Propos déplacés de Martin St-Louis: Jakub Dobeš ne mérite pas ce traitement

Propos déplacés de Martin St-Louis: Jakub Dobeš ne mérite pas ce traitement

Par David Garel le 2025-11-04

Une tempête numérique tombe sur la tête de Samuel Montembeault suite à la déclaration de Martin St‑Louis qui a mis le feu au web.

Il n’aura fallu qu’une seule phrase pour que les réseaux sociaux s’enflamment.

« Je crois que tu dois avoir un gardien capable de prendre le gros de la charge de travail et je pense que ce gardien est Montembeault », a déclaré Martin St‑Louis avec son calme habituel pour expliquer pourquoi Sam était devant le filet ce soir contre les Flyers. 

Une déclaration qui, dans un autre contexte, aurait pu passer pour un simple vote de confiance. Mais dans la réalité du moment, celle où Jakub Dobeš affiche une fiche parfaite de 6‑0, pendant que Samuel Montembeault traîne des statistiques de fond de classement, ces mots ont eu l’effet d’une explosion.

En moins d’une heure, les réactions ont envahi X, Reddit, Facebook et les sections commentaires : des milliers de messages outrés, moqueurs ou déçus.

Sous la publication de TVA Sports annonçant la décision, c’est un véritable déluge. 

« Quelle joke, une slap dans la face de Dobeš », 

« Énorme erreur »

« Quel loser »,

« 6‑0, le meilleur gardien de la LNH contre le pire ».

Des fans anglophones comme francophones s’en sont pris directement à St‑Louis : 

« Ce gars veut vraiment perdre son emploi ».

La majorité voit dans les propos du coach un favoritisme flagrant envers Montembeault, justifié uniquement par sa nationalité. Le mot‑clic #TeamDobes a même brièvement trôné parmi les tendances sportives du jour à Montréal.

Ce qui choque surtout, c’est le ton de St‑Louis : en affirmant que « le gardien capable de prendre la charge de travail, c’est Montembeault », il sous‑entend que Dobeš n’est pas encore prêt à être un numéro un.

Un message que le vestiaire, la base partisane et les analystes reçoivent comme une gifle. On lui offre encore un traitement de faveur.

Et le souvenir d’une scène mal digérée refait surface : la saison dernière, St‑Louis avait refusé d’envoyer Dobeš garder les buts contre les Blues à Saint‑Louis, sa ville adoptive, alors que toute sa famille l’attendait dans les gradins.

Quand il a quitté Brno à 16 ans, il est débarqué seul à St-Louis, adolescent, pour entamer son parcours nord-américain, sans filet, sans promesse, avec comme seul bagage un rêve et un équipement de gardien.

Il s’est retrouvé en pension chez une famille locale, tissant des liens humains profonds, presque familiaux. Cette famille est devenue sa deuxième. Et cette ville, son refuge.

Durant cette période formatrice, Dobeš a porté les couleurs des Blues de Saint-Louis AAA 18U. Il a passé des centaines d’heures sur la glace, dans les gyms, dans les autobus d’équipes juniors, pour devenir un espoir crédible.

C’est cette même ville, Saint-Louis, qui a servi de tremplin vers la USHL, où il s’est imposé avec les Lancers d’Omaha, à deux pas du Missouri. Même dans cette transition, le lien avec Saint-Louis était toujours là, ses anciens coachs et coéquipiers suivaient encore son parcours. Il revenait fréquemment voir ses proches. Il n’a jamais rompu avec ce coin de pays.

Plus encore, son père adoptif était atteint du cancer et était présent. Il est finalement décédé juste avant le camp d'entraînement de cette saison.

Alors, lorsque le calendrier a révélé que le Canadien allait disputer un match à Saint-Louis, l’émotion était énorme chez ses proches. Ce n’était pas un arrêt banal sur la route. Pour Dobeš, c’était un retour à la maison.

Il l’avait tellement anticipé qu’il avait publié une story Instagram quelques heures avant la rencontre, laissant deviner l’excitation et la fierté. Une dizaine de proches étaient dans les gradins. Anciens entraîneurs. Coéquipiers juniors. Amis d’enfance d’adoption. Tous attendaient le moment.

Mais ce moment ne viendra jamais. Dobeš est resté cloué au bout du banc, alors que Martin St-Louis a décidé d'envoyer Samuel Montembeault. Sans explication. Sans justification. Ignoré.

Ce que plusieurs voyaient comme une occasion de récompenser le jeune gardien, de saluer son chemin parcouru, s’est transformé en humiliation froide et silencieuse.

Et le plus troublant, c’est que personne n’a su, ni pu expliquer pourquoi. Pourquoi l’homme qui avait dit prôner l’humain avant la stratégie n’a pas tendu la main à son jeune espoir dans un contexte aussi fort en symbolique?

Pourquoi Martin St-Louis, qui connaît lui-même le poids d’un match dans une ville significative, n’a-t-il pas vu la portée émotionnelle de ce moment?

Aujourd’hui, le mauvais film recommence. Le jeune Tchèque, invaincu, reste sur le banc pendant qu’un gardien en difficulté enchaîne les départs.

Ce qui devait être un simple choix sportif est devenu une crise d’image. Des comptes de partisans tournent déjà la situation en dérision, surtout après la mauvaise publicité de Montmbeault, la nouvelle figure de la poutine au poulet ranch de McDonald's.

On a même vu une image de St‑Louis versant du ranch sur une fiche de statistiques, slogans comme « Start the goalie who stops pucks, not fries ».

La campagne publicitaire de Montembeault avec McDonald’s se transforme en punching‑ball numérique. Et pendant que l’orage médiatique éclate, l’homme au cœur de la tempête garde le silence.

On espère qu’il n’ouvre pas son téléphone avant le match, car la lecture serait brutale : on le traite de « favori du coach », de « gros contrat à protéger », d’« erreur québécoise ».

Pour Martin St‑Louis, cette tempête révèle le prix d’une fidélité mal comprise. En voulant protéger Montembeault, il vient de braquer la lumière sur une fracture bien plus profonde : celle entre l’émotion et la performance, entre le cœur et la logique.

Et pour la première fois depuis le début de la saison, la colère populaire ne vise plus seulement un gardien, mais bien l’entraîneur lui‑même.

Ce soir, au Centre Bell, Montembeault a toute la pression du monde.