Les faits sont sans pitié, mais impossibles à contourner : le Canadien vient de retirer à Samuel Montembeault son statut de gardien numéro un, et Martin St-Louis l’a confirmé sans même s’en rendre compte.
Quand un coach refuse d’assumer une phrase qu’il a lui-même prononcée deux semaines plus tôt, « Montembeault doit prendre la charge d’un #1 », et répond : « Quand est-ce que j’ai dit ça? », c’est que le revirement de destin est fait.
Le message est passé. Et ce matin, la décision est tombée : contre Toronto, un samedi soir au Centre Bell, c’est Jakub Dobeš qui obtient le départ.
Ce détail, dans le monde du hockey, vaut mille déclarations. Le samedi soir à domicile, c’est le match du numéro un. Contre Toronto en plus. Le match du gardien de confiance. Le match que tu donnes à ton roc, pas à ton gardien qui cherche encore son souffle. Si Dobeš démarre, c’est que Montembeault ne l’est plus. Point final.
Et St-Louis le sait. Toute la LNH le voit.
Pendant que Montréal se débattait avec son malaise devant les journalistes, à Washington, on se payait littéralement la tête de Montembeault.
Selon les infos qui circulent dans les coulisses de la ligue, et qui enflamment déjà les réseaux, les joueurs des Capitals se moquaient ouvertement de Montembeault sur la glace.
Certains lui ont même crié qu'il allait pleurer comme Jakub Dobes. Tom Wilson l'aurait traité de "double menton" ("double chin") entre les sifflets.
Sûrement qu'il a lu les commentaires inacceptables des réseaux socieux traitant le gardien de grassouillet et "out of shape".
On rit de lui dans les estrades, dans le vestiaire, sur la glace. On le traite de fragile. On le vise. On l’attaque.
Le pire?
C'est qu'à Washington, on nargue aussi Jake Evans en le traitant de "fakeux", vu qu'il sera en uniforme ce soir.
Les proches de Wilson affirment qu'Evans semblait sans vie sur la glace et voilà qu'il est en pleine forme. Bref, ils nous traitent de pleurnicheurs.
Pendant que le CH cherche désespérément un gardien fiable, une autre histoire se joue : Florian Xhekaj fait ses débuts officiels dans la LNH.
Trio : Xhekaj - Evans - Anderson.
Du patin, du chaos, du physique, un trio qui va frapper tout ce qui bouge.
Mais ce qui frappe le plus?
Joshua Roy est laissé de côté.
Encore un signe que le Québécois ne fait pas partie de l'avenir tellement il est devenu nuisible dans cette organisation.
Bientôt, ce sera Samuel Montembeault qui ne sera plus le bienvenu.
Dans la LNH, un coach sait toujours qui joue un samedi soir à la maison.
Toujours.
Sauf quand il est en train de renverser sa hiérarchie.
Quand St-Louis a simulé, hier, l’incertitude, « Je ne sais pas encore qui jouera », les journalistes l’ont tous vu venir.
Et sa réponse la plus révélatrice, lorsqu’on lui a rappelé qu’il avait affirmé que Montembeault était son #1?
« Quand est-ce que j’ai dit ça? »
Ce n’est pas une phrase de gagnant. C’est une phrase de coach qui recule. Les mots d'un perdant.
Une phrase qui coupe les liens.
Une phrase qui retire la confiance.
Une phrase qui confirme ce que tout le monde savait déjà : Montembeault n’est plus son homme.
Le plus cruel, dans toute cette histoire, c’est que le Canadien a déjà eu entre les mains sa porte de sortie parfaite. L’an dernier, quand Samuel Montembeault surfait sur sa meilleure séquence en carrière, les Oilers d’Edmonton étaient prêts à payer le prix fort : un choix de première ronde dans une année ultérieure (2027?)
Oui, un premier choix. Pour un gardien aujourd’hui incapable d’arrêter un tir de trente pieds sans écran. Pour un joueur devenu la risée des adversaires et un fardeau dans son propre vestiaire.
À l’époque, Montréal croyait tenir un numéro un. Aujourd’hui, il ne vaut plus rien. Le marché s’est effondré sous ses pads. L’organisation a attendu trop longtemps, protégée par l’illusion que Montembeault allait encore sauver quelque chose.
Un actif qui hier valait de l’or, et qui, maintenant, ne vaut même plus une conversation sérieuse entre directeurs généraux. Le Canadien a perdu son moment.
Et Montembeault a perdu son statut. Le reste, ce soir, ne sera que la confirmation de ce qu’on savait déjà : l’histoire de Samuel Montembeault à Montréal est arrivée au bout… et c’est le club qui paie la facture.
