Pensées pour Samuel Blais et sa famille: la ville de Québec sous le choc

Pensées pour Samuel Blais et sa famille: la ville de Québec sous le choc

Par David Garel le 2025-09-30

Le cas de Samuel Blais est un de ces épisodes qui laissent un goût amer, même dans un camp d’entraînement où la compétition et les choix difficiles font partie du quotidien.

Parce que derrière les décisions froides d’un entraîneur, il y a des joueurs de chair et de sang, avec des émotions, des attentes, des familles.

Et dans cette histoire, le cœur brisé de Blais s’impose comme une gifle, non seulement pour lui, mais aussi pour sa famille et toute une partie de la ville de Québec qui attendait ce moment avec impatience.

Il faut rappeler les faits : Samuel Blais, originaire de Montmagny, avait acheté quarante billets pour ses proches afin de leur permettre de le voir affronter les Sénateurs au Centre Vidéotron.

Quarante billets, ce n’est pas un chiffre anodin. C’est un symbole. Une gang de parents, de cousins, de figures locales qui s’étaient préparés à vivre une soirée unique, teintée de fierté régionale.

Pour Blais, qui n’a jamais cessé d’affirmer son attachement à son coin de pays, c’était un rendez-vous avec l’émotion pure. Une chance rare, dans le cadre d’un camp, de se produire devant les siens.

Mais voilà que Martin St-Louis a balayé cette perspective du revers de la main. Pas de place pour Blais. Pas de considération pour ce geste d’amour et d’ancrage local. À la place, on a vu Zachary Bolduc, chouchou du moment, bénéficier de cette vitrine. Une décision qui a choqué par son absence d’humanité.

Ce qui rend l’affaire encore plus douloureuse, c’est que St-Louis n’est pas reconnu pour être insensible. Au contraire, on a souvent loué sa capacité à comprendre ses joueurs, à les gérer comme un père de famille plus que comme un patron distant.

Mais là, devant le cas de Blais, il a choisi la froide logique de son tableau de trios, au détriment de l’humain. Le message envoyé est brutal : dans sa tête, Samuel Blais n’est rien de plus qu’un treizième attaquant.

Un bouche-trou. Un joueur interchangeable. Un pion sans importance dans le long échiquier d’une saison qui s’annonce déjà lourde en décisions controversées.

Ce choix a eu l’effet d’un électrochoc. Car au-delà du joueur, c’est toute une région qui s’est sentie trahie. Québec, qui attend toujours de revoir une équipe de la LNH, se raccroche à ces matchs préparatoires comme à une bouée.

Voir un gars du coin, qui a soulevé la Coupe Stanley avec les Blues, être humilié de cette façon, c’est ressenti comme une insulte.

Les partisans qui s’étaient procuré ces fameux billets via Blais devront se contenter d’applaudir un autre Québécois, Zachary Bolduc.

Oui, Bolduc mérite sa chance. Oui, il a des liens profonds avec Québec, ayant gagné la Coupe Memorial avec les Remparts. Mais la différence, c’est que Bolduc a déjà son avenir devant lui.

Blais, lui, voyait une dernière chance de se faire un nom en acceptantl'aventure montréalaise. Ne pas lui offrir ce moment, c’est cruel.

Le plus troublant dans tout ça, c’est que Martin St-Louis semble avoir changé. Ceux qui le côtoient depuis son arrivée derrière le banc le disent : il est plus dur, plus impatient, plus froid.

Avec les journalistes, il coupe court, il évite, il n’explique plus comme avant. L’épisode de Blais en est un autre signe. Au lieu de montrer de l’empathie, il a appliqué une logique glaciale : ce n’est pas parce qu’un joueur a acheté quarante billets qu’il mérite de jouer.

On peut lire le jugement impitoyable : Blais n’entre plus dans les plans, donc inutile de se soucier de ses états d’âme. Un contraste violent avec l’image de l’entraîneur humain, attentif et sensible qui avait charmé au départ.

Et si on prend un pas de recul, on se rend compte que la décision n’est même pas sportive au sens strict. Parce que ce match contre Ottawa, à Québec, n’avait rien de déterminant.

On est en pré-saison. L’occasion parfaite, justement, de permettre à un vétéran en fin de parcours de vivre un moment fort, sans que ça ne compromette quoi que ce soit dans l’évaluation de l’effectif.

Mais St-Louis a voulu marquer un point : pas de favoritisme, pas de passe-droits. Résultat? Il s’est aliéné non seulement un joueur, mais aussi une bonne partie d’un public déjà sceptique face à ses décisions récentes.

Le parallèle avec Bolduc est cruel. Parce que Bolduc, lui, a eu droit à ce cadeau. Lui a foulé la glace du Centre Vidéotron, lui a senti la chaleur des gradins, lui a profité de ce tremplin émotionnel.

Et c’est normal, dans une certaine logique : Bolduc est l’avenir, Blais le passé. Mais la manière est inhumaine. On aurait pu aligner les deux. On aurait pu trouver un moyen. On aurait pu… mais on n’a pas voulu. Et c’est ce « pas voulu » qui fait mal.

Pour Samuel Blais, cette décision sonne comme un coup de grâce. Dans l’organisation du Canadien, il n’est déjà plus qu’un nom sur la feuille, un 13e attaquant qu’on sortira à l’occasion quand un autre se blessera.

Rien de plus. Le cœur brisé qu’il porte aujourd’hui à cause de ces quarante billets n’est qu’un symbole de ce qui l’attend cette saison : l’ombre, l’oubli, l’humiliation silencieuse.

Pour un gars qui a toujours été reconnu pour sa hargne, sa combativité, sa capacité à se battre pour chaque pouce de glace, c’est un constat terrible.

La question qui demeure est celle-ci : Martin St-Louis, en agissant ainsi, ne perd-il pas ce qui faisait sa force? Ce mélange d’intensité et d’humanité qui inspirait ses joueurs?

Car si même un Samuel Blais, joueur de devoir, aimé de ses coéquipiers, apprécié pour son parcours atypique, peut être ainsi ignoré, qu’est-ce que cela dit du climat actuel dans le vestiaire? Qu’est-ce que cela dit de la direction prise par ce club?

L’histoire de Samuel Blais à Québec restera comme un moment de désillusion. Une soirée qui aurait dû être belle et festive, transformée en cauchemar intime.

Et elle met en lumière une réalité cruel : dans le hockey, l’humanité passe souvent après la froideur des décisions. Mais quand c’est Martin St-Louis qui incarne cette froideur, l’impact est encore plus violent.

Parce que de lui, on attendait autre chose. Parce que lui, on croyait qu’il avait compris. Parce que lui, on pensait qu’il ne briserait jamais un cœur…

Surtout pas celui d’un gars de chez nous...