Le Canadien de Montréal croyait avoir mis la main sur une pièce maîtresse pour son futur top-6 en allant chercher Zachary Bolduc dans l’échange qui a expédié Logan Mailloux à St. Louis.
Un pari audacieux : Bolduc est Québécois, rapide, doté d’un tir foudroyant et d’une réputation de buteur naturel. Mais deux semaines plus tard, le constat est brutal : l’ailier de 22 ans inquiète. Et pas à moitié.
Disons que son départ... est essoufflant...
Tout a commencé de travers. Dès le début du camp, Bolduc n’a pas impressionné au niveau de sa condition physique. Sans être « out of shape », il n’était pas dans le haut du peloton non plus.
Plusieurs sources autour de l’organisation confirment que ses résultats ont été « moyens », et qu’il semblait encore ébranlé par la transaction. On l’a vu, en début de camp, complètement à bout de souffle dans certains exercices. Comme si ses poumons allaient exploser.
« C’est un joueur qui doit baser son jeu sur l’énergie, sur l’explosivité. Quand il n’a pas ses jambes, il est à la peine et ça paraît immédiatement », a confié un recruteur présent à Brossard.
Quand Kent Hughes a tiré le gros coup de l’été en échangeant Logan Mailloux contre Zachary Bolduc, les partisans du Canadien ont levé les bras au ciel. Enfin, un attaquant québécois de premier tour débarquait dans l’organisation!
Mais après quelques jours de camp, l’ivresse laisse place au doute. Car Bolduc ne ressemble pas tout à fait au joueur conquérant qu’on espérait.
Depuis son arrivée, Bolduc répète la même chose aux journalistes : la transaction l’a pris par surprise. Il « s’habitue », dit-il.
Toujours ce mot. Il s’habitue.
Et quand il le dit, sa voix est basse, hésitante. Rien du ton conquérant d’un joueur qui rêvait depuis l’enfance d’enfiler l’uniforme du Canadien. On a plutôt l’impression d’un jeune qui se remet mal d’avoir été déraciné d’un endroit où il était bien.
Car à St. Louis, Zachary Bolduc était adopté. Les partisans l’avaient pris en affection. Il venait de signer une fin de saison convaincante : 13 buts en 26 matchs après la Confrontation des 4 Nations. On parlait de lui comme d’un complément idéal à Robert Thomas, le « Nick Suzuki » des Blues. Il avait trouvé sa place.
À Montréal, c’est une tout autre réalité. Les attentes sont décuplées, la presse est impitoyable, et le marché ne pardonne pas aux joueurs qui peinent à imposer leur rythme.
Et c’est là que la vraie question surgit : Bolduc est-il vraiment content d’être à Montréal?
Son langage corporel est révélateur. Son discours aussi. Il ne crie pas la joie. On ne sent pas l’étincelle du gars qui réalise un rêve d’enfance. On sent plutôt un jeune joueur encore en deuil de son aventure à St. Louis.
Mardi soir, Bolduc a disputé son premier match préparatoire avec le Canadien. Aligné aux côtés d’Alex Newhook et Joshua Roy, il avait l’occasion parfaite de frapper un grand coup. Mais le résultat a été… fade. Invisible la majorité du temps, incapable de dicter le rythme de son trio, Bolduc a semblé hésitant, comme prisonnier de ses propres doutes.
Oui, il a obtenu quelques répétitions sur la première vague du jeu de puissance, aux côtés de Suzuki, Caufield, Slafkovsky et Hutson. Mais même là, son apport est resté en demi-teinte. Pas de tirs menaçants, pas d’instinct de tueur. On attendait le Bolduc de St. Louis, celui qui avait marqué 13 buts en 26 matchs après la Confrontation des 4 Nations, et on a vu une pâle copie.
Et c’est là que la plaie s’élargit : les Islanders de New York avaient la possibilité d’acquérir Owen Beck dans leurs discussions avec Montréal pour Noah Dobson… mais Patrick Roy avait insisté sur un autre nom : Émil Heineman.
