Le feu qui ravage actuellement Columbus est bien plus qu’une simple colère de partisans. C’est un véritable séisme organisationnel. Un fiasco d’une rare ampleur.
Car pendant que Montréal s’embrase de bonheur à l’idée de voir Ivan Demidov dans l’uniforme du CH, pendant que le numéro 93 se vend comme des petits pains chauds à la boutique du Centre Bell, les Blue Jackets, eux, vivent la plus grande humiliation de leur histoire récente. Et ce, à deux niveaux.
Le premier, c’est le choix. Le fameux choix. Celui de passer outre Ivan Demidov au repêchage de 2024 pour sélectionner le centre suédois Cayden Lindstrom.
Un joueur blessé au moment de la sélection, qui avait réussi, avec l’aide d’un entourage rusé, à manipuler la perception autour de lui dans les médias pour remonter dans les classements.
Lindstrom a menti à plusieurs équipes lors des rencontres privées. Il a enjolivé ses rapports médicaux. Il a surévalué sa propre progression. Mais les Jackets ont mordu à l’hameçon.
Ce qu’on ne savait pas, c’est que dans les coulisses, l’organisation de Chicago avait tenté de réparer l’erreur potentielle de Columbus.
Les Blackhawks, eux, avaient flairé le coup. Ils savaient que Demidov était un joyau unique, un talent générationnel, un joueur capable de transformer une franchise à lui seul.
Ils ont tout tenté pour remonter dans le top 5 du repêchage. Et c’est là que le scandale prend toute sa dimension : Chicago a offert à Columbus un choix de première ronde en 2025, sans protection — un pari énorme — pour pouvoir repêcher Demidov.
Et Columbus a dit non.
Ils ont dit non à l’occasion de transformer leur avenir. Ils ont dit non à un prodige, et ils ont dit non à une valeur future quasi garantie dans un repêchage profond.
Ils ont dit non à la seule organisation qui semblait prête à risquer gros pour mettre la main sur le Russe. Aujourd’hui, alors que Demidov attire l’attention du monde entier, qu’il foule la glace du Centre Bell sous les ovations, cette décision revient hanter Columbus comme un cauchemar éveillé.
Car depuis son arrivée à Montréal, Ivan Demidov dégage tout sauf l’image d’un jeune incertain. Il incarne le professionnalisme, la passion, le respect.
Il fascine. Il inspire. Il travaille. Et pendant que les partisans du CH rêvent d’un printemps glorieux, les fans des Jackets se demandent comment leur DG a pu saboter une occasion pareille.
Les forums de Columbus sont en feu. Les appels à la démission du directeur général résonnent dans chaque coin du Nationwide Arena. Les partisans ne digèrent pas. Et ils n’oublieront pas.
Parce que ce n’est pas juste une erreur. C’est une double erreur. Une occasion refusée. Et un joueur ignoré.
Il faut rappeler que plusieurs équipes, dont Columbus, avaient totalement rayé Demidov de leur radar à cause de soi-disant « complications contractuelles » en Russie.
Pourtant, les Canadiens ont réussi à le faire venir. Ils ont travaillé dans l’ombre, utilisé les bonnes relations, fait les bons gestes.
On ne saura peut-être jamais s’il y a eu un paiement discret entre Montréal et le SKA de Saint-Pétersbourg, mais une chose est sûre : Kent Hughes et Jeff Gorton ont fait ce que plusieurs croyaient impossible. Pendant que Columbus, paralysée par la peur, la méfiance et une incompétence criante, regardait le train passer.
Pire encore : les partisans de Columbus sont en train de découvrir, jour après jour, que Demidov n’est pas seulement un talent brut.
C’est un joueur prêt. Il est arrivé à Montréal avec le cœur ouvert. Il a accepté de porter le numéro 93, sans faire d’histoire. Il a démontré de l’humilité.
Il est discret, respectueux, admiré de tous. Les partisans l’adorent déjà. Il a échangé des messages avec Hutson, il a eu droit à l’accueil d’un rockstar. Et il n’a même pas encore joué un seul match.
