Pression publique: un moment rempli de noirceur pour Samuel Montembeault

Pression publique: un moment rempli de noirceur pour Samuel Montembeault

Par Marc-André Dubois le 2025-02-01

Si Samuel Montembeault ne vit pas une saison catastrophique sur la glace, il est en train d’en vivre une dans l’espace public.

La patience des partisans est inexistante, les médias le scrutent sans relâche, et les réseaux sociaux sont d’une cruauté rare à son endroit.

Chaque mauvais match, chaque séquence difficile est amplifiée à un point tel qu’il est devenu le punching bag officiel du Canadien de Montréal.

Depuis plusieurs semaines, Montembeault peine à maintenir des statistiques respectables. Un taux d’efficacité sous les .900, une moyenne de buts alloués dépassant les 3,00…

 Il figure parmi les pires gardiens partants de la LNH sur une longue période. Mais ce qui est le plus frappant, ce n’est pas tant sa baisse de régime que l’absence totale de tolérance envers lui.

Pendant ce temps, Jakub Dobeš bénéficie d’une immunité totale. Quand le Tchèque a accordé quatre buts sans réplique contre le Wild du Minnesota, on a assisté à un silence radio chez les médias. 

Aucune remise en question.Aucune remise en cause de son statut, aucune critique sévère. Parce que Dobeš est jeune, parce qu’il représente l’avenir, et parce qu’il est perçu comme la solution à long terme.

Ce traitement réservé à Montembeault n’est pas nouveau. Les gardiens québécois ont toujours été jugés plus durement par leur propre monde.

José Théodore, malgré son trophée Hart en 2002, s’est rapidement retrouvé sous attaque dès qu’il a connu une baisse de régime.

On l’a traqué dans sa vie privée, ses fréquentations ont été mises sous le microscope, et il a été cloué au banc des accusés publics dès qu’il enchaînait quelques contre-performances.

Patrick Roy, aujourd’hui une légende incontestée du hockey québécois, a lui aussi vécu l’enfer.

Avant son échange tristement célèbre de 1995, les partisans étaient sur son dos, même s'il avait gagné la Coupe stanley en 1993.

S’il avait joué à l’ère des réseaux sociaux, il aurait sans doute subi un traitement encore pire que Montembeault tellement les fans le traitaient de gardien fini.

L’histoire se répète. On veut des héros québécois, mais on les détruit dès qu’ils montrent des faiblesses.

Jocelyn Thibault, ça vous dit quelque chose? Arrivé dans l’échange monstre qui a envoyé Patrick Roy au Colorado en décembre 1995, Thibault n’a jamais eu la moindre chance aux yeux des partisans et des médias montréalais. 

Il était condamné avant même de jouer son premier match. On ne lui pardonnait pas de ne pas être Roy, et chaque défaite, chaque mauvais but accordé était amplifié à l’extrême.

Pourtant, il n’était pas un mauvais gardien, mais dans l’imaginaire collectif, il était l’incarnation de la chute du CH après le départ de Saint-Patrick. 

Les réseaux sociaux n’existaient pas à l’époque, mais si c’était le cas, Thibault aurait probablement été encore plus détesté que Montembeault aujourd’hui. 

Chaque entrevue était un supplice, chaque séquence difficile se transformait en crise, et lorsqu’il a finalement été échangé aux Blackhawks en 1998, c’était un soulagement autant pour lui que pour l’organisation. 

Son passage à Montréal a été un véritable enfer.

Montembeault, qui ne sera jamais au niveau de ces légendes, est actuellement en train de vivre un de ces épisodes brutaux où il devient l’homme à abattre.

Sur les plateformes de réseaux sociaux, la haine envers Montembeault est évidente. Son langage corporel, sa nervosité en entrevue, son incapacité à faire les gros arrêts… tout est disséqué, amplifié et ridiculisé.

 Même sa copine et sa famille doivent ressentir cette vague de négativité.

Pendant ce temps, Dobeš reçoit le traitement inverse. S’il perd, on lui pardonne. On dit qu’il est jeune, qu’il apprend, qu’il doit avoir du temps pour se développer.