Résultat? Le CH a sacrifié Heineman, et voilà que l’attaquant suédois explose dès son arrivée à Long Island. Hier encore, il a marqué d’un tir précis, confirmant les prédictions de Roy qui croit fermement en un potentiel de 20 buts minimum.
Pendant ce temps, Bolduc, celui que le Canadien voyait comme un futur top-6 garanti, peine à démontrer qu’il peut tenir sa place dans l’alignement.
Pour les partisans, la comparaison est brutale : Heineman brille sous Roy, Mailloux est en feu à St-Louis, Bolduc s’efface sous St-Louis.
On ne demandait pas à Bolduc d’être parfait en septembre. On lui demandait d’envoyer un signal : montrer ses jambes, lancer la machine, frapper tout ce qui bouge. Bref, se comporter comme un joueur qui veut arracher sa place.
Au lieu de ça, il semble flotter. « Il est jeune », concèdent les entraîneurs. Mais à Montréal, où la patience est déjà mince, ça ne suffit pas.
On sent que Bolduc voudrait jouer sur le top-6 et n'est pas motivé en ce moment avec Alex Newhook. Difficile de ne pas le comprendre.
L’alignement du Canadien est congestionné parce que Patrik Laine a l'immunité sur le top 6... pour l'instant...
Clairement, Bolduc aurait voul sentir qu'il avait lui aussi une chance. Mais Martin St-Louis a trop peut de froisser Laine et qu'il fasse la baboune.
Martin St-Louis n’a pas encore tiré la sonnette d’alarme publiquement. Mais les observateurs à Brossard l’ont vu : St-Louis n’a pas hésité à secouer Bolduc lors d’un exercice où il peinait à suivre le rythme. Les bras sur les hanches, les yeux dans le vide, Bolduc semblait ailleurs.
Ce n’est pas un hasard si plusieurs partisans réclament déjà que Florian Xhekaj, rapide, robuste, intense, prenne la place sur le trio de Newhook. avec Bolduc
« Au moins, lui, il fonce », dit-on sur les réseaux sociaux. Ce qui va permettre au Québécois d'avoir plus d'espace sur la glace.
Le problème avec Bolduc, c’est que le doute s’installe. Et quand le doute s’installe, il se voit dans chaque présence. Le patin est lourd. Les décisions sont hésitantes. Les lancers manquent de conviction.
À St. Louis, Bolduc avait fini la saison sur une lancée spectaculaire. À Montréal, il semble avoir perdu ce momentum. Est-ce la pression de jouer devant les siens? Est-ce la fatigue d’un été chamboulé par une transaction surprise? Peu importe la raison, le résultat est le même : Bolduc est inquiétant.
Il serait évidemment injuste d’enterrer Zachary Bolduc après un seul match préparatoire. Le jeune attaquant a du talent, ça ne fait aucun doute. Il a un tir de calibre LNH. Il peut jouer en pivot sur le jeu de puissance. Et il a encore plusieurs matchs pour se remettre sur les rails avant le début de la saison.
Mais la réalité, c’est que l’étiquette change vite à Montréal. Et en ce moment, l’étiquette qui colle à Bolduc, c’est celle d’un joueur effacé, pas assez en forme, pas assez convaincant.
Pour lui, les prochains jours seront cruciaux. Il doit prouver qu’il peut jouer avec intensité à cinq contre cinq, qu’il peut s’imposer physiquement, et surtout qu’il peut redevenir ce buteur qu’on a vu à St. Louis.
Le pari du Canadien est simple : Bolduc doit devenir un top-6. Pas un joueur de soutien. Pas un espoir décevant. Un vrai top-6.
Sinon, l’échange avec St. Louis restera comme une erreur de gestion de plus dans une organisation qui ne peut plus se permettre d’en accumuler.
Une transaction Michkov-Mailloux pour Reinbacher-Bolduc? Vous prenez qui.
Poser la question, c'est y répondre...