Propos inacceptables du DG: Lane Hutson voit rouge

Propos inacceptables du DG: Lane Hutson voit rouge

Par David Garel le 2025-08-23

Le 21 août dernier, USA Hockey a publié la liste des 44 joueurs invités à son camp d’orientation olympique.

Un nom brillait par son absence. Celui de Lane Hutson, prodige du Canadien de Montréal, récipiendaire du trophée Calder et déjà classé parmi les vingt meilleurs défenseurs de la LNH selon la plupart des experts.

Cette exclusion a immédiatement provoqué un choc à Montréal, mais aussi à travers toute la ligue. Comment expliquer qu’un défenseur de 21 ans, auteur de 66 points à sa saison recrue, neuvième dans les votes pour le trophée Norris, soit rayé de la carte par son propre pays?

La réponse officielle des dirigeants américains a choqué encore davantage que la décision elle-même.

Selon une source anonyme citée par RG.org et relayée par Marco D’Amico, la raison principale serait que Hutson n’a pas représenté les États-Unis au dernier Championnat du monde.

« Je sais que pour le Canada et les États-Unis, cela pèse lourd dans la prise de décision, car ils disposent d’un bassin de talents très profond, a expliqué ladite source. Donc, si Hutson voulait vraiment participer à ce camp, il aurait dû être présent au Championnat du monde. »

Un argument qui, pour beaucoup, relève davantage de la manipulation que de la logique sportive.

Un mensonge honteux de Bill Guérin et de USA Hockey.

Car soyons clairs : cette justification ne tient pas la route. Pourquoi? Parce que d’autres joueurs n’ayant pas participé aux Mondiaux ont tout de même été invités. Le cas le plus flagrant est celui de Cole Caufield.

Caufield a refusé de se présenter aux Championnats du monde, préférant récupérer après une saison éreintante. Pourtant, il est bel et bien sur la liste américaine.

De l’autre côté, Nick Suzuki, capitaine du Canadien, a snobé deux années de suite le Mondial avec le Canada. Malgré cela, Hockey Canada l’a invité à son camp olympique sans la moindre hésitation.

Alors pourquoi Hutson, lui, est puni? Parce qu’il est petit? Parce qu’il est jeune? Parce qu’on ne veut pas d’un « doublon » de Quinn Hughes et Adam Fox?

Peu importe la réponse, une chose est claire : USA Hockey a menti. Ils ont servi un prétexte louche pour masquer une décision idéologique.

Le véritable problème, c’est le formatage. Bill Guérin et ses acolytes ont décidé que la défense américaine devait miser sur le gabarit, sur la « sécurité ».

Ainsi, on retrouve dans la liste olympique des noms comme Alex Vlasic , Jackson LaCombe ou Brady Skjei. Des joueurs honnêtes, mais qui n’ont pas le quart du talent de Hutson.

Le message est cinglant : mieux vaut être gros et moyen que petit et génial.

C’est exactement le type de raisonnement qui a fait reculer le hockey international pendant des décennies. Et c’est précisément contre ce préjugé que Hutson s’est battu toute sa vie.

Repêché 62e en 2022 parce que les recruteurs doutaient de son physique, il a déjà prouvé que le talent pur peut balayer ces doutes. Mais visiblement, pas encore assez pour convaincre Bill Guérin.

Comme si cette gifle publique ne suffisait pas, une fausse publication a circulé sur Facebook quelques heures après l’annonce de la liste.

On y prêtait à Lane Hutson des propos enflammés contre Guérin, laissant entendre qu’il allait « utiliser cette exclusion comme carburant » et qu’il se préparait à prouver qu’il « appartenait au plus haut niveau ».

Bien sûr, Hutson n’a jamais écrit ces mots. Mais le mal est fait : des milliers de partisans les ont partagés, croyant que le joueur attaquait publiquement son pays.

Cette manipulation ajoute une couche supplémentaire à l’injustice. Non seulement Hutson est écarté, mais on l’utilise en plus pour alimenter le feu médiatique.

