Patrick Roy, J.T. Miller et une situation qui tourne au vinaigre

Patrick Roy, J.T. Miller et une situation qui tourne au vinaigre

Par André Soueidan le 2025-01-31

Difficile de croire que ça se termine comme ça. Après des mois de spéculations, d’innombrables rumeurs et de tensions dans le vestiaire, J.T. Miller ne fait plus partie des Canucks de Vancouver.

On savait depuis un bon moment que quelque chose ne tournait plus rond entre Miller et son équipe.

Le divorce était inévitable, mais jamais on n’aurait pensé que Vancouver allait se contenter de si peu en retour. Filip Chytil, Victor Mancini et un choix de repêchage protégé? Sérieusement?

Les partisans des Canucks explosent de colère, et avec raison.

Depuis que l’information a coulé, la frustration est évidente sur les réseaux sociaux.

Après tout, Miller était un rouage essentiel de l’équipe, un compétiteur né, et pourtant, il quitte Vancouver dans des circonstances qui rappellent étrangement un autre échange qui a marqué l’histoire du hockey.

Pendant que les détails de la transaction émergent, un sentiment de déjà-vu s’installe, une impression troublante qu’on a déjà vu ce scénario ailleurs, avec une autre grande figure du hockey.

Ce n’est pas la première fois qu’un joueur talentueux quitte une équipe dans la controverse, mais cette fois, la gestion de crise a été tout simplement catastrophique.

Tout a commencé avec des rumeurs de tensions internes. Miller et Elias Pettersson auraient eu des accrochages en coulisses, ce qui, en soi, n’a rien d’inhabituel.

Des joueurs qui s’échangent des mots durs dans le feu de l’action, ça arrive dans toutes les équipes. Mais au lieu de calmer le jeu, Vancouver a fait exactement le contraire.

Le président Jim Rutherford a carrément confirmé publiquement que la relation entre Miller et l’équipe était devenue toxique. Une erreur monumentale.

Dès cet instant, tout le monde dans la LNH a compris que les Canucks devaient échanger leur attaquant vedette. Et quand un DG se retrouve acculé au pied du mur, c’est là que les vautours débarquent.

Les Rangers de New York ont flairé l’aubaine. Ils savaient qu’ils n’avaient pas besoin d’offrir la lune parce que Vancouver avait perdu le contrôle de la situation.

Alors ils ont soumis une offre raisonnable, mais loin d’être équivalente à la valeur de J.T. Miller.

Et les Canucks, dos au mur, ont cédé. Mais ce genre d’échange, où une équipe se tire dans le pied en dévoilant trop d’informations, ça ne vous rappelle rien?

Le 2 décembre 1995, le Canadien de Montréal joue contre les Red Wings de Detroit.

Dans un Forum plein à craquer, Mario Tremblay décide de laisser Patrick Roy dans le filet… bien trop longtemps.

L’humiliation est totale. Neuf buts encaissés. Roy, en furie, va directement voir Ronald Corey, le président du CH, et lui lance une phrase qui restera gravée dans l’histoire : « C’est mon dernier match à Montréal. »

Le lendemain, toute la LNH sait que Montréal doit échanger son gardien étoile. Les DG adverses comprennent qu’ils ont maintenant le gros bout du bâton.

Ce qui suit est une tragédie pour le CH. Réjean Houle transige Patrick Roy et Mike Keane contre Jocelyn Thibault, Martin Rucinsky et Andrei Kovalenko.

Un retour médiocre pour le meilleur gardien de sa génération. Ce qui semblait impossible venait de se produire : le CH s’était fait arnaquer sous la pression.

C’est exactement ce qui vient d’arriver aux Canucks.

La LNH fonctionne de manière impitoyable. Dès qu’un DG montre ses cartes, il se fait exploiter par ses homologues.

Montréal l’a appris à la dure en 1995. Aujourd’hui, Vancouver est la nouvelle victime.

En rendant leurs conflits internes trop publics, en admettant qu’ils n’avaient plus le choix, ils ont condamné la valeur de Miller.

Et New York s’est servi. Filip Chytil est un bon joueur, mais il ne remplacera jamais Miller.

Victor Mancini, un défenseur prometteur, mais pas un futur pilier. Et un choix de repêchage protégé?

Bien sûr, c’est utile… mais quand tu échanges un attaquant de 90 points, tu t’attends à plus.

Les Canucks ont peut-être crevé l’abcès en se débarrassant de Miller, mais à quel prix?

La seule consolation pour Vancouver, c’est que l’ère Miller est maintenant terminée.

Il était un élément polarisant, et parfois, un ménage s’impose.

Son contrat, aussi lourd soit-il, n’est plus un problème. Les Canucks ont maintenant plus de flexibilité pour bâtir autour de Pettersson, Hughes et Demko.

Mais est-ce que ça justifie un retour aussi faible?

Les partisans n’oublieront pas. Et s’il y a une chose que l’histoire nous a apprise, c’est que lorsque tu échanges un joueur d’élite pour des miettes, ça finit souvent par hanter ton organisation.

Si J.T. Miller soulève une Coupe Stanley avec les Rangers, l’écho de cette transaction va résonner encore longtemps à Vancouver.

Comme un certain Patrick Roy en 1996, qui avait à peine eu le temps de défaire ses valises au Colorado avant de soulever la Coupe, Miller pourrait bien être en train de réécrire une histoire étrangement familière.

Une équipe qui perd son sang-froid, un joueur largué dans des conditions douteuses, et une consécration qui viendrait hanter ceux qui ont orchestré son départ.

Les Canucks ont peut-être crevé l’abcès, mais si Miller triomphe à New York, la plaie risque de rester ouverte bien plus longtemps qu’ils ne l’avaient imaginé.

Misère...