Patrick Lagacé est nerveux. Aussi nerveux qu'une recrue du Canadien de Montréal qui a chaussé les patins pour la première fois, ceux-là mêmes qui ont appartenu aux légendes du club avant lui.
Ce matin, pour la toute première fois, Lagacé a chaussé les patins de Paul Arcand en prenant le micro pour animer l’émission matinale au 98,5 FM.
Et bien qu'il assure qu'il se fiche des comparaisons, tout le monde sait à quel point cette nouvelle aventure le rend nerveux. Même sa patronne, Julie-Christine Gagnon, en est bien consciente.
On pouvait le sentir dans sa voix à 5h30 du matin. Comme s'il n'avait pas l'habitude de parler aussi tôt. Sa voix hésitante, voire tremblante, Lagacé avait bel et bien l'air d'un choix de première ronde qui a "choké" son premier "shift" alors que la foule ne sait pas si elle doit l'applaudir ou le huer.
Mais Lagacé, avec tout son talent, a fin par se ressaisir. Exactement comme un prodige du hockey qui, au final, réalise qu'il doit simplement "jouer son jeu.
Patrick Lagacé jure, lors d'une entrevue à la Presse une semaine avant de rentrer en ondes, qu'il n'est aucunement stressé des comparaisons avec Paul Arcand.
Il avoue même avoir téléchargé une application qui lui rappelle, minute par minute, le temps qu'il lui restait avant qu'il doive se lever pour animer cette première émission tant attendue aujourd'hui.
Et après, il se contredit en jurant qu'il se fout des comparaisons et qu'il n'est pas stressé pour une cenne.
« Ni l’un ni l’autre », répond-il avec un goût de nonchalance dans la bouche. (crédit: La Presse)
Pour lui, il est indifférent de succéder à Paul Arcand, le roi des ondes, après 34 ans à la barre de cette émission légendaire, alors que ce dernier a laissé derrière lui un héritage colossal.
Succéder au « roi des ondes » n'est pas une mince affaire, et Lagacé le sait. Pourtant, il insiste sur le fait qu'il est immunisé contre les comparaisons.
« J’ai été comparé à Benoit Dutrizac quand j’ai commencé aux Francs-tireurs. J’ai été comparé à Paul Houde quand j’ai commencé au Québec maintenant. Aujourd’hui, je m’en fous complètement », clame-t-il, affichant un air qui veut dire qu'il est tanné qu'on lui en parle jour et nuit, sept jours par semaine.
Mais nous ne sommes pas nés de la dernière pluie. Malgré ses promesses, il est impossible de ne pas sentir la tension dans l'air.
Les médias parlent déjà de ce « défi colossal » qui l'attend, alors que l'émission de Paul Arcand dominait encore les ondes montréalaises au printemps dernier, récoltant 34,8 parts de marché.
Lorsque les premiers résultats de Lagacé le matin tomberont en décembre, ils seront analysés sous toutes les coutures, et Lagacé le sait très bien.
Pourtant, il reste serein et refuse de se laisser hacher par la pression des chiffres.
« À La Presse, je n’ai jamais demandé mes taux de lecture. La seule chose que je contrôle, c’est la passion que j’y mets, le travail que je fais en amont pour arriver préparé. » confie-t-il.
Exactement quand une recrue du Canadien de Montréal va dire aux médias qu'il doit jouer jouer "sa game". Et Martin St-Louis dirait que Lagacé doit amener "sa game dans la game".
Julie-Christine Gagnon, directrice des programmes du 98,5 FM, est aussi stressé même si elle fait tout pour partager ce sentiment de confiance en son nouvel animateur vedette.
« Patrick ne doit pas essayer de copier Paul. Il a tout ce qu’il faut pour bien mener ce bateau », jure-t-elle. Néanmoins, elle admet qu'il est un peu nerveux, ce qui est tout à fait normal selon elle.
« S’il ne l’était pas, je me poserais des questions », affirme-t-elle avec un sourire pincé et stressé.
Lagacé ne sera pas seul dans cette nouvelle aventure. Il pourra compter sur une équipe solide, avec des visages familiers et quelques nouvelles recrues pour l'épauler.
L'important, pour lui, est de créer une ambiance positive, comme le lui a conseillé Paul Arcand lors de leur dernière conversation.
Mais Patrick Lagacé, après s'être retrouvé au centre d'une tempête médiatique qui a vu ses deux opposants sociaux, Mc Gilles et Patrick McSween, prendre la porte de sortie, le journaliste a vécu un cauchemar de relations publiques.
Plusieurs l'ont accusé d'avoir utilisé son influence et manipulé ses jeux de coulisses pour arriver à ses fins et d'orchestrer les départs de collègues devenus ses rivaux.
