Pierre-Luc Dubois dans de beaux draps: son passé le rattrape

Pierre-Luc Dubois dans de beaux draps: son passé le rattrape

Par David Garel le 2025-05-11

Il y a des mises en échec qui font partie du hockey. Et il y a des mises en échec qui marquent une carrière, un vestiaire, une province entière.

Celle de Tom Wilson contre Alexandre Carrier, lors du match 4 entre le Canadien et les Capitals, fait partie de cette deuxième catégorie.

Et les propos de Scotty Bowman, quelques jours plus tard, ont jeté un froid définitif sur le cirque malsain qui s’est installé dans le vestiaire de Washington.

« Il s’agissait clairement d’un assaut », a déclaré sans aucune ambiguïté le vénérable Bowman, dans une entrevue au Journal de Montréal avec Marc De Foy.

Et quand le coach le plus titré de l’histoire du hockey parle d’assaut, c’est que la ligne a été franchie. Largement.

Pendant ce temps, à Washington, Pierre-Luc Dubois faisait des blagues. Des blagues sur la blessure d’un compatriote. Des blagues sur ce qu’il a appelé « le meilleur feeling sur le banc ».

Ce qui est encore plus choquant, c’est que Dubois avait présenté cette séquence comme un moment où les gars avaient eu des frissons. Comme un élan d’adrénaline collectif. Comme si la destruction d’Alexandre Carrier était une euphorie partagée.

C’est non seulement déconnecté, c’est insultant. Dubois n’a pas seulement oublié qui était sur la glace. Il a oublié d’où il vient. Il a oublié ce que signifie la fraternité québécoise dans un sport où les racines ont toujours compté.

Après la rencontre, Dubois a réagi au micro de TVA Sports en racontant avec un grand sourire :

« C’est le genre de jeu où t’as des frissons sur le banc. L’énergie que ça nous a donnée… c’était incroyable. Je pense que même les gars riaient. Pas parce qu’on était contents qu’il soit blessé, mais parce que c’était tellement une mise en échec propre et percutante. »

Une déclaration qui, dans un contexte de série intense, aurait pu passer comme une maladresse. Mais le sourire. Le ton. L’absence de recul. Tout a donné l’impression d’un homme en décalage total avec la réalité d’un compatriote sonné sur la glace.

Dubois a ensuite ajouté : « C’est ce genre de jeu qui reste dans ta mémoire toute ta vie. L’adrénaline, le feeling… tu veux vivre ça à chaque match. »

À ce moment-là, ni les excuses, ni les clarifications n’ont suffi à effacer l’impact. Plusieurs joueurs du Canadien ont réagi en privé, choqués. Et même dans le vestiaire des Capitals, certains ont dû calmer le jeu.

Il a tenté de rattraper ses propos par la suite, précisant que c’était le jeu de Wilson qu’il saluait et non la blessure elle-même. Mais le mal était fait. Et aujourd’hui, c’est tout le Québec qui le regarde avec un mélange de colère et d’incompréhension.

Dubois n’a pas seulement oublié qui était sur la glace. Il a oublié d’où il vient. Il a oublié ce que signifie la fraternité québécoise dans un sport où les racines ont toujours compté.

Scotty Bowman n’a pas dénoncé que l’action. Il a dénoncé ce que cette action a provoqué : un basculement de la série, un revirement mental, une ambiance de triomphe sale.

Il a parlé d’un Canadien épuisé, oui, mais encore combatif. Et il a vu, comme nous tous, que ce coup-là avait tout changé.

Bowman, lui, ne s’est pas contenté de dénoncer la violence du geste. Il a aussi souligné l’impact psychologique profond qu’il a eu sur la série.

« Le Canadien a remporté le troisième match haut la main. S’il était retourné à Washington à égalité, l’issue de la série aurait peut-être été différente », a-t-il confié.

Ce moment charnière a changé l’énergie sur les bancs, mais aussi l’image publique des Capitals, déjà critiqués pour leur manque de discipline et leur arrogance constante.

Plus troublant encore, Bowman a pointé un élément souvent oublié : la fatigue. Pas seulement physique, mais mentale.

« Les joueurs du Canadien ont déployé tellement d’énergie au cours du dernier mois de la saison régulière qu’ils ont manqué de souffle en séries », a-t-il expliqué.

Mais même essoufflés, les joueurs de Martin St-Louis ont continué à jouer avec cœur et dignité. Ce que Bowman laisse entendre entre les lignes, c’est que c’est du côté des Capitals qu’il y a eu un véritable manque d’éthique et de respect.

Et dans tout cela, Pierre-Luc Dubois aurait pu choisir la hauteur. Il aurait pu incarner la classe, le leadership, la solidarité. Il a choisi l’inverse. Il a choisi de rire, de fanfaronner, de trahir les siens.

Dans le vestiaire des Capitals, les propos de Bowman font jaser. Parce que même certains coéquipiers de Dubois trouvent qu’il a trop parlé. Qu’il aurait dû se taire. Qu’il a terni l’image de l’équipe en débordant du cadre. Quand on gagne, on garde un minimum d’élégance. Et Dubois, lui, a tout déchiré.

Le dernier s’est soldé par une raclée de 4-0 contre les Hurricanes. Washington s’est effondré. Et certains se demandent déjà si cette mauvaise énergie, cette arrogance publique, n’a pas commencé là, sur cette mise en échec qu’on a célébré comme un but. Alors qu’elle était, comme le dit Scotty Bowman, un assaut.

Surtout que Dubois a amassé deux maigres passes en 8 matchs... et est complètement invisible.

Mais pire encore, il apparaît aujourd’hui comme l’emblème de cette culture toxique au hockey qui se nourrit des mises en échec dangereuses. Son attitude a mis le feu aux poudres. Et maintenant, il devra porter le poids de cette perception.

Parce qu’au-delà des frissons du moment, au-delà du « feeling sur le banc », il reste la mémoire collective. Et cette mémoire se souviendra longtemps que lorsqu’un compatriote était à terre, Pierre-Luc Dubois a choisi de rire.