Secousse au camp du CH : Martin St-Louis a changé de ton

Secousse au camp du CH : Martin St-Louis a changé de ton

Par André Soueidan le 2025-09-20

Martin St-Louis n’est plus le coach novice de 2022.

Fini le temps où il découvrait timidement son vestiaire, les mains pleines de pédagogie et de philosophie sur « le processus ».

Ce qui s’est passé aujourd’hui, au camp d’entraînement du Canadien de Montréal à Brossard, confirme ce que plusieurs sentaient depuis la fin de la saison dernière : le ton a changé.

Radicalement. Et ce n’est pas anodin.

Quand il a pris les commandes du CH en février 2022, c’était dans une atmosphère de chaos. L’équipe était en ruines.

Dominique Ducharme venait de se faire montrer la porte. La reconstruction venait à peine de commencer. On n’attendait rien de personne, sauf de survivre à la tempête.

Martin St-Louis est arrivé comme une bouffée d’air frais. Inspirant. Humain. Protecteur.

Il a pris sous son aile des jeunes comme Cole Caufield, Nick Suzuki, Juraj Slafkovsky et Kaiden Guhle, qu’il a aidés à se développer dans un environnement exempt de pression de performance.

Mais tout ça, c’est fini.

Aujourd’hui, pendant son point de presse, Saint-Louis n’a pas été critique, mais il a été clair. À propos d’Arber Xhekaj ... le défenseur qui, l’an dernier, a été utilisé de façon sporadique, parfois relégué au 7e défenseur, parfois écarté du lineup ... il a eu des propos tranchants :

« La confiance, ça n’arrive pas tout seul. Tu te sens en confiance parce que tu sais que t’as tout coché, que tu es préparé. Tu bâtis ta propre confiance en mettant le temps. Je pense que c’est ce qu’Arber a fait cet été. »

Il aurait pu dire ça à propos de n’importe qui. Mais non. Il a parlé de Xhekaj. Il a voulu parler de lui.

Et c’est là qu’on voit l’évolution du coach.

Quand il s’est présenté devant les journalistes, le ton avait changé. Pas de grandes formules. Pas de poésie. Juste une froide réalité :

« Je suis excité de revoir tout le monde. Je trouve qu’on est plus avancé que l’année passée. »

Avancé, oui. Mais aussi plus exigent. Parce que dans la bouche de Martin St-Louis, le mot « compétitionner » n’est plus un souhait. C’est une obligation.

Martin ne veut plus que ses vétérans s’assoient sur leur contrat. Il ne veut plus que ses recrues prennent leur temps. Il veut des guerriers qui arrivent affamés au camp. Et ceux qui sont arrivés mollo? Trop tard.

« Il y a des gars qui ont mis beaucoup de travail cet été. Ça paraît. »

Les journalistes ont vite compris de qui il parlait.

Depuis le jour 1 du camp, Arber Xhekaj a mis le feu à la patinoire. Son cardio est au point. Son poids est optimal. Son patin est vif. Il n’a pas besoin de crier sa motivation : elle transpire dans chaque mise en échec.

Quand Martin dit qu’il veut des décisions difficiles à prendre, ce n’est pas une image. C’est la réalité d’un vestiaire où chaque joueur, peu importe son rang, est en audition.

« J’aime que ce soit difficile. J’aime quand on a des décisions difficiles à prendre. Ça veut dire qu’on est en santé. »

On sent un coach qui n’essaie plus de bâtir un projet. Il est rendu à le défendre.

« On commence à rentrer dans le vif du sujet. On est plus dans la phase de développement. On veut compétitionner. »

Il n’a pas besoin de pointer du doigt. Il n’a pas besoin de nommer de noms. Il sème une tension volontaire dans l’équipe. Une pression constructive. Un feu qui doit brûler dans chaque ligne, chaque trio, chaque paire défensive.

Et ce feu-là, ce n’est pas pour faire joli. C’est pour purifier.

Ce n’est plus la reconstruction. Ce n’est plus la maternelle. C’est le camp des survivants.

Des gars comme Owen Beck ou Joshua Roy ne sont plus des espoirs prometteurs : ils sont maintenant jugés sur leur capacité à pousser un vétéran vers la sortie.

Et inversement, les vétérans n’ont plus le luxe de rater leur coup.

La patience a fait son temps.

Martin St-Louis n’est plus le prof de sixième année qui apprend aux jeunes à lire le tableau. Il est maintenant le commandant d’un groupe qui doit livrer.

Maintenant. Et pour la première fois depuis le début de ce fameux virage jeunesse, le message est clair, brut et sans filtre :

Et cette secousse, ce changement de ton, ce coup de tonnerre à Brossard? C’est peut-être la meilleure chose qui pouvait arriver au Canadien en 2025.

Parce que dans cette ligue, il ne suffit pas de rebâtir.

Il faut apprendre à gagner.

AMEN