Ces derniers mois, le 98,5 FM a connu une série de bouleversements qui ont fait couler beaucoup d'encre. Parmi ces remaniements, le départ de Pierre-Yves McSween, une figure populaire et appréciée des auditeurs, a particulièrement marqué les esprits.
Nombreux sont ceux qui pointent du doigt Patrick Lagacé, l'accusant d'avoir tiré les ficelles en coulisses pour se débarrasser d'un collègue dont la popularité croissante semblait menacer son propre statut.
La situation est délicate pour Lagacé, qui se retrouve désormais sous le feu des projecteurs pour des raisons bien éloignées de son talent journalistique.
Nos sources qui sont encores présentes en tant qu'employés du 98,5 FM continuent de nous dire que son ego démesuré et sa volonté de dominer l'espace médiatique l'ont conduit à écarter ceux qui pourraient faire de l'ombre à son ascension.
Travailler aux côtés de Patrick Lagacé est, selon certains témoignages, un défi de taille : il n'est pas facile de se faire une place face à une personnalité aussi forte et déterminée.
Pierre-Yves McSween, avec son charisme, sa richesse et son succès, incarnait tout ce qui pouvait irriter Lagacé. Loin de se contenter d'une simple rivalité professionnelle, Lagacé aurait, selon plusieurs sources, œuvré pour évincer McSween du 98,5 FM.
Après tout, dans un monde où la réussite est valorisée, Lagacé semble avoir du mal à accepter que d'autres puissent briller autant, sinon plus, que lui.
Cette situation marque au fer rouge un problème récurrent dans le parcours de Lagacé : sa difficulté à partager la lumière.
Lagacé a donc créé un univers idéal pour lui: il a formé une équipe avec des collègues moins visibles, moins acclamés, laissant ainsi tout l'espace à son propre succès.
« Ces départs ont créé de la tension à l'interne. Ce serait mentir de dire le contraire" avoue Julie-Christine Gagnon. (crédit: la Presse)
"Des départs comme ça, ce n’est jamais le fun. Ce n’est jamais souhaité non plus. Mais on est arrivés à ces conclusions pour de bonnes raisons."
"Maintenant, les gens regardent en avant. Cette semaine, personne ne m’en a parlé. On est tournés vers l’avenir. »
Mais cette approche a un coût, et Lagacé doit maintenant composer avec une réputation entachée par ces allégations.
Le public, quant à lui, reste divisé. Certains estiment que Lagacé s'aime trop, qu'il a du mal à accepter que d'autres puissent être aimés plus que lui.
D'autres, en revanche, voient dans cette situation la preuve d'une jalousie évifrnyr au sein du Québec médiatique, où le succès des uns est souvent source de rancœurs chez les autres.
Quand on a entendu Lagacé aussi nerveux ce matin, on s'est dit que la succession de Paul Arcand ne s'annonce pas aussi paisible que prévu.
Patrick Lagacé devra faire face non seulement à la pression des audiences, mais aussi à une opinion publique de plus en plus critique.
Les changements apportés au 98,5 FM, et en particulier le départ de McSween, ont provoqué la colère des auditeurs, qui voient en Lagacé le principal responsable de cette crise.
La direction de la station a pris un pari risqué en confiant les rênes à Lagacé tout en évinçant McSween. Les tensions internes, les rivalités amplifiées et la pression des auditeurs pourraient bien transformer ce pari en un échec retentissant...ou en un succès grandiose...
"C’est sûr que c’est risqué. Mais les auditeurs ne seront pas dépaysés. Le matin, on conserve une recette qui fonctionne. Une recette qu’on copie ailleurs." conclut Julie-Christine Gagnon, la directrice de programmation.
"On n’est pas allés complètement dans autre chose. On connaît nos auditeurs. Ce qu’on leur propose, on pense que c’est bon."
Le 98,5 FM, autrefois synonyme de stabilité et de succès, est désormais associé à une période de turbulences dont l'issue reste incertaine.
Patrick Lagacé garde les yeux fixés sur l'avenir, prêt à relever ce défi avec la même détermination qu'une recrue du Canadien qui monte sur la glace pour la première fois.
Ce lundi à 5 h 30, le public montréalais a enfin le nouveau chapitre de cette émission matinale iconique, avec un animateur qui, malgré la nervosité, semble prêt à écrire sa propre histoire.
Il doit juste respirer entre ses phrases. Rarement a-t-on entendu un Patrick Lagacé aussi saccadé dans sa communication verbale.
Il a "choké" sa première présence. À lui de relever la tête et de performer tel un choix de première ronde.