Échange Montréal-Nashville: un journaliste perd la tête

Échange Montréal-Nashville: un journaliste perd la tête

Par David Garel le 2025-11-02

Rien ne va plus entre Steven Stamkos et les Predators de Nashville. Tout le monde le sait. Mais qu’un ancien employé de Sportsnet, Jeff Marek, ressorte du placard pour inventer une histoire où le Canadien de Montréal voudrait « Patrik Laine par Steven Stamkos», c’est non seulement grotesque, mais révélateur d’un problème plus profond : la dérive de certains pseudo-insiders qui n’acceptent pas d’avoir été oubliés.

Le cas Marek est flagrant. Et cette rumeur-là, aussi absurde soit-elle, mérite d’être démontée point par point, parce qu’elle contredit absolument tout ce que Montréal construit depuis trois ans.

Jeff Marek n’est plus chez Sportsnet depuis 2024, et ce n’est pas un hasard.

Quand Marek a annoncé sur son compte X qu’il quittait Sportsnet après treize ans de carrière, plusieurs ont cru à une séparation respectueuse, une de ces transitions « normales » dans l’industrie.

Puis, très vite, The Athletic a fait éclater la vérité. Katie Strang et Dan Robson, deux journalistes réputés pour leurs enquêtes, ont publié un dossier qui a mis fin au suspense.

Selon leurs informations, le départ de Jeff Marek n’avait rien d’un simple choix de carrière : il faisait suite à des allégations sérieuses selon lesquelles il aurait partagé des informations confidentielles sur le repêchage de la LNH avec un ancien recruteur, Mark Seidel.

Les faits sont troublants. Mark Seidel, aujourd’hui consultant et pronostiqueur de paris à Vegas, avait publié sur X une série de prédictions extrêmement précises sur le premier tour du repêchage, allant jusqu’à nommer les bons joueurs aux bons rangs avant même que les annonces officielles ne soient faites.

L’exactitude de ses prédictions avait aussitôt attiré l’attention de la ligue. Comment pouvait-il savoir cela ? D’où provenaient ces informations internes, connues seulement d’un cercle très restreint entre la LNH et ses partenaires officiels ?

L’enquête a rapidement pointé vers Jeff Marek. Selon The Athletic, la ligue craignait une « utilisation abusive ou une diffusion non autorisée d’informations confidentielles », notamment parce que ces fuites pouvaient interférer avec les mécanismes de paris réglementés autour du repêchage.

Dans un document public de la Nevada Gaming Control Board,l est stipulé que « les paris sur des sélections précises doivent cesser vingt-quatre heures avant le début de la première ronde ».

Autrement dit, toute diffusion d’information interne avant cette échéance peut altérer le marché de mise. Et dans un monde où la LNH est désormais associée à plusieurs maisons de paris légalisés, cette violation était inacceptable.

Et bien, depuis qu'il a pris la porte de sortie, Marek a perdu la tête.

Ce qu’il vient de faire, en prétendant que le Canadien s’intéresse à Stamkos, est un exemple parfait de ce délire médiatique où tout est bon pour générer un clic.

Parce que, dans les faits, il n’y a aucun lien entre Montréal, Stamkos et Laine. Aucun. Kent Hughes n’a jamais eu la moindre intention d’ajouter un autre vétéran en déclin, et encore moins après avoir raté le pari Laine, dont la carrière se résume désormais à une série d’échecs personnels et de blessures. 

Stamkos est fini à la corde. À Nashville, l’ancien capitaine du Lightning traîne sa peine. Un but, une passe en treize matchs horribles, un différentiel de -6 et une utilisation de plombier.

Barry Trotz, qui croyait avoir trouvé un leader d’expérience capable d’inspirer ses jeunes, se retrouve avec un ailier ralenti, incapable d’imposer le tempo et frustré de ne plus être un centre.

La machine Stamkos est finie... à la corde...

Son rôle a fondu comme neige au soleil. Et c’est précisément pour éviter ce genre d’erreur que Kent Hughes a dit non. Montréal ne veut pas d’une star du passé. Il veut construire autour du futur.

Hughes a écouté, mais il n’a jamais envisagé Stamkos sérieusement. Il sait très bien que c’est un joueur en pré-retraite.

Croire que Kent Hughes, l’un des directeurs généraux les plus méthodiques et disciplinés du circuit, irait se charger d’un contrat aussi risqué (8 M$ jusqu'en 2028, c’est ignorer tout ce qu’il a construit depuis 2022.

Et pourtant, Marek, sur un podcast obscur où il tente de retrouver une pertinence, jute que Stamkos deviendra soit un Habs soit un membre des Canucks de Vancouver.

Si Jeff Marek connaissait encore un minimum la dynamique du Canadien, il le saurait. Mais depuis son congédiement, il n’a plus aucun accès aux coulisses, ni à Toronto ni à Montréal.

Marek s’est contenté de répéter un vieux fantasme de 2019, quand Marc Bergevin, désespéré par le dossier Aho, avait brièvement exploré la piste Stamkos avant de se raviser. M

Le DG des Predators, Barry Trotz, vit présentement les conséquences d’un pari raté. En empilant les noms, Stamkos, Marchessault, Skjei, il pensait repousser la reconstruction de Nashville.

Mais à Brossard, on ne veut pas de bruit inutile. On veut de la continuité. Et la rumeur Stamkos n’a rien d’autre à offrir que du chaos.

On veut des joueurs capables d’élever le niveau collectif, pas de le saboter. 

Kent Hughes a bel et bien refusé Nashville. Le Canadien ne veut pas Stamkos, ne veut plus Laine, ne veut pas de vétérans en fin de parcours. Ce club n’est plus celui qui cherche des mirages. Il cherche la cohérence. Et c’est précisément cette cohérence qui rend Montréal crédible à nouveau.

Alors non, Jeff Marek. Le Canadien ne remplacera pas Patrik Laine par Steven Stamkos. Parce qu’il n’a jamais voulu ni l’un ni l’autre. 

Il s'est trompé sur Laine. Il ne fera la même erreur.