Révélations d’un ancien coéquipier : la personnalité cachée de Noah Dobson

Révélations d’un ancien coéquipier : la personnalité cachée de Noah Dobson

Par André Soueidan le 2025-08-12

Jeffrey Viel n’est pas du genre à exagérer pour se faire entendre.

Ce gars-là, qui a bourlingué dans les patinoires les plus rudes de la LHJMQ et qui sait ce que ça prend pour survivre dans un vestiaire, ne lance pas de fleurs pour rien.

Alors, quand l’ancien coéquipier de Noah Dobson avec le Titan d’Acadie-Bathurst sort publiquement pour dire que la pression de Montréal ne va pas ébranler le nouveau défenseur vedette du Canadien, on tend l’oreille.

Pas parce que c’est une phrase-choc sortie d’un livre de motivation, mais parce que ça vient d’un gars qui a vu Dobson à 17 ans… et qui l’a vu dominer comme un vétéran de 27.

Dans son passage au balado Sans restriction, Viel a rappelé à quel point Dobson était déjà « mature » à l’époque, même au beau milieu d’une équipe junior qui filait vers la Coupe Memorial.

C’est pas un hasard si, à 17 ans, il était déjà un pilier du Titan, récoltant 69 points en 67 matchs, avant d’ajouter 13 points en 20 matchs éliminatoires.

Les chiffres ne mentent pas. Mais là où Viel frappe fort, c’est en disant que cette maturité-là n’a pas disparu.

Au contraire, elle s’est solidifiée au fil des années. Montréal peut bien envoyer les micros, les caméras, les journalistes au visage de Dobson tous les jours, le gars ne bronche pas. Pas dans son ADN.

Ce qui fascine dans cette histoire, c’est que le Canadien vient de mettre la main sur un joueur qui ne se définit pas par le bruit qu’il fait dans les médias, mais par la stabilité qu’il amène sur la glace.

Viel le dit sans détour : « C’est un gars discret, mais qui a une personnalité incroyable. »

Et c’est là que ça devient intéressant. Parce qu’à Montréal, la discrétion, c’est un art perdu.

Les gros noms sont souvent jugés par la force de leurs punchlines dans les scrums d’après-match. Mais Dobson, lui, va probablement se contenter de faire le boulot. Et bien le faire.

Quand on regarde l’histoire du Canadien, on voit souvent deux profils : le flamboyant qui adore la lumière et qui attire les tempêtes médiatiques, et le calme plat, quasi impassible, qui reste en retrait mais qui empile les minutes et les victoires.

Dobson est clairement dans la deuxième catégorie. On pense à des gars comme Andrei Markov ou même Shea Weber, capables de dire trois mots dans une saison, mais dont l’impact se mesure sur la glace, pas dans les pages de potins.

La différence, c’est que Dobson débarque à 25 ans avec huit ans de contrat dans les poches, 76 millions $ garantis et une réputation déjà bien établie comme l’un des meilleurs défenseurs de sa génération.

Et attention : ce n’est pas juste une question de talent. C’est une question de mental.

Viel, qui connaît la jungle médiatique québécoise, est persuadé que Dobson est bâti pour ça.

« La pression de Montréal, ça va être correct pour lui », dit-il comme si c’était une évidence.

Mais cette évidence-là n’est pas donnée à tout le monde.

Combien de joueurs sont venus ici avec un beau pedigree et ont fondu comme neige au soleil après deux mauvais matchs ?

Dobson ne joue pas à ce jeu-là. Il a grandi avec le bruit autour, il sait comment le filtrer.

Et puis, il y a ce petit côté « transaction parfaite » qui fait sourire les partisans.

C’est rare qu’un joueur de ce calibre signe immédiatement un contrat de huit ans en arrivant.

Ça, c’est un message fort. Ça veut dire : « Je ne suis pas juste ici pour tester l’eau. Je plonge. »

Dans une ville où on a vu trop de joueurs talentueux garder un pied dehors « au cas où », ça change tout.

Dobson, lui, se voit ici à long terme. Ça donne une stabilité qui fait du bien à une défensive encore jeune, surtout avec des gars comme Lane Hutson et Kaiden Guhle qui montent en puissance.

