Il n'y a pas photo pour Dany Dubé.
Pour lui, le Canadien de Montréal n’a plus le choix : il faut ajouter un vrai centre, un gaucher, un vétéran capable de gagner ses mises en jeu, d’éteindre les feux défensifs et de stabiliser une équipe qui carbure à l’émotion, mais "shake" encore dans les petits détails.
Et selon Dubé, un seul nom répond à tous ces critères : Ryan O’Reilly.
Le Canadien a aujourd’hui un trou béant au cœur de sa formation : le manque de profondeur au centre, notamment du côté gauche.
Jake Evans prend 82 % des mises en jeu en désavantage numérique depuis le début de la saison, un chiffre astronomique, impossible à soutenir à long terme.
Derrière lui, rien.
Oliver Kapanen n’a pas encore le volume de jeu défensif nécessaire, et Joe Veleno n’a pas été testé dans ce rôle.
Martin St-Louis doit constamment bricoler.
Danny Dubé l’a dit sans détour :
« Si l’équipe commence à trébucher dans ce département-là, ou si jamais on perd Jake Evans, c’est terminé. Il faut de la profondeur. Il faut un vétéran gaucher. Et Ryan O’Reilly coche toutes les cases. »
À 34 ans, Ryan O’Reilly reste l’un des centres les plus complets de la LNH.
Gagnant du Trophée Selke, du Conn-Smythe et de la Coupe Stanley, il est reconnu pour son éthique de travail, sa précision dans le cercle des mises en jeu (près de 56 % en carrière) et son calme dans les moments critiques.
Et contrairement à plusieurs vétérans du même âge, il n’est pas sur le déclin : il joue encore près de 20 minutes par match à Nashville, affronte les meilleurs trios adverses et contribue autant à l’attaque qu’à la relance défensive.
Dubé l’a résumé avec justesse :
« C’est un gars qui fait tout sur la glace. Tu l’envoies en avantage, en désavantage, dans les dernières minutes… tu peux bâtir autour de lui. »
Et c’est exactement ce dont Martin St-Louis a besoin : un joueur fiable, capable d’alléger la charge de Nick Suzuki, de permettre à Ivan Demidov de jouer avec un centre d’expérience et de combler les trous d’un alignement qui, malgré ses talents offensifs, souffre d’un déséquilibre effrayant dans le cercle.
Ce qui rend ce scénario crédible, c’est que les Predators de Nashville sont tout proches d'une vente de feu.
Barry Trotz, le directeur général, a lui-même laissé entendre qu’il pourrait écouter les offres pour ses vétérans si l’équipe ne parvenait pas à s’imposer dans la course aux séries.
Le nom d’O’Reilly revient donc logiquement dans les discussions.
Il reste un an à son contrat, à 4,5 millions de dollars par saison, un montant plus que raisonnable pour une équipe comme Montréal, qui a encore de la marge sous le plafond.
Dubé l’a d’ailleurs souligné :
« C’est du court terme, il a 34 ans, il reste un an de contrat. Ça ne brasse pas la masse salariale du Canadien, et ça te rend tout de suite meilleur. »
À Nashville, on aime le profil d’Owen Beck, qui incarne justement ce que les Predators veulent bâtir : un joueur intelligent, responsable, formaté pour les situations défensives.
Des discussions exploratoires ont déjà eu lieu, et selon plusieurs sources, Kent Hughes aurait même évoqué l’idée d’inclure un choix de premier tour protégé pour équilibrer la balance.
C’est dire à quel point le Canadien prend le dossier au sérieux.
La question, désormais, n’est pas de savoir si le Canadien veut un centre, mais quand il est prêt à payer le prix.
Hughes a toujours été clair : pas question de sacrifier ses jeunes "stud", David Reinbacher ou Michael Hage.
Mais Owen Beck, un choix de 1ère ronde et un autre élément pourrait convaincre les Preds.
Dubé l’a parfaitement exprimé :
« À court terme, tu payes un peu plus cher, mais il va te permettre d’être compétitif. »
O’Reilly, dans ce contexte, serait un parachute intelligent : il stabiliserait le groupe pour deux saisons, donnerait un mentor à Kapanen et Dach, tout en permettant à l’équipe de poursuivre sa progression sans brûler ses jeunes.
Le lien entre Ryan O’Reilly et Martin St-Louis est évident.
Les deux partagent la même philosophie du jeu : engagement total, rigueur défensive, obsession du détail.
St-Louis le répète souvent : il veut des joueurs qui pensent le hockey. O’Reilly le pense à chaque respiration.
Et que dire de son potentiel impact sur Ivan Demidov ?
Dubé l’a imaginé à voix haute :
« O’Reilly avec Demidov, ce serait incroyable. Il comprendrait tout de suite comment le faire briller. »
Un vétéran calme, précis, capable d’absorber la pression pour libérer un jeune talent : la combinaison est parfaite.
On le sait, Demidov tire mieux, prend plus d’initiatives, et commence à comprendre les nuances du jeu nord-américain.
Mais pour qu’il atteigne son plein potentiel, il lui faut un centre capable de lui donner des rondelles dans le bon tempo, de le protéger dans les transitions, et de contrôler la zone neutre.
O’Reilly, c’est exactement ça.
Dans le marché actuel, les véritables centres de qualité disponibles sont une denrée rare.
Les Bruins gardent Pavel Zacha, les Flames refusent encore de céder Nazem Kadri, et les Predators, eux, écoutent.
C’est une fenêtre fragile, mais réelle.
Et contrairement à un joueur comme Bo Horvat, que Dubé cite aussi comme un fit parfait mais inabordable à 8,5 M$ jusqu’en 2030, O’Reilly reste un achat à court terme, flexible et sans risque majeur.
Surtout que pour Horvat, les Islanders ne veulent rien savoir de le laisser partir en ce moment, eux qui visent les séries.
Voilà pourquoi O'Reilly, ce serait, pour Kent Hughes, un coup stratégique.
Un geste de maturité sportive.
Un signal clair envoyé au vestiaire et aux partisans : Montréal n’attend plus. Montréal agit.
Depuis Phillip Danault, le Canadien cherche ce profil.
Un centre fiable, discipliné, qui peut neutraliser l’adversaire et supporter Suzuki.
O’Reilly n’est peut-être pas un joueur de 70 points, mais il fait gagner des matchs. Il est de loin supérieur à Danault, autant offensivement que défensivement.
Il ne révolutionnera pas l’attaque, mais il stabilisera la structure.
Et dans un club où le désavantage numérique repose sur un seul homme (Jake Evans), il serait une bouffée d’oxygène immédiate.
Son expérience, sa côté papier sablé et sa présence dans le vestiaire auraient un effet incroyable en séries.
On parle ici d’un joueur qui a changé la culture à St-Louis en 2019 pour gagner la Coupe Stanley, exactement ce que St-Louis, l’entraîneur cette fois, veut faire à Montréal.
Dany Dubé n’est pas un romantique du hockey. C’est un technicien.
Et quand il dit qu’il faut Ryan O’Reilly, ce n’est pas un rêve : c’est une lecture stratégique du moment.
Le Canadien est à une pièce près de franchir un cap.
Et cette pièce, c’est peut-être un vétéran de 34 ans, calme, compétent, disponible et motivé.
Le reste, c’est une question de timing.
Si Kent Hughes veut combler son vide au centre sans compromettre son futur, Ryan O’Reilly est la pièce parfaite.
