L’image était troublante. Six buts encaissés sur 29 tirs. Une défaite humiliante à Edmonton. Et surtout, un silence assourdissant.
Quand on regarde les faits saillants de cette soirée catastrophique, on voit un homme... brisé...
Samuel Montembeault, lessivé, n’a pas dit un mot. Ni devant les caméras, ni dans le vestiaire. Seul Martin St-Louis a parlé pour lui. Mais les mots ne suffisent plus à cacher l’évidence : le gardien québécois est en chute libre.
Sa moyenne de buts alloués a explosé à 3.82. Son pourcentage d’efficacité a plongé à .842. Des chiffres catastrophiques, parmi les pires de l’histoire récente du Canadien. Et au-delà du sport, il y a l’humain. Parce que derrière les arrêts ratés et les critiques incessantes se trouve une famille qui souffre.
Sa mère, Manon Royer, a tout récemment brisé le silence sur les ondes du 98,5 FM. Avec une sincérité bouleversante, elle a exprimé ce que trop de partisans oublient : la violence psychologique du sport professionnel sur les proches.
« Comme maman, ça m’affecte beaucoup », a-t-elle confié.
« Il ne faut pas oublier qu’il a seulement 27 ans. Il est encore très jeune, c’est un garçon qui est très sensible. Ce n’est pas parce qu’il est dans la LNH qu’il est protégé contre tout. »
Royer a également souligné l’impact horrible des réseaux sociaux, ces vitrines où les insultes pleuvent et où la pitié est absente.
« J’ai lu des choses très, très, très méchantes. Les gens ne réalisent pas à quel point ce qu’ils disent peut faire mal. »
Et comment lui donner tort? Depuis plusieurs jours, Montembeault est la cible d’un feu nourri sur X, Facebook et dans les médias sportifs de Montréal.
Certains réclament son envoi au ballottage. D’autres appellent à son échange immédiat. Même les analystes les plus modérés n’ont pu ignorer l’effondrement.
Mario Langlois parlait d’une « dégringolade ». Renaud Lavoie, de son côté, tente de le défendre. Il a rappelé que le match contre les Oilers s’est joué sur des erreurs défensives criantes, des revirements coûteux et une indiscipline qui a mené à plusieurs désavantages numériques.
Mais même ces voix modérées n’arrivent plus à convaincre : Montembeault n’est plus le numéro un.
Tout le monde sait que c’est Jakub Dobeš qui affrontera les Canucks de Vancouver samedi. Tout le monde comprend que Dobeš est maintenant le titulaire.
Loin d’être une surprise, c’est la suite logique d’un passage de flambeau que St-Louis n’ose pas nommer. Et c’est précisément ce silence-là qui a mis José Théodore en furie.
L’ancien récipiendaire du trophée Hart a carrément sauté une coche, dénonçant le traitement infligé à Montembeault.
« Il a gagné contre Seattle! Pourquoi on ne lui a pas redonné le filet contre Nashville », s’est-il emporté au micro de Mario Langlois.
« Dobes, il n’a aucune pression. C’est facile pour lui. Mais Samuel, lui, il doit se battre pour garder son poste, et on lui enlève le filet après une victoire? Je l’aime, Martin St-Louis, mais là, il a coaché comme un attaquant, pas comme quelqu’un qui comprend les gardiens. »
Le problème? Théodore a lancé ces accusations avant le match fabuleux de Dobes à Calgary. Depuis, ses propos ont pris un ton presque gênant.
Car la réalité est cinglante. Samuel Montembeault a eu sa chance. Il avait devant lui une occasion en or de regagner la confiance de son entraîneur. Résultat : six buts, dont certains franchement évitables. Sa gestuelle semblait lente, son positionnement hésitant.
Il n’est plus le gardien calme et affamé qui avait conquis les partisans la saison dernière Il est nerveux, instable, brisé. Un « choke » monumental, diront certains. Un homme sous pression, diront d’autres. Peu importe l’angle : il ne se remettra pas de ce match.
Le pire, c’est que son effondrement est public. Sa mère l’a dit :
« Samuel n’est pas quelqu’un qui aime attirer l’attention. Il n’est pas porté à aller sur les réseaux sociaux. Mais nous, sa famille, on lit tout ça. Et ça fait mal. »
Le mot « inquiétude » n’est pas exagéré. On sent dans ses propos l’angoisse d’une mère qui voit son fils se noyer sous le poids d’une ville, d’un poste, et d’un système qui ne pardonne rien.
Même les médias commencent à se diviser. Certains prennent sa défense. D’autres posent les vraies questions : est-ce la fin?
Parce que les chiffres ne mentent pas. Un pourcentage d’efficacité de .842, c’est inacceptable à ce niveau. Une moyenne de 3.82, c’est du jamais vu depuis les années noires du club.
Et pendant ce temps, Jakub Dobeš multiplie les performances solides. Quatre victoires en quatre matchs. Un calme impressionnant. Un .950 d’efficacité, une moyenne de buts alloués de 1,47.
Il n’a pas besoin de forcer pour convaincre. Il laisse Montembeault s’auto-détruire.
L’ironie, c’est que les Oilers faisaient partie des équipes intéressées à acquérir Montembeault. Mais avec une performance aussi catastrophique devant leurs propres yeux, il est clair qu’Edmonton vient de rayer son nom de la liste.
Kent Hughes a peut-être trop attendu. Il est désormais piégé avec un gardien qui a perdu toute valeur marchande, dont le contrat modeste de 3,15 M$ jusqu'en 2027 devient soudainement encombrant, et qui est coincé entre la montée de Dobeš et l’arrivée éventuelle de Jacob Fowler.
Mais au-delà du hockey, c’est un jeune homme, une famille, une région, qui regarde ce naufrage avec impuissance.
Le sport professionnel est cruel. Et Montréal, plus que toute autre ville, sait transformer une étoile en bouc émissaire. Samuel ne mérite peut-être pas tout ce qui lui arrive. Mais il ne pourra pas y échapper. Pas ici. Pas maintenant.
Montréal et le Québec en entier... seront sur don dos... à vie...