Reste qu’il faudra voir comment cette personnalité discrète va s’intégrer dans un vestiaire qui, lui, est plutôt bruyant.

Entre les Cole Caufield, Juraj Slafkovsky et Brendan Gallagher, Dobson risque de jouer le rôle du grand frère tranquille.

Et c’est peut-être exactement ce qu’il faut. Un gars qui ne s’énerve pas, qui ne s’emballe pas, mais qui, chaque soir, joue 25 minutes solides contre les meilleurs adversaires.

En parlant de solidité, on ne peut pas ignorer que Dobson a été façonné dans l’un des environnements les plus exigeants du hockey junior : l’Atlantique.

Jouer à Bathurst, ce n’est pas juste du hockey. C’est des voyages interminables, des arénas glacials, et des adversaires qui testent tes limites physiques chaque soir.

Dobson a survécu à ça, et il en est ressorti meilleur. Et c’est exactement ce qui rend crédible le témoignage de Viel : lui aussi a vécu cette réalité. Si lui dit que Dobson est prêt pour Montréal, c’est que Dobson est prêt pour tout.

On peut aussi y voir un parallèle avec d’autres grands défenseurs qui ont débarqué à Montréal dans la fleur de l’âge.

Pensez à Petr Svoboda dans les années 80 ou P.K. Subban au début des années 2010 : des jeunes qui, dès le départ, ont changé la dynamique de la défense.

La différence, encore une fois, c’est que Dobson ne fera pas de déclaration incendiaire. Pas son style. Mais il pourrait très bien réécrire le livre des grands arrières du CH simplement en jouant son jeu.

Les partisans, eux, vont rapidement adopter ce côté « pas de fla-fla » s’il s’accompagne de victoires.

Et soyons honnêtes : avec un contrat qui court jusqu’en 2033, Dobson aura tout le temps qu’il faut pour laisser son empreinte.

Montréal a souvent eu besoin d’un pilier défensif autour duquel bâtir. Entre Weber qui a quitté plus tôt que prévu et Markov qui est parti sans au revoir, il manquait cette figure centrale. Dobson peut être cette figure-là.

Et pour ceux qui doutent encore, gardez en tête que ce genre de joueur discret a souvent le plus gros impact à long terme.

On se souvient de Craig Ludwig ou même de Roman Hamrlik, pas pour leurs citations, mais pour la constance qu’ils amenaient.

Dobson a cette fibre-là, avec en prime un talent offensif que ces deux-là n’avaient pas.

Ajoutez à ça la confiance absolue de ses anciens coéquipiers, et vous avez une recette qui pourrait bien redonner au CH ce qu’il cherche depuis une décennie : un vrai quart-arrière de défense.

Viel n’a pas utilisé le mot « parfait », mais il n’était pas loin.

Montréal ne cherche pas un showman à la ligne bleue.

Elle cherche un gars capable de jouer de grosses minutes, de calmer le jeu, et de livrer peu importe le contexte. Dobson, à 25 ans, a déjà prouvé qu’il sait faire ça. Le reste ? Ce sera juste du bonus.

Et quand on dit que la personnalité cachée de Dobson va plaire, c’est parce que dans un marché aussi assoiffé que Montréal, ce mélange rare de talent, de maturité et de tranquillité est peut-être le plus beau cadeau que le CH pouvait se faire.

Tant mieux si les conférences de presse sont plates. Tant mieux si les journalistes doivent forcer pour obtenir une citation croustillante.

Si, pendant ce temps-là, le Canadien gagne et que Dobson est au cœur de ces victoires, tout le monde saura qu’il aura valu chaque centime de ces 76 millions.

Et là, on pourra repenser aux paroles de Jeffrey Viel, avec un sourire en coin : « La pression de Montréal, ça va être correct pour lui. »

Parce que quand tu as vu un gars à 17 ans, qu’il dominait déjà comme un vétéran, et que tu le vois aujourd’hui prêt à mener la défense d’une des équipes les plus surveillées au monde… tu sais qu’il y a plus que du hockey dans cette histoire.

Il y a un héritage qui commence à se construire.

À suivre...