Revirement de situation pour Patrick Roy: il reçoit l'appel de Mathieu Darche

Revirement de situation pour Patrick Roy: il reçoit l'appel de Mathieu Darche

Par David Garel le 2025-05-24

Patrick Roy avait le sourire fendu jusqu'aux oreilles hier soir au Colisée Financiere Sun Life de Rimouski.

Loin de la tempête new-yorkaise, l'entraîneur-chef des Islanders semblait flotter sur un nuage. Il saluait les partisans, jasait avec les anciens, riait franchement avec les organisateurs. Son attitude tranchait radicalement avec les dernières semaines passées dans la tourmente à Long Island.

Et pour cause : selon plusieurs espions bien informés, Roy aurait déjà eu une discussion avec Mathieu Darche. Et le verdict officieux circule à vive allure : Patrick Roy restera en poste comme entraîneur-chef des Islanders de New York.

Pour Roy, c'est une rédemption. Un véritable soulagement. Et un virage à 180 degrés après des mois d'incertitude.

Darche, fraîchement nommé directeur général et vice-président des opérations hockey, aurait pu choisir de tourner la page. Il aurait pu nommer "son" homme, comme le font la plupart des nouveaux dirigeants. Mais non. Darche, homme analytique, terre-à-terre, semble plutôt vouloir miser sur la stabilité.

Et surtout, sur un entraîneur qui a implanté un système défensif robuste et qui connaît déjà l'état-major, le vestiaire et les dynamiques internes. Ce serait tout simplement une décision logique pour un gestionnaire comme Darche.

De toute façon, les journalistes new-yorkais commencent eux aussi à sentir le vent tourner. Stefen Rosner, réputé journaliste de Long Island, a même affirmé : « Est-ce que Darche va congédier un compatriote québécois? Je ne pense pas. »

Derriere cette formule se cache une réalité : Patrick Roy a encore des appuis solides à Long Island, à commencer par Lou Lamoriello lui-même, qui a recruté Roy et qui reste très influent dans l'organisation. Sans oublier qu'on ne veut certainement pas payer deux entraîneurs en même temps.

C'est donc avec une barbe naissante, symbole de relâchement et de libération, que Roy s'est présenté à Rimouski. Un clin d'œil à ce qu'il n'avait pas pu faire sous Lamoriello : porter la barbe.

Et si certains doutaient encore de la volonté de Roy de rester en poste, les confidences faites à ses proches dissipent l'ambiguïté : il est déterminé à rester, à travailler avec Darche, et même à s'impliquer plus activement dans les décisions hockey.

C'est d'ailleurs le scénario évoqué par Rosner : une implication grandissante de Roy dans la gestion de l'alignement.

Darche, seul au sommet de la pyramide hockey, sans président au-dessus de lui, pourrait vouloir s'appuyer sur l'expérience de Roy dans la construction de l'équipe.

Et sur le plan hockey, Roy sait ce qu'il veut. Il a déjà ciblé des carences, il a des pistes pour l'utilisation du premier choix au total, et surtout, il veut bâtir autour d'une structure défensive éprouvée. En ce sens, il pourrait rapidement s'entendre avec Darche, qui valorise la discipline tactique.

Pourrait-il avoir son mot à dire lors du repêchage, alors que les Islanders détiennent le premier choix au total?

S'il y a bien une chose qu'on a apprise au fil des années, c'est que Patrick Roy adore les attaquants dynamiques qui peuvent faire la différence d'eux-mêmes.

En 2013, alors que toute l'organisation du Colorado penchait vers Seth Jones — fils de Popeye Jones, héros local à Denver avec les Nuggets —, c'est Patrick Roy qui avait fait pencher la balance en faveur de Nathan MacKinnon. I

l voulait un gars explosif, capable de changer un match en une seconde, pas un défenseur, aussi prometteur soit-il. Il avait convaincu Joe Sakic, à l'époque DG, de foncer avec lui. Et l'histoire lui a donné raison.

Aujourd'hui, alors que les Islanders de New York possèdent le tout premier choix au repêchage 2025, le scénario se répète.

Officiellement, c'est Mathieu Darche qui prendra la décision finale. Il sera intéressant de voir si Roy pourrait déjà faire sentir son influence. Il se murmure que Roy serait intrigué par le fait de repêcher un attaquant plutôt qu'un défenseur comme Matthew Schaefer, pourtant considéré par plusieurs comme le meilleur joueur disponible.

Pourquoi? Parce que Roy a un faible pour les game breakers. Michael Misa, capitaine à Saginaw, a été étiqueté très tôt comme un surdoué offensif, et il coche toutes les cases du type de joueur que Roy aime construire autour. 

Et il y a aussi James Hagens, originaire de Long Island. Oui, le lien émotionnel est fort, mais c'est surtout le fait que Hagens a le flair, la vision et la vitesse pour devenir une pierre angulaire de franchise, même si les recruteurs sont déçus de son année de repêchage. Roy le sait.

Le clin d'œil du destin serait qu'encore une fois, Roy se retrouve à convaincre de privilégier un attaquant électrisant à un défenseur élite. Va-t-il influencer Darche pour répéter l'histoire? Tout est possible.

Mais en attendant de retourner à Long Island, Roy savoure son moment à Rimouski. Et paradoxalement, c'est dans cette même ville qu'il vit aussi une autre émotion sans pitié : la déception de voir l'Océanic, qu'il avait aidé à préparer pour la Coupe Memorial, s'écrouler face à Gavin McKenna.

C'était l'une des grandes histoires du tournoi : Roy avait passé des semaines à conseiller Joël Perrault, le jeune entraîneur-chef de Rimouski. Il l'avait guidé dans la planification d'un système défensif capable de freiner McKenna, le prodige de Medicine Hat.

Mais le plan s'est effondré. McKenna a dominé, l'Océanic était dépassé, et Perrault n'a rien pu faire. Roy, dans les estrades, devait sentir le poids de l'échec. Lui qui déteste perdre. Lui qui avait mis tout son cœur à aider un compatriote.

Un jour, Roy a été celui qui « sauvait » les équipes. Aujourd'hui, il essaie de survivre dans un monde qui ne lui laisse plus beaucoup de marge. Mais peut-être, juste peut-être, que Darche est la personne qui peut lui offrir une véritable deuxième chance.

Et c'est ce contraste entre la défaite de Rimouski et la rédemption à Long Island qui rend la situation de Patrick Roy si fascinante.

Mais avec Darche, l'approche risque d'être bien différente. Moins impulsive, plus analytique. On parle d'une possible restructuration du personnel adjoint. Peut-être que son adjoint Benoît Desrosiers ne passera pas l'été. Peut-être qu'il survivra. Mais Roy, lui, aurait reçu un sursis. Une nouvelle page.

Il n'a plus qu'à la remplir avec sagesse, réflexion, et surtout, avec l'humilité d'un homme qui a frôlé la sortie de route. Mathieu Darche, en le gardant, envoie un message : il croit encore en Patrick Roy.

Reste à voir si Patrick Roy, cette fois, saura être à la hauteur de cette confiance retrouvée.