Revirement de situation à Laval: le ciel tombe sur la tête de Cayden Primeau

Revirement de situation à Laval: le ciel tombe sur la tête de Cayden Primeau

Par David Garel le 2025-04-09

C’est l’histoire d’un rêve qui vire lentement au cauchemar. Un rêve qui portait le nom d’héritage, celui de Primeau, d’un fils qui devait marcher dans les traces de son père, mais qui ne cesse de se faire éjecter de chaque trajectoire professionnelle qu’on lui promettait.

Cayden Primeau devait être le gardien d’avenir du Canadien de Montréal. Pas juste un espoir. Une pierre angulaire. Une fondation. Celui qui allait succéder à Carey Price, ni plus ni moins. Le projet d’une génération, encadré, protégé, chéri par toute l’organisation… ou du moins, c’est ce qu’on a voulu lui faire croire.

Mais aujourd’hui, ce qu’on voit, c’est un gardien éreinté, humilié, rétrogradé, abandonné. Et le pire, c’est que son calvaire n’est pas terminé.

Parce qu’après avoir été tassé par Jakub Dobeš, voilà que le fantôme de Jacob Fowler se matérialise déjà comme la prochaine menace, et peut-être même la dernière.

Primeau, tassé à Montréal.

Primeau, bientôt tassé à Laval.

Primeau, partout tassé.

Quand il a été rétrogradé avant Noël, Primeau l’avait mal pris. Il ne l’a jamais vraiment dit directement, mais à travers ses nombreuses réponses floues, ses non-dits, ses silences pesants, on a tout compris.

Il en voulait à Martin St-Louis. Il en voulait à Kent Hughes. Il en voulait à l’organisation entière pour l’avoir sacrifié dans un ménage à trois qui ne menait nulle part.

Et pourtant, à Laval, il a retrouvé ses repères. Il a recommencé à gagner. Il a offert des performances dominantes. Il a enchaîné les victoires, les arrêts spectaculaires, les blanchissages. Il a rebâti une confiance en ruine. Et surtout, il a trouvé refuge sous la tutelle de Pascal Vincent, un coach qui, à première vue, lui faisait enfin confiance.

Primeau s’est accroché à Vincent comme à une bouée. Il a vanté ses méthodes, il a parlé de l’ambiance, de son sentiment de confort, d’appartenance. Il a laissé entendre que, pour une fois, il sentait que c’était sa place. Son filet. Son vestiaire. Sa mission.

Mais tout ça vient de s’effondrer.

Parce que Jacob Fowler est arrivé. Et Pascal Vincent, sans détour, sans filtre, a confirmé ce que tout le monde redoutait : oui, Fowler va jouer. Oui, on va lui faire une place. Oui, il pourrait garder les buts en séries.

« Pour nos jeunes joueurs, le fait d’expérimenter l’intensité des séries éliminatoires au niveau professionnel les mènera loin dans le futur, et ça inclut les gardiens de but.

On verra comment ça se passe, mais je vais être juste envers l’équipe et envers quiconque connaîtra de bonnes performances. »

Littéralement la seule chose qui appartenait encore à Cayden Primeau – les séries du Rocket – est maintenant menacée.

« J’ai toujours pensé que c’est un privilège d’être ici et d’avoir cette pression-là. C’est une chose que tu dois mériter. Son passé, la façon dont il a joué… Il a gagné ce privilège d’avoir une certaine pression. »

Et cette menace vient d’un gardien de 19 ans, tout juste débarqué du niveau universitaire, qui a encore les valises pleines et les jambes molles du voyage.

Primeau a donc une nouvelle épée au-dessus de la tête. Une autre. La dernière peut-être.

La vérité, c’est que le respect que Pascal Vincent avait pour Primeau n’a jamais été inconditionnel. Il croyait en lui parce qu’il n’avait pas le choix.

Mais à partir du moment où un jeune comme Fowler entre dans la danse, avec ses étoiles dans les yeux et ses trophées universitaires, le cœur de l’organisation se tourne ailleurs. C’est systémique. C’est injuste. C’est cruel.

Mais c’est réel.

Et dans tout ce cirque, Cayden Primeau regarde autour de lui, encore une fois abandonné. Encore une fois relégué. Encore une fois trahi par ceux qui disaient croire en lui.

C’est l’histoire de sa carrière. Un homme qui arrive avec la réputation du prochain grand gardien du CH… et qui est constamment jeté sous l’autobus, échangé de promesse en promesse, piétiné par les vagues successives d’espoirs qui, eux, bénéficient toujours d’un traitement de faveur.

Dobes? On lui a donné le filet sans hésiter. Fowler? On lui tend déjà la cage sans qu’il ait même sué dans une vraie partie.

Primeau? On lui a demandé de gagner sa place… encore et encore.

Le plus ironique, c’est que tout cela arrive au moment où Primeau est à son meilleur. Il est en feu dans la Ligue américaine. Il multiplie les performances solides, il stabilise l’équipe, il inspire ses coéquipiers. Il n’a jamais été aussi efficace. Et pourtant… on prépare déjà son remplacement.

Et la direction ne dira rien. Elle laissera faire. Elle fera semblant que tout est normal. Que c’est la compétition. Que c’est « bon pour l’équipe ».

Pendant ce temps, Kent Hughes s’apprête à lui soumettre une offre qualificative, simplement pour ne pas le perdre gratuitement.

Parce que Primeau devient joueur autonome avec compensation, et que même si on ne croit plus vraiment en lui, on ne veut surtout pas qu’un autre club, comme les Flyers, croie en lui à notre place.

Alors on va tenter de l’enfermer. Encore. Lui offrir un contrat pour l’empêcher d’aller ailleurs, sans pour autant lui donner un vrai rôle.

Et Primeau, lui, devra faire face à un choix cruel : rester dans l’ombre d’une organisation qui ne le veut plus vraiment… ou se battre, encore une fois, pour sa liberté.

Mais soyons honnêtes : il veut partir. Ça transpire dans ses entrevues. Ça suinte dans ses réponses. Depuis qu’il a été rétrogradé, il parle de « plaisir de jouer », de « rythme », de « confiance », de « se sentir à nouveau lui-même ». Et à chaque fois, il précise que ça n’arrivait pas à Montréal.

Il n’a plus rien à perdre. Il ne fera pas de scandale, mais il ne fera plus semblant non plus. Il veut une vraie chance. Et si elle ne vient pas ici, il la prendra ailleurs.

Le Rocket est en séries. Primeau devrait être LE gardien de cette conquête. Mais on parle déjà de Fowler comme du prochain projet. Comme du futur.

Encore une fois, on regarde au-dessus de Primeau. On regarde à travers lui.

Et lui, tout ce qu’il voit, c’est une porte qui se referme. Une autre.

Le cauchemar continue.