Revirement de situation à Montréal: Jonathan Marchessautl veut être échangé au CH

Revirement de situation à Montréal: Jonathan Marchessautl veut être échangé au CH

Par David Garel le 2025-05-28

C’est un tremblement médiatique comme on n’en avait pas vu longtemps.

Un séisme émotionnel, culturel, identitaire. Jonathan Marchessault, l’enfant de Cap-Rouge, le champion de la Coupe Stanley 2023, voudrait maintenant être échangé à Montréal.

Oui, le même Marchessault qui, il y a moins d’un an, regardait les partisans du Canadien de haut en expliquant pourquoi il ne voulait pas signer à Montréal.

« À Montréal, t’as une bonne game, t’es une vedette. T’as une mauvaise game, t’es un joueur de la Ligue américaine. »

Le même qui disait ouvertement que la pression médiatique au Québec était trop intense pour ses enfants, et que la ville ne correspondait tout simplement pas à son style de vie.

« Mes enfants vont à l’école et je ne veux pas qu’ils se fassent achaler parce que leur père n’a pas scoré hier », avait-il lancé sèchement l’été dernier, en pleine saga contractuelle.

« J’ai grandi au Québec, je sais c’est quoi l’environnement médiatique ici. J’ai pas envie que ma famille mange ça chaque jour. »

À l’époque, le flou régnait entre lui et le Canadien. Marchessault laissait entendre que c’est lui qui avait refusé une offre de Montréal. Mais les coulisses disaient autre chose. Kent Hughes n’aurait jamais réellement fait d’offre concrète à long terme.

Selon plusieurs sources internes, le CH aurait simplement proposé deux petites années de contrat, une offre que Marchessault aurait trouvée « insultante » pour un joueur qui venait de remporter le Conn-Smythe avec Vegas. Il a préféré prendre la route dorée de Nashville, signant un contrat de 5 ans, 27,5 millions $ (5,5 M$ par saison) avec Barry Trotz et les Predators.

« Sur papier, Nashville était la meilleure option », avait-il dit alors, convaincu de rejoindre une équipe en ascension.

Mais voilà : la réalité est venue le frapper en pleine poitrine. Nashville, avec son attaque anémique, son désastre tactique, sa direction confuse, est devenu un piège à regrets pour Marchessault. Un véritable cauchemar. 

L’homme a perdu sa mère au tout début de la saison. Il a avoué que sa santé mentale avait été durement affectée. Il n’a jamais retrouvé la joie de jouer.

« Je ne m’attendais pas à ce que le changement d’équipe me prenne autant d’énergie. C’était un été très difficile, honnêtement », a-t-il confié dans une rare entrevue remplie d’émotion.

Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres, le CH de Martin St-Louis surprenait tout le monde. L’équipe, jeune et inspirée, menait une poussée inattendue vers les séries. Et Marchessault, blessé, regardait tout ça… les yeux embués.

« Je vois une équipe inspirée, qui joue à l’image de leur coach. Trio après trio, ils travaillent. C’est une équipe qui mérite de faire les séries. »

Un choc. Une déclaration qui a secoué les médias de New York quand il a osé dire ceci :

« Les Rangers ne méritent pas de faire les séries. Le Canadien, oui. »

En une phrase, Marchessault venait de brûler un pont avec New York… tout en jetant des fleurs à Montréal. Une ville qu’il avait pourtant reniée à grands coups de discours sur la pression médiatique, les caméras dans la cour d’école, les journalistes trop présents. Tout ça, envolé.

Et voilà maintenant que le journaliste Frank Seravalli balance une nouvelle qui excite une province en entier : Marchessault serait prêt à revenir à Montréal.

Il aurait avoué, en coulisse, regretter sa décision de l’été dernier. Il veut être échangé. Il rêve d’un dernier chapitre en carrière avec le CH. Un trio Demidov – deuxième centre – Marchessault est déjà en train d’enflammer l’imaginaire des partisans.

Mais attention : ce rêve est compliqué.

Car en 2024, Marchessault est un contrat indésirable. À 34 ans, avec un cap hit de 5,5 M$ pour quatre autres saisons, Kent Hughes ne veut rien savoir. 

