Pensées pour Elizabeth Rancourt et sa famille

Pensées pour Elizabeth Rancourt et sa famille

Par David Garel le 2025-01-01

Alors que les Québécois célébraient le passage à la nouvelle année avec le traditionnel Bye Bye, Élizabeth Rancourt, animatrice phare de TVA Sports, a été la cible d’un sketch sans pitié qui a marqué les esprits.

Dans une parodie cinglante incarnée par Sarah-Jeanne Labrosse, Rancourt a été dépeinte comme une femme dépassée, contrainte à des placements de produits gênants pour maintenir TVA Sports à flot.

Ce segment, à la fois hilarant et cruel, symbolise la chute de popularité d’une animatrice autrefois prometteuse, maintenant associée à des échecs professionnels répétés.

Dans le sketch, on retrouve une Élizabeth Rancourt fictive tentant désespérément de promouvoir la fameuse « pizza Salvatore » sur le plateau de TVA Sports, rebaptisé pour l’occasion « L’Après-pas-de-match ».

À ses côtés, les caricatures de Dave Morissette, affecté par ses commotions cérébrales, et Maxim Lapierre, chargé de lui rappeler son propre nom, ajoutent une touche absurde à la scène.

La phrase marquante du segment – « Mangez-en, sinon on ne sera pas payés » – illustre parfaitement le désarroi d’une chaîne en crise et d’une animatrice prête à tout pour suivre les directives.

Cette satire, portée par le trio comique Sarah-Jeanne Labrosse, Claude Legault et Pierre-Yves Roy-Desmarais, a suscité de vives réactions.

Si certains ont ri de bon cœur, d’autres y ont vu une attaque gratuite contre une femme déjà éprouvée par une année difficile.

Mais une chose est sûre : ce sketch a mis en lumière la précarité de TVA Sports et l’impact désastreux de cette situation sur Élizabeth Rancourt.

Pour comprendre pourquoi le Bye Bye a choisi cet angle, il faut revenir sur l’épisode du placement de produits Salvatore, survenu plus tôt en 2024.

Lors d’une diffusion en direct, Rancourt avait été obligée de promouvoir les pizzas Salvatore dans une séquence qui a rapidement tourné au malaise.

Face à elle, ses collègues Michel Therrien et Éric Fichaud affichaient une gêne visible. Therrien esquissait un sourire crispé, tandis que Fichaud, évitant tout contact visuel, préférait regarder ailleurs.

Cette scène a été largement moquée sur les réseaux sociaux, notamment par le journaliste Maxime Truman, qui a ironisé en suggérant que la prochaine étape serait de déguiser Michel Therrien en pizza humaine au volant d’une Mazda 5.

Mais au-delà du ridicule, cet incident a révélé les graves problèmes financiers de TVA Sports, contraignant la chaîne à recourir à des placements de produits habituellement réservés à des plateformes de niche.

Ce n’est pas la première fois qu’Élizabeth Rancourt se retrouve dans l’œil du cyclone. Depuis qu’elle a succédé à Louis Jean en 2023, l’animatrice a multiplié les erreurs et les controverses.

Ses commentaires virulents sur Carey Price – qu’elle avait accusé de jouer uniquement pour l’argent – et sur Marc Denis – qualifié de « fake » pour son français impeccable – ont terni son image.

Ces déclarations, jugées arrogantes et déplacées, lui ont aliéné une grande partie du public, déjà réticent à son arrivée.

À cela s’ajoutent des cotes d’écoute en chute libre et une réputation de TVA Sports qui s’effondre. En 2014, la chaîne comptait 1,8 million d’abonnés.

Aujourd’hui, ce chiffre est en passe de tomber sous le million, une baisse drastique qui fragilise sa position face à RDS, concurrent historique, et aux nouvelles plateformes de streaming.

Le Bye Bye 2024 a amplifié la situation en amplifiant les problèmes de TVA Sports et en les ridiculisant à grande échelle.

La caricature d’Élizabeth Rancourt, désespérée et obligée de faire du placement de produit pour payer ses factures, a cristallisé le sentiment de déclin qui plane sur la chaîne.

Bien que l’humour soit une composante clé de cette revue de fin d’année, le traitement réservé à Rancourt a été perçu par certains comme une forme d’acharnement.

Les commentaires misogynes dont elle a été victime tout au long de l’année, combinés à ce sketch, soulèvent également des questions sur la manière dont les femmes dans les médias sportifs sont traitées.

Doit-on y voir une nouvelle preuve des pressions inégalées auxquelles elles font face?

Au-delà de l’humiliation personnelle, la situation d’Élizabeth Rancourt reflète une crise plus large. Les médias traditionnels, confrontés à des baisses d’abonnements et à une concurrence féroce, doivent constamment innover pour survivre.

Dans ce contexte, TVA Sports a multiplié les choix douteux, notamment en intégrant des commandites directement dans ses émissions, brouillant la frontière entre contenu éditorial et publicitaire.

Ce modèle, s’il peut offrir un répit temporaire, contribue à dégrader la perception du public et à creuser davantage le fossé entre la chaîne et ses téléspectateurs.

Pour Rancourt, l’année 2025 s’annonce comme celle de la dernière chance. Entre des négociations cruciales pour le renouvellement des droits de diffusion de la LNH, une image personnelle à redorer et un contexte économique difficile, elle devra relever plusieurs défis simultanément.