Tout ce que Columbus voit, c’est ce qu’ils auraient pu avoir. Et ce qu’ils ont refusé. Tout ce qu’ils voient, c’est Lindstrom, encore blessé, sans production significative, dont le développement stagne.
Et à côté, un Russe électrique, qui fait saliver tout un pays.
Demidov est arrivé à Toronto. Il fera ses débuts lundi contre Chicago. Et chaque fois qu’il touchera la rondelle, chaque fois qu’il réalisera un jeu magique, chaque fois qu’il rendra ses compagnons meilleurs, Columbus revivra cette soirée de repêchage. Cette gifle monumentale. Cette claque sur l’avenir.
Dans le sport, certaines erreurs sont pardonnables. Mais celle-là… celle-là va rester gravée dans l’histoire des Blue Jackets comme l’une des plus grandes tragédies organisationnelles. Un fiasco complet.
Et à Montréal, on rit. On applaudit. On célèbre. Parce que le malheur des uns… fait parfois le bonheur des autres.
Les Blackhawks de Chicago ont aussi échoué sur toute la ligne dans ce dossier.
Oui, ils ont flairé le bon coup. Oui, ils ont tout tenté pour monter au 4e rang afin de repêcher Ivan Demidov. Ils ont même offert un premier choix non protégé en 2025.
C’est énorme, c’est téméraire, c’est le genre de geste qu’un DG audacieux tente une fois dans sa carrière.
Mais voilà. Ce DG, Kyle Davidson, s’est fait jouer à son propre jeu. Car s’il était vraiment convaincu que Demidov était un talent générationnel, qu’est-ce qui l’empêchait de le repêcher avec son deuxième choix au total?
Rien. Absolument rien.
Davidson avait toutes les cartes en main. Il possédait le deuxième choix, il savait que San Jose allait sélectionner Macklin Celebrini au premier rang. Il savait que Demidov ne glisserait pas loin. Il savait aussi que la ligne entre génie et arrogance est mince. Et il a joué au poker.
Il a misé sur la panique de Columbus. Il s’est dit : "On va leur faire une offre alléchante, ils vont plier." Il croyait que Jarmo Kekäläinen allait flancher. Et il s’est planté.
Résultat : il a repêché Artyom Levshunov, un défenseur droitier avec du potentiel, certes, mais qui n’a ni le charisme, ni le talent, ni l’impact potentiel d’un Demidov. Davidson a misé sur le bluff de Columbus au lieu de faire le choix évident.
Et c’est ça, le plus grand scandale.
Tu ne fais pas une transaction pour repêcher un joueur si tu n’as même pas eu le courage de le prendre avec ton propre choix.
Si tu es si certain de la valeur d’un jeune joueur, tu le sélectionnes toi-même. Tu ne laisses pas ton destin entre les mains d’un DG adverse. Tu ne joues pas au stratège quand tu as les clés du coffre-fort dans tes poches.
Davidson a voulu être plus fin que tout le monde. Et aujourd’hui, il regarde Montréal enflammer tout le pays avec un phénomène russe qui aurait pu devenir le complément parfait à Connor Bedard.
Il regarde les chandails du numéro 93 se vendre à la tonne. Il regarde Demidov arriver au Centre Bell avec classe, calme et une aura de futur grand.
Et lui? Il regarde Levshunov jouer des matchs moyens à Michigan State. Il regarde les fans de Chicago demander sur les réseaux : "Pourquoi on n’a pas pris Demidov nous-mêmes?"
C’est bien simple : parce que le DG des Hawks a été trop orgueilleux pour faire le choix évident. Parce qu’il a voulu passer par la bande au lieu d’entrer directement au filet.
Et parce que maintenant, tout ce qu’il peut faire, c’est espérer que son pari ne le hante pas pendant une décennie.
Mais à voir ce qui se passe à Montréal… c’est déjà trop tard.