À Montréal, cette saga tombe au pire moment possible. Car le dossier Hutson ne se limite pas au plan international : il est aussi au cœur de négociations contractuelles tendues avec le Canadien.

Son agent, Sean Coffey, exige au moins autant que Noah Dobson (9,5 M$), et pousse même pour 10 M$ par saison. Kent Hughes, lui, veut rester en dessous de cette barre, clamant que Dobson est un droitier établi, avec six saisons derrière la cravate.

L’exclusion de Hutson du camp américain aurait pu jouer en faveur du DG du CH. Mais au contraire, elle risque d’alimenter encore plus l’ambition de Coffey. Car chaque humiliation publique devient un argument de plus pour réclamer des dollars.

Aux États-Unis, la décision ne passe pas non plus. Même les fans américains, habituellement fiers de leur profondeur, se sont insurgés.

Des forums de partisans reprennent tous la même ligne : comment peut-on ignorer un défenseur du top 10 de la ligue après une seule saison?

Certains vont plus loin et affirment que les États-Unis viennent de se condamner eux-mêmes. Car pour battre le Canada, la Suède ou la Finlande, il ne suffit pas de défendre. Il faut du génie, de la créativité, des joueurs capables de changer un match en un flash. Hutson est exactement ce type de joueur.

Le plus hallucinant, c’est que Bill Guérin, en conférence, n’a même pas assumé son choix. Plutôt que de parler franchement, il a laissé filtrer des demi-vérités par le biais de sources anonymes.

Tout le monde comprend que la vérité est ailleurs. Hutson n’est pas écarté parce qu’il a manqué le Mondial. Il est écarté parce que USA Hockey ne voulait pas d’un « autre petit offensif » derrière Quinn Hughes et Adam Fox.

Et ça, c’est une claque qui restera dans la triste histoire américaine du hockey.

Cette décision américaine risque aussi de provoquer une tension sourde à Montréal. Pas entre Hutson et Caufield, mais autour d’eux.

Car comment ignorer la comparaison? L’un est glorifié par son pays, l’autre est humilié. L’un rentre au vestiaire avec un billet olympique, l’autre avec un affront public

Les journalistes vont en parler. Les partisans vont comparer. Et même inconsciemment, les joueurs eux-mêmes vont sentir ce contraste.

Pour le Canadien, qui bâtit sa force sur la cohésion et l’unité, c’est un test dangereux.

Mais attention : il y a un revers positif. Car Hutson a bâti sa carrière sur les humiliations transformées en triomphes. On doutait de lui au repêchage? Il est devenu Calder. On doutait de son physique? Il a fini top 10 des défenseurs.

Aujourd’hui, on le snobe encore. Mais cela pourrait devenir son carburant.

Comme l’a dit une source proche du Canadien citée par RG.org :

« Hutson a été sous-estimé toute sa vie, et il a prouvé à chaque fois qu’il pouvait faire taire ses détracteurs. Ça ne peut que l’aider à commencer la saison en force. »

Et c’est peut-être là, au fond, la meilleure réponse à donner à Bill Guérin. Non pas un message Facebook, non pas une plainte publique. Mais une saison de 80 points, qui rendra cette exclusion ridicule aux yeux de tous.

En écartant Lane Hutson, USA Hockey ne fait pas que se priver d’un talent générationnel. Elle envoie un message désastreux : le mensonge plutôt que la transparence, les préjugés plutôt que le mérite.

Bill Guérin et son équipe de sélection ont cru jouer la sécurité. Mais ils viennent de créer une bombe politique et médiatique.

Parce que désormais, tout le monde le sait : l’absence de Hutson n’a rien à voir avec les Mondiaux. C’est une question de format, de peur, et de conservatisme.

Et c’est une honte. Une honte pour USA Hockey, une honte pour Guérin, et un carburant de plus pour Lane Hutson.