La pression est immense, et le temps joue contre elle.

Le Bye Bye 2024, bien qu’il ait fait rire, symbolise un point de non-retour pour l’animatrice. Si elle ne parvient pas à regagner la confiance du public et à s’éloigner des controverses, sa carrière pourrait bien prendre fin avec l’échéance du contrat de diffusion de TVA Sports en 2026.

D’ici là, elle devra composer avec un public sceptique, des collègues parfois mal à l’aise et une direction qui exige des résultats à tout prix.

Le sketch du Bye Bye 2024 restera dans les annales comme l’un des moments les plus humiliants pour Élizabeth Rancourt.

Mais au-delà de la parodis, il illustre les défis colossaux auxquels elle fait face. Pour TVA Sports, comme pour Rancourt, la survie passe par une transformation profonde, qui devra s’accompagner d’un respect renouvelé pour le public et les employés.

Reste à savoir si 2025 sera l’année où elle parviendra à inverser la tendance ou si ce sketch marquera le début de la fin.

En attendant, une chose est sûre : les Québécois n’oublieront pas de sitôt cette parodie acerbe qui a capturé l’état d’un média à la dérive… et d’une animatrice en chute libre.

Reste que le sketch du Bye Bye 2024 a mis en lumière un problème plus profond qu’une simple caricature des difficultés d'une animatrice.

Il illustre les fissures béantes qui fragilisent TVA Sports et l’impact de ces difficultés sur ses "vedettes".

Élizabeth Rancourt, malgré ses efforts pour s’imposer dans un environnement impitoyable, devient malgré elle le visage de cet effondrement médiatique.

Ça sent la fin pour TVA Sports. Ses cotes d’écoute s’effondrent, ses placements publicitaires agacent, et ses choix éditoriaux, parfois mal avisés, fragilisent davantage sa crédibilité.

Le contraste avec RDS est saisissant. Pendant que ce concurrent historique conserve une ligne éditoriale solide et un certain respect de ses spectateurs, TVA Sports enchaîne les faux pas.

Et malheureusement pour Rancourt, elle est souvent au centre des critiques, qu’elles soient justifiées ou non.

Rancourt n’a jamais eu la tâche facile. Remplacer Louis Jean en 2023, une figure respectée malgré ses propres controverses, était déjà un défi colossal.

Mais les attentes envers elle ont rapidement viré à la désillusion. Ses commentaires sans pitié sur des figures populaires comme Carey Price et Marc Denis ont non seulement terni son image, mais ont aussi créé un fossé avec une partie du public.

Son rôle lors de l’épisode du placement de produits « pizza Salvatore » n’a fait qu’amplifier cette perception. Bien qu’elle ait simplement exécuté les directives de la direction, elle est devenue la cible des moqueries et des critiques, comme si elle incarnait à elle seule les problèmes structurels de TVA Sports.

Ce sketch du Bye Bye est une métaphore des défis colossaux auxquels TVA Sports fait face. La chaîne a investi massivement – 720 millions de dollars – dans les droits de diffusion de la LNH, mais pour des miettes.

Avec seulement 22 matchs par saison, elle ne peut espérer rivaliser avec RDS, qui détient non seulement la majorité des matchs du Canadien, mais aussi des créneaux clés comme les matchs des week-ends suivant Noël, des rendez-vous télévisuels majeurs.

Comment justifier un tel investissement alors que les cotes d’écoute s’effondrent, que les pertes s'évaluent à 300 millions de dollars et que les abonnés fuient en masse?

TVA Sports n’a jamais été rentable et n’a aucune stratégie claire pour inverser cette tendance.

Pour Rancourt et sa famille, ce contexte est accablant. Être constamment moquée – que ce soit dans une parodie nationale ou sur les réseaux sociaux – est une épreuve que peu pourraient surmonter.

Et pourtant, elle continue de tenir son rôle, même si ses propres erreurs alimentent parfois le feu des critiques.

Mais comment rester motivée quand chaque faux pas est amplifié, chaque commentaire déformé, et chaque apparition scrutée?

Ajoutez à cela des cotes d’écoute en chute libre et des directives contraignantes dictées par une chaîne désespérée de générer des revenus, et vous avez une recette pour l’épuisement professionnel.

Dans tout cela, il est crucial de se rappeler qu’Élizabeth Rancourt est humaine. Derrière l’image publique et les controverses se trouve une personne qui, comme nous tous, a des émotions, des défis personnels et une famille.

Être constamment sous les projecteurs, surtout dans un climat aussi toxique, doit être une épreuve difficile à surmonter.

Pensons à elle et à sa famille, qui doivent supporter un poids immense, non seulement en raison des moqueries incessantes, mais aussi des attentes impossibles placées sur ses épaules.

Alors que TVA Sports s’enfonce davantage dans la crise, il est facile d’oublier que les individus au cœur de cette tempête sont souvent ceux qui en paient le prix le plus élevé.

Si l’avenir d’Élizabeth Rancourt et de TVA Sports reste incertain, une chose est sûre : les défis qu’ils affrontent nécessitent bien plus qu’une simple volonté de réussir.

Ils exigent une transformation radicale, et peut-être, un peu plus de compassion de la part du public.

Nos pensées sont avec elle et sa famille en ce jour de l'an.