RACISME à la sauce QUÉBÉCOISE...

RACISME à la sauce QUÉBÉCOISE...

Par Nicolas Pérusse le 2020-06-20

- OUCH...

- Les Québécois vont répondre QUOI à ça?

- Que le RACISME n'existe pas au Québec...

- Que le RACISME n'a jamais existé au Québec...

- BEN OUI c'est ça....

- La HONTE...

La Presse Canadienne: Un ancien joueur de la LNH originaire de Montréal est convaincu que la couleur de sa peau lui a coûté sa carrière. 

Bernie Saunders, un homme de race noire, a raconté plusieurs épisodes troublants concernant son bref, mais plutôt prestigieux parcours dans le monde du hockey.  

Selon ses souvenirs, Saunders a d'abord été la cible de railleries raciales vers l'âge de 15 ans, alors qu'il évoluait dans la catégorie midget AAA à Chateauguay. 

«Au début, cela ressemblait davantage à des railleries d'athlète que l’on dit dans le feu de l’action», s’est d’abord souvenu l’ancien ailier droit.

L’intensité monte  

Le Montréalais a ensuite déménagé à Toronto à l'âge de 17 ans et a passé deux saisons avec les Panthers de Pickering. Les insultes raciales se sont alors intensifiées. 

Au départ, Saunders laissait tomber ses gants chaque fois qu'il entendait un adversaire prononcer des commentaires désobligeants à son endroit. 

Cependant, en tant que l'un des meilleurs marqueurs de la ligue, il s'est rapidement rendu compte qu’il aidait ses rivaux en passant du temps au bancs des pénalités. 

«J'ai dû apprendre à mettre le concept d'équipe en premier, même si j’étais frustré.»   

Saunders a ensuite passé quatre saisons à jouer à l'Université Western Michigan et il se souvient qu’à cette époque, des journalistes lui ont dit qu'ils étaient choqués par les abus dont il avait été victime.

 

Mais l’ancien hockeyeur a toujours minimisé les railleries dont il était victime et le fardeau émotionnel qu'ils portaient.

«Je me disais que si j’en parlais, j’allais attirer une attention négative sur moi. Je ne voulais pas de controverse. Je ne voulais pas non plus nuire à mes chances de gravir les échelons.»

Opportunité  

Malgré les abus, Saunders est parvenu à maintenir son niveau de jeu à un niveau très élevé, si bien qu’il a fini par se faire remarquer.

En 1979, il a signé un contrat avec les Nordiques de Québec. Après avoir roulé à un rythme de plus d’un point par match dans la Ligue américaine, il a été rappelé par les Nordiques en mars 1980.

«Ce fut probablement l'un des jours les plus excitants de ma vie», a déclaré Saunders. 

 

«Mais je sentais aussi que c'était là où j'étais censé être.»

Saunders a finalement disputé quatre matchs avec les Nordiques à la fin de la saison 1979-1980 et a travaillé de manière obsessionnelle cet été-là, s'attendant à être un pilier du grand club la saison subséquente. 

«Les Nordiques m'avaient essentiellement dit que je faisais partie de l'équipe». 

Vive déception  

Au cours du camp d'entraînement du club en 1980-1981, les Nordiques ont organisé un tournoi préparatoire, question de pouvoir évaluer les joueurs sur la base d’un événement compétitif. Saunders a mené tous les marqueurs du tournoi avec huit buts, et il a terminé à égalité au deuxième rang de l'équipe pour les points avec un certain... Michel Goulet.

Malgré sa formidable production, l'attaquant de six pieds a été retranché et ce, avant même que les Nordiques ne jouent un seul match préparatoire.

«Cela m'a déchiré le cœur», a reconnu Saunders avec tristesse.   

De nombreux joueurs et membres des médias ont été choqués par la rétrogradation du seul joueur noir qui était présent au camp. Le regretté journaliste Albert Ladouceur avait, à l’époque, publié un article intitulé «Le licenciement de Saunders: une surprise» dans «Le Journal de Québec», où il écrivait que certains des coéquipiers de Saunders pensaient qu'il était victime d'une injustice.

Avec le recul, Saunders ne peut s'empêcher de croire que la couleur de sa peau a joué un rôle dans sa relégation.

«Je sens que si j'avais été blanc et que j’avais livré exactement la même performance, je ne serais pas retourné dans la Ligue américaine.»

Aucune chance notable  

Puisque le club-école des Nordiques avait été dissout entretemps, Saunders a été prêté à celui des Canadiens de Montréal, alors situé en Nouvelle-Écosse. Et parce que les Nordiques détenaient toujours les droits de Saunders, Montréal n'était pas du tout intéressé à lui donner du temps de glace.

«Ils m'ont tout de suite placé sur la quatrième ligne», a expliqué Saunders. 

«J’ai obtenu les pires statistiques de toute ma carrière parce que j'étais assis sur le banc.»   

Outre un rôle considérablement réduit, Saunders a continué de faire l'objet de discrimination. Il dit avoir enduré environ cinq incidents racistes entre 1979-1980 et 1980-1981.

Lorsque les Nordiques l'ont retranché de leur camp d'entraînement à l'automne 1981, Saunders a décidé qu'il en avait assez et a demandé au club de racheter son contrat.

Il a disputé une dernière saison avec les Wings de Kalamazoo dans la ECHL, inscrivant 75 points en 70 matchs au cours de la campagne 1981-1982. Il leva le poing après chaque but qu'il marqua cette année-là, exécutant le «poing levé du Black Power».

Émotions vives  

Après la saison, Saunders a organisé une cérémonie avec des amis, pleurant son départ du hockey. Il avait tout juste 25 ans.

Pendant le «service», Saunders a brûlé ses patins et les a jetés dans un étang.

«J'aimais tellement le jeu et cela signifiait tellement pour moi. Je sentais que je devais passer un peu de temps à pleurer pour continuer d’avancer».

Aujourd’hui, l’ancien joueur roule sa bosse dans l'industrie pharmaceutique et il tente de ne pas réfléchir à la carrière qu'il aurait pu avoir dans la LNH.

En paix  

«Je devais survivre. J'avais une femme à l'époque et des enfants peu de temps après. Je ne pouvais tout simplement pas me complaire dans l'apitoiement sur soi.»

Parfois, il partage des anecdotes sur le hockey avec des amis. Mais la plupart du temps, c'est trop douloureux à penser.

Malgré l'adversité avec laquelle il a été confronté, Saunders veut que les gens comprennent qu'il ne recherche pas la pitié. C'est lui qui a demandé aux Nordiques de racheter son contrat, et c'était son choix, rappelle-t-il, de quitter le hockey.

«J'ai évolué et j'ai eu une belle vie. Je suis une personne heureuse», a déclaré Saunders.   

Il pense que l'environnement des joueurs noirs s'est amélioré dans une certaine mesure depuis qu'il a enfilé un uniforme de hockeyeur pour la dernière fois. Mais il pense aussi que le racisme est si profondément ancré dans la culture du hockey qu'il faudra beaucoup de temps avant que la discrimination ne soit complètement éliminée du sport.

«Nous devons juste continuer de nous battre. Je ne verrai sûrement pas une victoire contre le racisme de mon vivant, mais j'espère que ce sera un jour complètement