Même si Marchessault a récolté 49 points en 72 matchs cette saison — un rendement honnête — il traîne un différentiel de -16, et sa vitesse n’est plus ce qu’elle était.

Est-ce que Barry Trotz accepterait de retenir une partie du salaire? Est-ce que Montréal pourrait envoyer un salaire indésirable en retour?

Serait-ce l’occasion d’inverser la tendance de l’été dernier, quand Marchessault a snobé le CH pour de l’argent et une fausse promesse de succès à Nashville?

Tout est possible. Marchessault a encore des qualités, un tir foudroyant, une vision, une expérience de séries. Il serait le mentor parfait pour Ivan Demidov, un ailier russe au flair offensif exceptionnel. Mais le CH a déjà trop de vétérans lents. Et Hughes l’a dit : ce n’est pas l’âge qui compte, mais l’utilité.

En coulisses, tout le monde spécule. Kent Hughes est prudent. Marchessault est prêt à revenir à Montréal, mais le train pourrait avoir quitté la gare.

Ironiquement, c’est peut-être en refusant Montréal que Jonathan Marchessault a scellé son sort. Il croyait fuir la pression. Il a trouvé la solitude. Il croyait acheter la paix. Il a hérité du chaos. Aujourd’hui, il tend la main à une ville qu’il a autrefois blessée.

Mais comme on dit souvent au Québec : « Le jardin pousse très bien sans toi. »

Et le CH, lui, n’attend plus personne.

Reste que malgré toute l’amertume, malgré l’historique médiatique tendu, malgré les regrets tardifs et les mots trop souvent mal choisis, il faut quand même se poser la question honnêtement : faut-il considérer Marchessault? 

Car si Barry Trotz est prêt à retenir une portion significative du salaire de Marchessault — disons 2 M$, ou même 2,5 M$ — le risque devient soudainement beaucoup plus acceptable. Un ailier droit expérimenté, champion de la Coupe Stanley, reconnu pour son intensité en séries, à 3 M$ par année? Ce n’est plus le même dossier.

Surtout que selon certaines rumeurs persistantes, les Predators de Nashville seraient très intéressés à Josh Anderson. Et ça, c’est un élément central dans l’équation. 

Parce qu’au contraire de Marchessault, Anderson n’est plus vraiment un “salaire indésirable”. Oui, son contrat court jusqu’en 2027 à 5,5 M$, mais dans les séries, il a été un guerrier pur et dur. Il frappait tout ce qui bougeait, intimidait les défenseurs adverses, et était le seul qui pouvait tenir tête physiquement aux capéroses. 

Si les Predators cherchent du caractère, de l’expérience et de la robustesse, Anderson devient presque un luxe.

Mais il faut être lucide : Nashville ne prendra jamais Brendan Gallagher. Trop cher. Trop ralenti. Trop de blessure accumulées. Son contrat est intouchable pour une équipe qui cherche à se redéfinir. Alors qu’est-ce que Kent Hughes peut réellement offrir? Est-ce que Kirby Dach pourrait devenir une pièce de négociation?

Le contrat de Kirby Dach est très intéressant pour une équipe comme Nashville. À 3,362 M$ par saison jusqu’en 2027, c’est une aubaine potentielle si le joueur retrouve la santé. Dach est jeune (23 ans), gros gabarit, capable de jouer centre ou ailier, et surtout encore contrôlé plusieurs années. Il cadre parfaitement dans une stratégie de rajeunissement.

Et pour Montréal, qui cherche désespérément un vrai deuxième centre établi, sacrifier Dach dans une transaction qui inclurait Marchessault et un autre morceau offensif plus solide pourrait être justifiable.

Imaginez un instant un trio composé d’Ivan Demidov, du deuxième centre tant convoité, et de Marchessault à droite. Ce serait un équilibre parfait entre fougue, vision, expérience, et finition. Et ça, même Kent Hughes doit s’y attarder. Surtout que Marchessault lui tend la main.

L'erreur est humaine. On te pardonne Jonathan. Tu es encore le bienvenu chez toi, au Québec. Reste à voir si Kent Hughes pense la même chose.