Pourtant, si Montembeault avait perdu 4-0 contre le Wild, il aurait été crucifié médiatiquement.

Un gardien condamné à l’excellence… ou à l’oubli

À Montréal, être gardien québécois est une malédiction déguisée en opportunité. On t’aime… jusqu’à ce qu’on décide que tu n’es plus bon. 

Montembeault n’a jamais eu le luxe de connaître une longue séquence difficile sans se faire enterrer.

Contrairement à Dobeš, qui a le droit à l’erreur, lui joue chaque match comme si son avenir en dépendait.

Cette pression constante, ce manque de laisse de la part des partisans et des médias, finiront par l’achever. Soit il trouve un moyen de se surpasser et de prouver qu’il peut tenir tête à Dobeš, soit il sera sacrifié au profit du jeune prodige.

Montembeault vit actuellement une véritable raclée publique. Tout ce qu’il peut faire maintenant, c’est essayer de se battre… mais l’histoire nous montre qu’à Montréal, quand la foule a choisi son nouveau favori, il est déjà trop tard pour celui qu’elle rejette.

Comme si le traitement injuste qu’il reçoit à Montréal ne suffisait pas, voilà que la pression monte aussi à l’échelle nationale.

La sélection de Samuel Montembeault comme gardien de Team Canada pour la Confrontation des 4 Nations avait déjà fait grincer des dents, mais avec l’éclosion de Logan Thompson à Washington, cette décision commence à paraître de plus en plus suspecte.

Thompson, qui vient de signer une prolongation de six ans à 5,85 M$ par saison, affiche des statistiques de loin supérieures à celles de Montembeault cette saison :

Fiche de 22-2-3

Moyenne de buts alloués de 2,09

Taux d’efficacité de .925

Dans un monde logique, c’est Thompson qui aurait dû obtenir le rôle avec Jordan Binnington et Adin Hill. Pourtant, c’est Montembeault qui a été choisi. Pourquoi?

Les partisans des Capitals ne s’en cachent plus : ils crient au scandale. Sur les réseaux sociaux, plusieurs accusent Hockey Canada d’avoir favorisé Montembeault pour des raisons politiques, lui qui joue dans un marché canadien où la pression est énorme.

L’argument est simple : si même à Montréal, Montembeault est incapable de s’imposer comme un numéro un indiscutable, comment peut-il être le choix logique pour Team Canada?

L’hypothèse d’un favoritisme envers un joueur québécois pour au moins en avoir un dans l'équipe et ne pas créer de panique chez les médias francophones,  commencent même à circuler, et cela ne fait qu’alimenter la colère des partisans de Washington.

Selon eux, Thompson méritait cette place bien plus que Montembeault, et plus la saison avance, plus il devient évident qu’il aurait été le meilleur choix.

Le plus ironique? Même au Québec, les partisans ne défendent plus Montembeault. Eux aussi veulent voir Dobeš obtenir plus de départs. Il se retrouve donc dans une situation absurde où il est attaqué autant à Montréal qu’ailleurs au pays.

Samuel Montembeault est dans une position quasi intenable. À Montréal, il doit composer avec une base de partisans qui veut voir Jakub Dobeš lui prendre sa place.

À Washington, il est vu comme un imposteur qui a volé la place de Logan Thompson avec Team Canada. 

Et partout ailleurs au pays, on commence sérieusement à se demander pourquoi il a été choisi comme gardien du Canada.

Son avenir en tant que numéro un du Canadien ne tient plus qu’à un fil. Son statut avec Team Canada est de plus en plus fragile.

Son moral semble au plus bas, comme en témoigne son attitude nerveuse et évasive en entrevue.

Il n’a plus d’échappatoire. Soit il répond par des performances spectaculaires, soit il se laisse écraser par cette vague de critiques qui ne fait que prendre de l’ampleur.

L’heure de vérité approche. Montembeault joue désormais chaque match comme si sa carrière était en jeu.

Parce que si les choses continuent d’aller dans cette direction, il pourrait tout perdre plus vite qu’il ne l’aurait jamais imaginé.