Samuel Montembeault a signé hier soir la plus grosse «extension de contrat» de sa vie… mais pas avec le Canadien de Montréal.
Devant famille et amis, il a scellé son avenir amoureux avec Daryanne Ayotte dans un mariage célébré en grande pompe, immortalisé sur Instagram avec des stories qui ont rapidement fait le tour de la planète hockey.
Dans la salle, on retrouvait plusieurs visages familiers : Mike Matheson, David Savard, Alexandre Carrier, Rafaël Harvey-Pinard, Brendan Gallagher et même un invité surprise, Jonathan Drouin, qui avait pourtant disparu du décor montréalais depuis deux ans.
Ce n’est pas rien de voir Drouin réapparaître aux côtés de son ancien coéquipier, preuve que certains liens dans le vestiaire survivent même aux départs et aux blessures de carrière.
Le mariage a donc été une célébration digne d’un film québécois où l’on mélange nostalgie, humour et émotions, et Montembeault, sourire aux lèvres, venait d’officialiser l’engagement le plus solide de son existence.
Mais voilà, si son avenir amoureux est désormais verrouillé à tout jamais, son avenir professionnel avec le Canadien, lui, est tout sauf assuré. Et c’est là que le contraste devient savoureux.
Car pendant que Montembeault posait fièrement avec sa bague et ses invités, les amateurs de hockey savaient très bien que le gardien québécois n’est pas en position de dormir sur ses deux oreilles à Montréal.
Son contrat actuel, signé en décembre 2023, est un pacte de trois ans d’une valeur annuelle de 3,15 millions.
Une belle récompense à l’époque pour un gardien qui venait de s’imposer comme l’homme de confiance du Tricolore. Mais dans ce deal, aucune clause de non-échange.
Rien. Zéro protection. En d’autres mots, Montembeault pourrait être échangé demain matin si Kent Hughes en avait envie, et lui ne pourrait absolument rien y faire.
Voilà une réalité qui tranche brutalement avec le romantisme de son mariage. Dans l’amour, il a blindé son avenir.
Dans le hockey, il reste à la merci d’une direction qui ne l’a jamais vraiment vu comme le gardien numéro un du futur. C’est cruel, mais c’est la vérité.
Et comme si ce n’était pas assez, une ombre plane déjà sur son filet : Jacob Fowler.
Le jeune prodige américain a progressé à une vitesse effarante.
Il s’apprête à jouer une saison complète comme gardien numéro un à Laval, et tout indique qu’en 2026-2027, il sera prêt à débarquer dans la LNH.
Ajoutez à ça Jakub Dobeš, déjà dans l’entourage de l’organisation, et vous avez une congestion digne d’un trafic de l’heure de pointe sur le pont Champlain.
À Montréal, il n’y aura pas de place pour trois gardiens.
Il faudra choisir. Et le plus ironique dans tout ça, c’est qu’au moment même où Montembeault cherchait la stabilité personnelle avec son mariage, sa carrière de hockeyeur s’apprête à basculer dans l’incertitude totale.
Alors, le Canadien fait quoi avec ça? C’est là que le débat devient croustillant.
Première option : on mise sur un duo 100 % jeunesse avec Fowler et Dobeš.
C’est risqué, mais excitant. Deux gardiens dans la vingtaine, peu d’expérience, mais un potentiel énorme.
Le pari serait audacieux, et il ne correspond pas forcément à la philosophie prudente de Kent Hughes, mais il séduirait les partisans qui veulent voir l’avenir arriver hier matin.
Deuxième option : on garde Montembeault comme mentor et Fowler comme diamant brut à polir.
Ce scénario a du sens, car Montembeault a déjà prouvé qu’il pouvait jouer une quarantaine de matchs par saison sans trop broncher.
Mais il a aussi ses limites. Il n’est pas Patrick Roy, il n’est pas Carey Price, et il ne sera jamais l’homme qui sauve une franchise à lui seul.
Il est fiable, il est sympathique, il est québécois, mais il est aussi vulnérable, et son plafond est connu.
Troisième option : on garde Montembeault et Dobeš, et on laisse Fowler se développer un an de plus à Laval.
Mais soyons honnêtes : qui va vendre aux fans que Fowler, la grande promesse devant le filet, devra patienter parce que Samuel Montembeault veut prolonger son bail? Personne.
Le public ne l’acceptera pas, et les dirigeants le savent.
Il faut donc regarder froidement la situation. Le contrat de Montembeault se termine en 2026.
Fowler arrive en 2026-2027.
Les planètes sont alignées pour un passage de flambeau brutal. Et même si Montembeault voulait négocier une extension dès maintenant, il serait en position de faiblesse.
Pourquoi Hughes s’empresserait-il de lui donner quatre autres années alors que la relève cogne à la porte? La réponse est simple : il ne le fera pas.
Au mieux, Montembeault pourrait gratter une prolongation de deux ans comme gardien numéro deux. Au pire, il sera échangé dès que Fowler montrera qu’il est prêt.
Son mariage est éternel, son contrat avec le Canadien est temporaire. Et ça, c’est une punchline digne de la réalité cruelle de la LNH.
Les arguments pour garder Montembeault sont pourtant réels.
Il est stable, il ne fait pas de vagues, il connaît bien le marché montréalais, il parle français, il est aimé de ses coéquipiers, et il vient de prouver qu’il est capable de gérer la pression des grands marchés sans s’écrouler.
Dans une équipe jeune, ce genre de profil est précieux. Mais les contre sont tout aussi évidents : son plafond est limité, il ne possède pas le talent brut de Fowler, et il ne représente pas la vision à long terme d’un club qui veut bâtir autour d’un noyau jeune.
Ajoutez à ça son contrat sans protection et vous avez la recette parfaite pour un départ éventuel.
Alors, Montembeault, gardien du futur? Non. Gardien de transition? Oui.
Et c’est là toute la tragédie de son histoire avec Montréal. Pendant qu’il brandissait son verre de champagne hier soir, heureux de s’être engagé «à tout jamais» avec sa nouvelle épouse, les analystes de hockey savaient très bien qu’aucune bague, aucun vœu, aucun slow romantique ne viendrait protéger sa place dans l’organisation.
Dans un an, Fowler sera là, et Hughes devra décider si Montembeault fait encore partie du plan. C’est dur, mais c’est comme ça.
Et si on veut pousser l’ironie encore plus loin, il faut se rappeler que dans ses négociations passées, Montembeault n’a jamais obtenu ce que Price avait : la sécurité. Pas de clause. Pas de blindage. Rien.
Il est le gardien par défaut d’une équipe qui attend son véritable sauveur. Il est le beau-père sympathique dans une histoire où tout le monde attend le fils prodigue.
Bref, il est condamné à vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, peu importe son sourire radieux dans les photos de mariage.
Alors oui, félicitations à Samuel Montembeault pour sa signature de vie, pour avoir verrouillé son avenir amoureux.
Mais si on doit lui faire un vœu de mariage, le voici : que le Canadien lui offre bientôt une vraie signature, celle qui verrouille son avenir professionnel.
Sinon, il risque de découvrir que les noces les plus solides ne suffisent pas à lui garantir un filet à Montréal.
Et dans le monde sans pitié de la LNH, les «à tout jamais» n’existent pas. Pas même pour un gardien qui vient de dire oui devant l’autel.
AMEN
