Samuel Montembeault a perdu le contrôle du récit.
Dans une scène qui résume mieux que n’importe quelle statistique la tempête émotionnelle qui l’entoure depuis le début de la saison.
La semaine dernière, devant les journalistes, Montembeault a expliqué qu’il avait supprimé son compte Instagram, pour prendre ses distances afin de se protéger du torrent de critiques. L'extrait vidéo est là pour le prouver:
Un discours qui se voulait franc, humble, dévoilé dans un moment de vulnérabilité. Sauf qu’en 2025, tout est vérifié en trente secondes. Et en trente secondes, tout le monde s’est rué sur son Instagram. Résultat : son compte était toujours actif, visible, accessible, avec toutes ses publications intactes. Et là, le vent a tourné.
Samuel Montembeault... a été pris la main dans le sac...
Et le public n'a tout simplement pas accepté.
La perception que ça sonne « pitié ». Que ça sonne « victimisation ». Que ça sonne comme quelqu’un qui veut donner l’impression d’être envahi, détruit, piétiné, alors qu’au fond, il aurait tout simplement pu… désactiver les notifications.
Enlever l’application du téléphone. Bloquer les commentaires. Bref, exactement ce qu’il a dit avoir fait... après que tout le monde se soit rendu compte qu'il avait menti.
« J’ai enlevé ça de mon cell et j’ai désactivé les commentaires aussi… C’est arrivé après le match contre les Oilers à Edmonton. Disons qu’il n’y avait pas beaucoup de belles choses qui ont été écrites sur mes réseaux sociaux après ça. »
Mais le gens ne lui pardonnent pas son "mensonge blanc".
On lui reproche de ne pas avoir été clair. On l’accuse de jouer sur l’ambiguïté. Et dans le contexte montréalais, l’ambiguïité est souvent un effondrement médiatique.
Quand tu dis « j’ai supprimé mes instagram » et que les gens vont vérifier, que l’Instagram est toujours là... ça montre l'image de celui du joueur qui essaie d’attirer la compassion.
Et ça, pour un athlète professionnel, c’est le pire endroit où être. Montréal peut pardonner les mauvais matchs. Montréal peut pardonner les huées. Montréal peut même pardonner les statistiques désastreuses. Mais Montréal ne pardonne jamais l’impression que tu veux être plaqué sur le front comme une victime.
Et malheureusement, dans cette tempête-là, Montembeault n’a plus le contrôle du discours. Il est dans une position où chaque mot mal calibré devient une arme contre lui.
Et il n’aide pas sa cause : ses chiffres sont catastrophiques, sa moyenne de 3,56 et son taux de ,858 en font l’un des gardiens les plus vulnérables du circuit cette saison. Il dit :
« Je pense que ça s’en vient », mais Montréal n’entend plus ça. Montréal entend les huées, les applaudissements sarcastiques, les mauvaises extraits, les lâches de la section d'en-haut.
Et pendant ce temps, la réalité sportive ne lui donne aucun répit. Après la défaite contre Boston, il a dû revenir devant le scrum médiatique pour expliquer qu’il travaille avec Éric Raymond, qu’il peaufine des détails, qu’il retrouve ses repères.
Oui, il a fait quelques bons arrêts. Oui, il a eu une bonne séquence de 37 arrêts après trois buts rapides à Philadelphie. Mais le marché ne fonctionne pas sur les nuances. Le marché fonctionne sur un narratif simple : le Canadien doit gagner, et Montembeault ne joue pas assez bien pour ça.
Et comme si ce n’était pas assez, une autre onde de choc a frappé le vestiaire : la blessure de Kirby Dach, fracture du pied droit, quatre à six semaines. Qui s’ajoute à Alex Newhook. Qui s’ajoute à Kaiden Guhle. Et tout ça, c’est un rappel sans pitié : quand les choses vont mal, tout va mal. Et dans ce chaos-là, Montembeault est devenu malgré lui un symbole de l'échec.
Il sait ce qu’on va continuer à lui demander : « des performances similaires à celles offertes la saison dernière ». Il sait que « les attentes sont plus élevées ». Il sait que le fun de jouer à Montréal vient avec un prix psychologique énorme. Il le dit lui-même :
« Montréal, c’est le fun, c’est un beau marché, les gens sont passionnés et ils sont derrière leur équipe. Les fans veulent juste que l’équipe obtienne du succès. »
Le problème, c’est que les fans ne voient plus le succès quand Montembeault est devant le filet. Ils voient le doute. Le malaise. Le gardien qui ment d'avoir supprimé ses réseaux sociaux… mais dont l’Instagram est encore là. Et dans une saison où tout semble se jouer sur un fil, ces détails deviennent des bombes.
Au fond, Montembeault ne voulait pas mentir. Il ne voulait pas manipuler. Il voulait respirer. Il voulait une pause. Il voulait enlever de son téléphone ce qui l’écrasait. Mais il s’est retrouvé, encore une fois, au cœur d’une tempête qu’il n’arrive plus à contrôler.
Pauvre gars...
