L'entrevue de Samuel Montembeault après l'entraînement à Brossard était... malaisante au possible..
Le Québécois, visiblement secoué, s’est présenté devant les journalistes après sa performance plus que douteuse face aux Kings de Los Angeles. L’échange était lourd. Les questions se heurtaient à des réponses désorganisées, défensives, presque désespérées.
Le gardien québécois, autrefois perçu comme une option stable, était à nu. Et plus le point de presse avançait, plus la fracture devenait évidente.
Interrogé sur son erreur monumentale qui a mené directement au but de Kevin Fiala, Montembeault a bredouillé une justification qui n’a fait qu’alimenter le malaise
: « J’avais aucune idée que Fiala était en arrière. La première déviation, je voulais juste la mettre dans le coin. Sans le savoir, je l’ai mise directement sur sa palette. J’avais aucune idée qu’il était là. »
Une séquence désastreuse, qui représente un gardien dépassé par les événements. Mais au lieu d’assumer pleinement, Montembeault s’est réfugié derrière les excuses, évoquant des ‘mauvais bonds’, un vocabulaire que même ses coéquipiers ont cessé d’utiliser.
Le moment le plus troublant de l’entrevue est pourtant survenu lorsqu’un journaliste a tenté une comparaison avec Carey Price.
Martin McGuire a évoqué un parallèle entre Montembeault et l’ancien numéro 31. La salle s’est figée. Comment peut-on comparer l'un des plus grands gardiens de l'histoire du CH à un gardien en panique soir après soir?
Martin McGuire : « Est-ce que tu commences à vivre un peu ce que des gars comme Price et compagnie ont vécu avant toi ? »
Montembeault était tellement mal à l'aise.
« Qu'est-ce que tu veux dire ? »
McGuire a dû se justifier: « Les attentes, l’observation constante… En janvier, est-ce que tu avais bien placé ton bloqueur ? Est-ce que tu trouves que cette pression-là est plus présente que jamais cette année ? »
Samuel Montembeault : « Oui, je pense que oui. Les attentes sont évidemment plus élevées. On s’attend à gagner chaque match et à être compétitifs dans chaque match. Quand il y a des matchs qui ne se passent pas bien, on va tout analyser, on essaie de voir ce qui a mal été. Mais je pense que même avant chaque match, on regarde ce qui n’a pas bien été. On fait de la vidéo et des choses comme ça, puis on essaie de tout corriger pour le match suivant. »
Sam voulait se cacher. Cet extrait vidéo nous donne des sueurs froides tellement on a mal pour le Québécois:
Plus la conférence avançait, plus il devenait clair que Montembeault ressentait la pression. Il a évoqué des séquences ‘à départ rapide’ qu’il avait du mal à contrôler.
Il a admis des moments d’inattention : « Je dois rester focus. Faut que je sois dedans pendant 60 minutes. »
Mais ce n’est pas seulement sa concentration qui était en cause. C’est son lien avec la réalité. À la toute fin, dans un aveu inquiétant, il a confessé avoir supprimé son compte Instagram : « C’était trop méchant. »
« C’est juste des mauvais commentaires. J’ai supprimé Instagram pour ça. T’sais, t’essaies de pas trop lire, mais des fois c’est dur. Pis quand ça va bien, ça va bien, mais quand ça va mal, là, c’est juste du négatif. »
Les commentaires qui l’ont poussé à supprimer Instagram allaient bien au-delà des simples critiques sportives. Depuis le début de la controverse des gardiens à Montréal, les réseaux sociaux sont devenus un dépotoir où certains partisans déversent leur haine, souvent de manière personnelle.
On y lit parfois des attaques sur sa famille, sa conjointe, son accent, son débit de parole ou même son intelligence. C’est d’une violence horrible, quotidienne, difficile à encaisser pour n’importe qui, encore plus pour un athlète qui tente de maintenir sa confiance dans un marché aussi passionné que Montréal.
En admettant qu’il a supprimé son compte pour fuir ces attaques, Montembeault a ouvert une porte sur une réalité trop souvent passée sous silence : le prix émotionnel d’être un gardien du Canadien.
Le joueur n’a pas seulement perdu ses repères techniques ou tactiques. Il a perdu le lien avec l’environnement professionnel qui l’entoure.
À Montréal, chaque joueur est sous la loupe. Mais supprimer Instagram, ce n’est pas fuir les insultes. C’est fuir la réalité. Montembeault ne veut plus lire ce que les gens pensent. Il veut s’enfermer dans une bulle. Le problème, c’est que cette bulle explose à chaque match.
Depuis le début de la saison, on sent une tension constante autour de Montembeault. Une nervosité évidente, une gestuelle incertaine, une difficulté à imposer sa présence dans le filet.
Lors des échauffements, il est déjà en panique. Lors des arrêts faciles, le Centre Bell murmure. Les partisans n’ont plus confiance. Ils espèrent des rebonds heureux. Ils prient pour un miracle. Ils attendent un gardien qui n’arrive plus.
Ce qui devait être la saison de la confirmation est en train de devenir une lente descente. Et la déclaration de Montembeault à propos de son Instagram ne fait que confirmer cette spirale
: « Il faut que j’écoute personne, ni les bons, ni les mauvais commentaires. Faut que je me concentre sur moi. »
Le plus troublant, c’est que ce point de presse ne semblait pas être une exception, mais bien une confirmation. Confirmation que Montembeault est dépassé. Confirmation que le poste de numéro un glisse lentement mais sûrement vers Dobeš. Confirmation que même Martin St-Louis, d’habitude si protecteur, peine à cacher son agacement.
Alors non, ce n’est pas à Carey Price qu’on a pensé en l’écoutant. C’est à Al Montoya. à Peter Budaj. À Dustin Tokarski.
Des noms que les partisans du CH connaissent trop bien, parce qu’ils ont toujours été synonymes d’échecs temporaires. Des solutions de rechange.
Montembeault n’a peut-être pas dit son dernier mot, mais pour l’instant, son silence sur Instagram parle plus fort que toutes ses réponses.
