Il fut un temps où Pierre-Luc Dubois était l’homme à ne surtout pas toucher à Montréal.
Ce n’était pas juste un joueur qu’on trouvait un peu trop capricieux, non, c’était le poison du vestiaire, l’homme à éviter à tout prix.
À Montréal, les médias s’en donnaient à cœur joie, l’étiquetant comme un desctructeur de vestiaire, un mauvais leader, celui qu’il ne fallait pas chercher.
La rumeur voulait que Dubois, après sa demande de transaction à Columbus et son passage scandaleux à Winnipeg, avait tellement mauvaise presse qu’on disait qu’il pouvait mettre en péril la chimie d’une équipe.
Le désastre à Los Angeles l'a enfoncé jusqu'au cou.
Les journalistes faisaient de lui un exemple de ce qui ne va pas dans le hockey, un joueur que personne ne voulait à cause de son caractère, de son égo, de sa soif de vouloir jouer pour un plus grand marché.
Il était devenu un moins que rien, et, pire encore, il était devenu l’incarnation de ce que le Canadien ne devait pas être.
Et pourtant, ce même Pierre-Luc Dubois, que la presse montréalaise considérait comme un poison, aurait pu être un joueur du Canadien.
Imaginez un instant ce que cela aurait signifié. Un centre québécois dans l’alignement, capable de venir compléter Nick Suzuki et de solidifier le centre à Montréal, là où le besoin se faisait si évident.
Mais au lieu de ça, Kent Hughes, dans une décision qui semble plus discutable à chaque jour, a préféré ne pas échanger Samuel Montembeault pour aller chercher Dubois.
Vous avez bien lu. Samuel Montembeault avait une valeur était sans doute bien plus élevée que celle de Darcy Kuemper à ce moment-là, et Kent Hughes a préféré ne pas le donner dans une transaction pour Dubois.
Le Canadien aurait pu avoir un premier centre, un joueur capable de briller aux côtés de Suzuki. À la place, ils ont opté pour..la peur...
Pendant ce temps, les Caps obtenaient Dubois des Kings...pour Kuemper...
Un choix qui, à la lumière des événements actuels, fait de plus en plus mal à admettre tellement le Québécois est en feu.
Pierre-Luc Dubois, aujourd’hui, est un autre homme. Si l’on parlait de lui comme un homme égoïste, une diva du hockey, un “poison” qui risquait de nuire à l’harmonie d’une équipe, force est de constater qu’il a prouvé, année après année, qu’il n’était pas du tout l’image qu’on a voulu lui coller.
Il est aujourd’hui un leader naturel, celui qui prend sous son aile de jeunes talents comme Ryan Leonard, un joueur qu’il a accueilli à bras ouverts et qu’il soutient comme un véritable grand frère.
Ryan Leonard, dans un entretien récent, a livré des mots remplis de reconnaissance et de respect envers son coéquipier qui l'héberge dans sa maison de Washington.
. “Je lui ai dit hier soir, après avoir regardé un match entre les Bruins et le Canadien, qu’il est encore difficile de réaliser où je suis. J’ai joué deux matchs dans cette ligue, et ça reste un rêve pour moi”, a-t-il déclaré.
Et ce n’est pas tout. Leonard a expliqué qu’il appréciait particulièrement la façon dont Dubois lui a permis de se sentir à l’aise, l’a soutenu dans les moments de doute, et l’a inspiré à “se faire confiance”.
Ce n’est pas juste un joueur, c’est un mentor, un leader. Et pourtant, il y a encore quelques années, à Montréal, on le dépeignait comme un mauvais choix, comme un cancer dans un vestiaire.
Mais aujourd’hui, Dubois est celui qui, en tant que centre numéro 1 de Washington, mène son équipe vers une saison historique, où il se rapproche de la meilleure récolte de sa carrière avec 63 points en 75 matchs.
Il a trouvé sa place aux côtés d’Alex Ovechkin, un Ovechkin qui, comme lui, a une revanche à prendre. Après tout, tout comme Dubois, Ovechkin a connu des frustrations par le passé, et cette année, c’est l’occasion rêvée pour les deux de marquer un grand coup.
Maintenant, l’histoire pourrait bien se terminer là où elle avait commencé : à Montréal. Si les Canadiens réussissent à se qualifier pour les séries, un affrontement avec les Capitals de Washington semble de plus en plus probable.
Et là, Dubois, tout comme Ovechkin, aura une occasion en or de faire payer ceux qui l’ont traîné dans la boue, d’imposer sa rédemption sur la glace et de se venger de ceux qui l’ont rejeté.
Ce sera bien plus qu’une simple série éliminatoire. Ce sera un match de revanche, un duel de l’orgueil.
Il y a quelques années, le CH aurait pu faire de Dubois son propre joueur, et l’imaginer aux côtés de Suzuki était un rêve pour de nombreux partisans.
Au moins, Montembeault est aux porte des séries. Et va affronter...Dubois...en première ronde...
Certains disent qu’un affrontement entre les deux équipes pourrait bien être une surprise. Après tout, si Washington a l’avantage sur papier, le Canadien a tout à gagner en jouant les outsiders.
Personne ne pensait que les Canadiens de Montréal seraient capables de rivaliser avec les géants de l’Est cette saison, mais leurs victoires surprenantes contre des équipes comme les Panthers et les Maple Leafs ont prouvé qu’ils sont bien plus qu’un simple adversaire.
Ce n’est pas une mission impossible. Bien sûr, Washington est solide, mais les Capitals vont être brûlés par la quête d’Ovechkin pour battre le record de Gretzky.
Ce rêve qui va devenuir réalité pourrait aussi être une distraction. D’autre part, les Canadiens sont une équipe soudée, sans pression, et prouvée capable de relever des défis inattendus.
Peut-être que l’énergie du Centre Bell, l’adrénaline d’une ville qui soutient inlassablement son équipe, pourrait les porter jusqu’à la victoire.
Pierre-Luc Dubois n’est plus le joueur qu’il était. Il n’est plus cet homme dont tout le monde parlait comme un poison dans le vestiaire, un joueur à éviter à tout prix.
Ce n’est plus un centre capricieux qui ne sait pas ce qu’il veut. Non, aujourd’hui, Dubois est un homme réinventé, un leader capable de prendre sous son aile les jeunes talents et de se battre pour ses coéquipiers.
Ses actes, comme sa volonté de soutenir Ryan Leonard, montrent une facette de lui que les médias montréalais ont soigneusement ignorée. Il n’est plus le joueur que l’on dénigre dans les coulisses, il est l’homme qui prend sa revanche.
Dans les séries à venir, Pierre-Luc Dubois aura une chance unique de se confronter à son passé et de démontrer que ce qu’on disait de lui était erroné.
Et quand les Canadiens croiseront enfin le fer avec Washington, que ce soit dans la glace ou en dehors, Dubois sera là, avec le couteau entre les dents.
Une revanche personnelle, une revanche pour ceux qui ont cru en lui. Une revanche contre Montréal, une revanche contre tous ceux qui l’ont traité de poison.