des Islanders laisse filtrer une impression : Darche va probablement garder Roy en poste.

Il le respecte. Il comprend la complexité d’un vestiaire. Il sait que Roy a implanté un système défensif efficace, et qu’il a gagné l’adhésion des vétérans – malgré ses dérapages.

Mais Darche, homme de données, d’analyse, de maîtrise, veut un Roy différent. Il ne tolérera pas d’autres explosions publiques. Il souhaite enseigner à Roy l’art du contrôle : tourner sa langue sept fois avant de parler. Mesurer ses mots. Garder les tensions dans le vestiaire, et non dans les médias.

C’est là toute la conclusion d’un début de mandat chargé pour Mathieu Darche : il semble prêt à donner une seconde chance à Patrick Roy, mais il sera intraitable sur le comportement. Le dossier Duclair a laissé des cicatrices, et elles ne doivent plus jamais se reproduire.

Duclair, lui, sera échangé. Reste maintenant à savoir si Kent Hughes, à Montréal, acceptera de faire affaire avec Long Island… ou si, lui aussi, ne veut rien savoir de ce joueur déprimé.