La LNH entre dans une nouvelle ère.
Une ère où le plafond salarial grimpe plus vite qu’un tir de Cole Caufield. Une ère où les contrats à 10, 11, 12 millions de dollars deviennent la norme, et non l’exception. Une ère qui promet la gloire à certains… et laisse d’autres derrière, à ruminer leur sort dans le silence.
Et malheureusement pour Cole Caufield, Juraj Slafkovsky et Nick Suzuki, ils ne sont pas de la fête.
Le plafond salarial vient de bondir de 88 à 95,5 millions de dollars. Et ce n’est que le début. Les projections les plus crédibles parlent d’un plafond atteignant 113,5 M$ d’ici deux ans.
Et dans ce nouveau paysage, les règles changent. Ce qu’on appelait autrefois un « gros contrat » est maintenant une aubaine.
Selon Elliotte Friedman dans le podcast 32 Thoughts, les deux joueurs qui vont redéfinir le marché sont déjà connus : Connor McDavid et Kirill Kaprizov.
Leur prochaine entente? Probablement 15 M$ par année pour Kirill Kaprizov et 17 M$ par année pour Connor McDavid.
Même que McJesus pourrait demander 19 M$ par année (20 pour cent de la masse salariale) s'il en avait envie.
Pour comparaison, Leon Draisaitl, le joueur le mieux payé actuellement, touche « seulement » 14 M$ sur la masse salariale, malgré un salaire réel de 16,5 M$ cette année.
Dans ce contexte, des défenseurs comme Noah Dobson à 9,5 M$ deviennent presque des aubaines.
Et le prochain à encaisser le jackpot? Lane Hutson.
Le Canadien a déjà ouvert la porte avec Noah Dobson, arraché aux Islanders pour un prix ridicule, puis signé à 9,5 M$ pour 8 ans. Il est maintenant le joueur actif le mieux payé de l’équipe (Carey Price étant toujours sur la liste des blessés à long terme).
Mais ce ne sera pas pour longtemps.
Lane Hutson, lui, attend son tour. Et son agent Sean Coffey mène une guerre ouverte avec Kent Hughes pour qu’il devienne le premier joueur actif à franchir les 10 M$ par année dans l’histoire du CH.
Et selon toutes les sources crédibles, il l’obtiendra.
Même chose pour Ivan Demidov, dont le contrat d’entrée est déjà en vigueur (pour deux ans)… mais dont la prochaine prolongation pourrait s’approcher des 11 à 12 M$ par saison si le plafond continue sa course.
Le génie de Kent Hughes... et la tragédie de ses vedettes
Et c’est là que le paradoxe devient insupportable.
Pendant que Hutson et Demidov se préparent à devenir millionnaires à deux chiffres, Caufield, Slafkovsky et Suzuki regardent le train passer... attachés à des contrats à rabais.
Suzuki : 7,875 M$ jusqu’en 2030.
Caufield : 7,85 M$ jusqu’en 2031.
Slafkovsky : 7,6 M$ jusqu’en 2032.
À l’époque, ces contrats étaient vus comme des modèles de stabilité. Aujourd’hui, ce sont des coups de maître de Kent Hughes... et des "prisons dorées" pour les joueurs.
Selon l’agent influent Allain Roy, plusieurs de ses collègues sont en furie.
C’est une situation intenable pour ces joueurs. Ils voient leurs collègues s’enrichir pendant qu’eux sont bloqués à des salaires qui vont paraître ridicules d’ici deux ans.
Et que dire de Slafkovsky, 1er choix au total, qui pourrait devenir un marqueur de 40 buts d’ici deux saisons? Il touchera moins qu’un deuxième centre moyen dans certaines équipes.
Cole Caufield, représenté par le super agent Pat Brisson, a choisi la sécurité en 2023. Il aurait pu miser sur lui-même, signer un contrat plus court, et renégocier à l’explosion du plafond.
Il ne l’a pas fait.
Et aujourd’hui, ce contrat de 7,85 M$ est un cadeau empoisonné.
Même chose pour Slafkovsky, qui a accepté une entente de 8 ans à 7,6 M$… à 19 ans. Un contrat qui, dans 3 ou 4 ans, paraîtra presque comique si sa progression continue.
Mais le pire? C’est qu’ils ne peuvent rien faire.
Leur contrat est signé. Il est valide. Et la convention collective ne prévoit aucun mécanisme d’ajustement.
Même si un joueur de leur niveau touche bientôt 12 M$ par saison, eux resteront bloqués à leurs chiffres.
Ce qui se profile dans le vestiaire du Canadien, c’est une fracture.
D’un côté, les vedettes historiques, Suzuki, Caufield, Slafkovsky, qui ont accepté des contrats d’engagement, de loyauté… et qui en paieront le prix.
De l’autre, les nouveaux arrivants, Dobson, Hutson, bientôt Demidov, qui, eux, profiteront de la nouvelle réalité financière de la LNH.
Et attention : le ressentiment est un danger dans une chambre.
Ces gars-là vont voir des coéquipiers de même calibre gagner 40 % de plus qu’eux. Ça va les hanter pendant des années.
Mais pour Kent Hughes, c’est une victoire totale.
Grâce à sa vision, son timing et son audace, il a verrouillé trois joueurs-clés pour moins de 24 M$ par année.
Dans un monde Edmonton déboursera entre 30 et 35 M$ pour McDavid et Draisaitl, le Canadien, lui, obtient l’élite pour une bouchée de pain.
En 2027, la ligne Suzuki–Caufield–Slafkovsky représentera des peanuts. Une anomalie. Une aubaine. Un vol historique.
Et avec cette marge, Hughes pourra ajouter un autre gros contrat (peut-être un centre de luxe?) ou signer ses futurs talents sans angoisse.
Il a littéralement construit une machine de guerre salariale.
Un regret éternel pour Caufield et Slafkovsky?
Ne vous y trompez pas : ils ne diront rien. Ils continueront de sourire. De parler d’équipe. De loyauté. De stabilité.
Mais en coulisses, ils savent qu’ils ont raté le plus gros virage économique de leur carrière. Ils savent qu’ils ont manqué la fête.
Et quand Lane Hutson signera pour 10 M$ par année, quand Ivan Demidov touchera 11 ou 12 M$, quand les autres joueurs de leur âge encaisseront des salaires qui les surpassent de loin…
Ils se rappelleront cette signature. Ce moment où ils ont mis leur stylo sur le papier. Et ils se diront :
« J’ai perdu des millions. »
Le Canadien de Montréal est en train de se doter d’un des meilleurs rapports qualité-prix de la LNH.
Mais cette réussite se paie cher… en frustration silencieuse.
Nick Suzuki, Cole Caufield et Juraj Slafkovsky seront peut-être les héros d’un club champion dans quelques années.
Mais financièrement? Ils seront les oubliés du système.
Et pendant ce temps, Hughes, lui, sourira.
Parce qu’en matière de timing et de stratégie, il a tout simplement gagné.