Hier soir, à RDS, Alain Crête a démontré qu’il savait exactement ce qu’il faisait en interviewant le commissaire de la LNH, Gary Bettman.
Cette entrevue n’avait rien d’improvisé.
Avec la précision d’un chirurgien, Crête a habilement poussé Bettman à s’embourber dans le sujet le plus sensible au Québec : le retour des Nordiques.
Bettman, invité en ville pour le match du Canadien également diffusé sur Prime Video, ne s’attendait visiblement pas à une telle embuscade.
Et pourtant, Alain Crête avait un objectif bien clair : forcer le commissaire à avouer une vérité que bien des Québécois pressentaient déjà.
L’échange entre Crête et Bettman a été glaçant. Dès que le journaliste a mentionné le retour des Nordiques, le sourire du commissaire s’est éteint.
Son malaise était palpable. À chaque question incisive, Crête creusait davantage, révélant aux téléspectateurs ce que plusieurs soupçonnaient : le retour du hockey à Québec n’a jamais été une priorité pour la LNH.
Évidemment, Crête, représentant RDS et donc Bell, le pire ennemi de Quebecor et Pierre-Karl Péladeau, ne voulait qu'une chose: placer PKP dans l'eau chaude.
À plusieurs reprises, Crête a fait répéter Bettman pour qu'il avoue que ce n'était jamais arrivé que quelqu’un dise : ‘Voici mon plan, voici l’argent’. »
Même si Bettman avait déjà répété que ce n'était jamais arrivé, Crête insistait:
« Jamais? », dans le genre, jamais au grand jamais?
Et Bettman de répondre pour la centième fois, lui qui l'avait répété aux autres médias juste avant: non, jamais.
À travers cet échange, Bettman a volontairement confirmé ce que plusieurs soupçonnaient : le dossier de Québec n’a jamais franchi les dernières étapes.
Pourtant, en 2015, Québec avait bel et bien déposé une candidature formelle, investissant 10 millions de dollars, dont 2 millions non remboursables, pour intégrer le processus d’expansion.
Malgré cet effort, seul Vegas a obtenu une franchise, laissant les partisans québécois avec l’impression amère de s'être fait avoir.
Alain Crête ne s’est pas arrêté là. Son entrevue a aussi révélé les ambiguïtés de Pierre-Karl Péladeau, autrefois perçu comme le grand sauveur du projet des Nordiques.
Depuis plusieurs années, Péladeau investit massivement dans divers secteurs – les Alouettes de Montréal en 2023, Freedom Mobile et compagnie– mais reste étrangement silencieux lorsqu’il s’agit du hockey à Québec.
Aucun plan concret ne semble aujourd’hui en place pour ramener une équipe à Québec. Mais Bettman nous informe que le plan n'a jamais été mis en place.
Les prix de l’expansion ayant explosé, atteignant 500 millions de dollars, Péladeau n’a jamais voulu s’engager à ce niveau.
Pire encore, certaines sources rapportent que Gary Bettman aurait reçu des confidences informelles de Péladeau, indiquant qu’il n’était plus intéressé par le projet des Nordiques.
Cette situation alimente un sentiment de trahison parmi les partisans. Péladeau investit partout, sauf là où ils l’attendent le plus.
Le rachat des Alouettes avait déjà éveillé des soupçons. L’idée que le hockey n’est plus qu’un souvenir lointain pour l’homme d’affaires.
Jeff Fillion avait donc raison : Julie Snyder, ex-épouse de Péladeau, était la véritable instigatrice du projet des Nordiques.
Depuis leur divorce, Jeff Fillion a souvent affirmé que l’idée du retour de l’équipe était davantage un projet porté par Snyder que par Péladeau lui-même.
Pendant leur mariage, Snyder, une passionnée de hockey, aurait poussé son conjoint à envisager sérieusement le retour des Nordiques.
Leur célèbre émission Montréal-Québec, diffusée sur TVA en 2010, symbolisait cette rivalité sportive et donnait du gaz à l’espoir de ramener une équipe à Québec.
Mais avec le divorce, cet élan s’est éteint, et Péladeau semble désormais concentré sur des projets éloignés de la glace.
Aujourd’hui, plusieurs se demandent si Snyder aurait pu, à elle seule, mener le projet à bien. Était-elle la clé du retour des Nordiques?
Son départ a-t-il signé l'arrêt de mort de ce rêve?
Pour certains, il est évident que Péladeau n’a jamais été véritablement motivé, mais qu’il jouait ce rôle pour faire plaisir à Snyder.
Les révélations de Bettman lors de l’entrevue avec Crête ont anéanti les dernières illusions des partisans des Nordiques.
Le commissaire a été clair : aucune offre concrète n’a été soumise, et le marché de Québec n’a jamais présenté un argument suffisant face à la montée en puissance des villes américaines.
Même Winnipeg, souvent cité en exemple, ne semble plus être une inspiration viable pour la capitale québécoise.
Alain Crête a parfaitement su manipuler l’entretien pour faire jaillir cette vérité inconfortable. Bettman a confirmé, à demi-mot, que Québec n’était plus dans les plans de la LNH, et Péladeau, autrefois perçu comme le héros du projet, s’est révélé être un investisseur aux priorités fluctuantes.
Chaque nouvel investissement de Péladeau dans des secteurs autres que le hockey sonne comme une cloche funèbre pour le retour des Nordiques.
L’entrevue d’Alain Crête restera sans doute dans les annales comme l’instant où le voile a été levé sur la réalité du dossier des Nordiques.
Bettman, habile politicien, a essayé de minimiser l’impact de ses propos, mais Crête l’a acculé au pied du mur, révélant les failles et les véritables intentions de la LNH.
Pendant ce temps, Péladeau se détourne de plus en plus de ce projet, laissant les partisans québécois désabusés et orphelins d’une équipe qui semblait autrefois à portée de main.
Surtout, Péladeau n'a pas réagi publiquement aux propos de Bettman. Le silence est parfois d'or. Mais dans ce contexte, le silence de PKP le rend coupable.
Les Nordiques de Québec ne sont désormais plus qu’un souvenir lointain, enterré sous les ambitions personnelles et les désaccords financiers.
Alain Crête, en posant les bonnes questions, a rappelé à tous que le retour du hockey à Québec était avant tout une promesse creuse, un rêve porté par des espoirs mal fondés et des acteurs aux intérêts divergents.
Aujourd’hui, la flamme s’est éteinte, et il ne reste plus qu’un goût amer d’inachevé.
Crête aura réussi sa " Bell mission" jusqu'au bout: envoyer Pierre-Karl Péladeau et Quebecor sous l'autobus. Cruel et sans pitié.