On pensait connaître Martin St-Louis. Le guerrier de poche, le coach intouchable du Canadien de Montréal, l’homme qui vit enfermé dans son bunker de hockey 365 jours par année, obsédé par la prochaine mise au jeu, par le prochain jeune qu’il doit développer, par la prochaine saison où il devra encore répondre à la même question ridicule : « Quand est-ce que le CH va enfin redevenir une puissance? ».
Mais hier soir, au parc Jean-Drapeau, devant des milliers de personnes venues célébrer la musique country, St-Louis a prouvé qu’il était capable de choquer tout le monde en montrant un visage qu’on croyait réservé à sa famille et à ses plus proches amis : celui d’un homme qui profite de la vie.
Un phénomène rare, au sens le plus pur du terme.
Car oui, Martin St-Louis était bel et bien présent au Festival Lasso de Montréal.
Et non seulement il s’est laissé voir, lui qui cultive d’ordinaire une image de coach sérieux, mais il s’est carrément laissé emporter par la foule en montant la voix pour chanter un classique intemporel : « Take Me Home, Country Roads » de John Denver.
@rds.ca Un classique! « Take Me Home, Country Roads » 🤠🎶 Martin St-Louis s’amuse à Lasso! 🤟🏻 #lasso #GoHabsGo #hockey #canadiensmtl ♬ son original - RDS
On peut en rire, on peut en sourire, mais avouez qu’il fallait le voir pour le croire.
Un entraîneur du Canadien, celui qui incarne le plus la discipline et la rigueur, debout, en public, en train de chanter avec un sourire d’ado, comme si les démons de la saison passée n’existaient plus.
C’est là que ça devient fascinant.
Parce que Martin St-Louis ne fait jamais rien pour rien. S’il s’autorise ce genre de moment, c’est qu’il sent probablement que son équipe est prête, que le plan de Jeff Gorton et Kent Hughes prend forme, que l’avenir s’en vient plus vite qu’on le croit.
Sinon, St-Louis ne se serait pas permis de relâcher la pression en plein cœur du mois d’août, à quelques semaines de l’ouverture du camp des recrues.
Et attention, il n’était pas seul.
La soirée avait des allures de mini-convention du Canadien de Montréal : Youppi! faisait son tour habituel pour prendre des selfies avec les partisans, Jake Evans et Alexandre Carrier ont aussi été aperçus, et dans la section VIP, un témoin nous jure avoir vu Alex Newhook, Joshua Roy et même le grand patron Jeff Gorton, qui observait la foule avec le calme d’un homme qui croit tenir sa recette pour la reconstruction.
Même Vincent Damphousse, ancien capitaine du CH et aujourd’hui analyste à RDS, faisait partie du party.
Mais soyons honnêtes : hier, ce n’est pas Youppi! qui a fait tourner les têtes, ni Gorton avec son air mystérieux, ni Newhook qui doit prouver qu’il mérite son rôle.
Le vrai phénomène, c’était Martin St-Louis, l’entraîneur, l’icône, qui pour une fois s’est laissé aller à être juste… Martin.
Et c’est ça qui change tout. Parce que dans cette ville, où chaque fait et geste du coach est analysé comme si on décodait un message secret, voir St-Louis rire, chanter, sourire, ça en dit long.
Ça en dit long sur son état d’esprit. Ça en dit long sur sa confiance. Et ça en dit long sur ce qui s’en vient.
On peut se tromper, mais hier, ce n’était pas l’entraîneur crispé qui cherche à trouver une solution pour relancer le jeu de puissance.
C’était l’homme qui sait que bientôt, il aura entre les mains une équipe capable de se battre, pas juste pour sortir du fond du classement, mais pour réellement écrire une nouvelle histoire.
Évidemment, certains vont dire : « Bof, il a juste chanté une toune country ».
Mais ceux qui connaissent le marché de Montréal savent que ça ne marche pas comme ça. Ici, la moindre sortie devient un message. Ici, chaque geste est décortiqué.
Et hier, Martin St-Louis a envoyé un message clair sans prononcer un seul mot de hockey : il est prêt.
Il est prêt à redevenir l’homme de la situation, il est prêt à retourner dans son bunker, mais avant ça, il avait besoin de montrer qu’il est humain.
Le timing est parfait. On est à moins d’un mois du camp des recrues, et à peine plus de cinq semaines de l’ouverture du camp d’entraînement officiel.
Les jeunes vont débarquer, les vétérans vont revenir, la machine infernale va repartir.
Mais avant de replonger dans cette jungle, St-Louis s’est accordé un moment de répit.
Un moment rare. Un moment public. Et ça, c’est peut-être la meilleure nouvelle de l’été pour les partisans.
Parce qu’un coach stressé, tendu, obsédé par les détails en août, ça peut virer en désastre quand la saison commence.
Mais un coach qui arrive avec de l’air dans les poumons, qui a chanté, qui a ri, qui a dansé un soir d’été à Montréal, ça, c’est un coach qui va attaquer la saison avec un état d’esprit dangereux pour ses adversaires.
Et imaginez la scène du vestiaire. Quand Cole Caufield, Nick Suzuki, Juraj Slafkovsky et toute la bande vont voir les images de leur entraîneur en train de chanter du John Denver avec un sourire contagieux, pensez-vous que ça ne va pas avoir un effet?
Bien sûr que oui. Les joueurs aiment un coach qui sait être humain, qui sait sortir de son rôle de général froid. Ça crée des liens, ça renforce la confiance.
Et ça, à Montréal, ça peut faire la différence entre une saison qui s’écroule et une saison qui surprend.
On le répète : Martin St-Louis ne fait rien pour rien. Lui qui a toujours prôné l’importance du processus, du moment présent, de l’humilité et du travail, a compris qu’il devait aussi montrer l’exemple dans la vie.
Oui, il faut travailler. Oui, il faut se préparer. Mais il faut aussi savoir souffler. Et hier, il a soufflé. En public. Devant tout le monde.
Et toute l’organisation a semblé souffler avec lui, du directeur général jusqu’à Youppi!, en passant par les joueurs qui profitaient aussi de la soirée.
Le Canadien, ce n’est pas encore une équipe prête à soulever la Coupe Stanley demain matin.
Mais le Canadien est une équipe en pleine transformation, une organisation qui a besoin d’hommes capables de tenir la tempête.
Et si Martin St-Louis est capable de briser son image d’entraîneur pour redevenir, le temps d’une chanson, un simple gars de Montréal qui s’amuse, alors peut-être qu’il est aussi capable de briser le mur invisible qui empêche cette équipe de redevenir grande.
Bref, hier, au parc Jean-Drapeau, entre Jelly Roll et Riley Green, entre les cris de la foule et les flashs de cellulaires, ce n’est pas juste un festival country qui battait son plein.
C’était un signe. Un signe que Martin St-Louis est prêt à écrire la suite.
Un signe que l’homme derrière l’entraîneur est plus vivant que jamais.
Et à Montréal, un tel phénomène, c’est assez rare pour qu’on s’en souvienne longtemps.
AMEN