Sidney Crosby dans l’avion du Canadien de Montréal: Nick Suzuki fait jaser

Sidney Crosby dans l’avion du Canadien de Montréal: Nick Suzuki fait jaser

Par David Garel le 2025-05-03

Depuis quelques semaines, l’idée que Sidney Crosby pourrait conclure sa carrière avec le Canadien de Montréal prend de l’ampleur.

Dans les coulisses de la LNH, l’hypothèse d’un divorce entre Crosby et les Penguins devient plausible. Mais dans les coulisses du CH, ce qui inquiète bien plus, c’est la réaction silencieuse de Nick Suzuki.

C'est le journaliste Réjean Tremblay, bien branché sur les dynamiques internes du Tricolore, qui a levé le voile sur un élément que bien peu osaient aborder.

Dans l'un de ses articles sur Punching Grace, Tremblay suggère que Suzuki, sans jamais l’avouer ouvertement, ne serait pas particulièrement enthousiaste à l’idée de partager son vestiaire avec l’un des plus grands capitaines de l’histoire de la LNH.

"Avec Crosby dans l’avion ou l’autobus, où donc va s’assoir le légendaire Sid? Qui sera de facto le capitaine de cette «jeune» équipe? Et on va faire quoi avec la structure de salaire disciplinée imposée par Kent Hughes et Jeff Gorton?"

Ce n’est pas que Suzuki aurait un problème avec Crosby, bien au contraire. Les deux sont polis, professionnels, courtois, même admiratifs l’un de l’autre.

Mais il faut être aveugle pour ne pas comprendre que la simple présence de Crosby dans un vestiaire bouleverse toute la hiérarchie.

Dans une organisation où tout a été lentement bâti autour de Suzuki, de son calme, de sa manière de gérer la pression et de sa discipline exemplaire, l’arrivée de Crosby serait un tremblement identitaire.

Qui devient la voix du vestiaire? Qui parle aux médias dans les moments critiques? Qui fixe le ton dans les réunions pré-match? Qui a le dernier mot sur l'éthique de travail?

Et surtout, qui porte le "C" sur son chandail?

Crosby n’a jamais été un second violon. Il est l’exemple incarné du leadership. Et si on l’amenait à Montréal, ce ne serait pas pour lui demander d’être un mentor discret. Ce serait pour inspirer, pour mener, pour gagner.

Mais alors, qu’advient-il de Suzuki? Il n’est pas assez flamboyant pour créer une dualité à la Crosby/Malkin. Il n’a pas le vécu pour s’imposer dans l’ombre d’une légende.

Et surtout, tout le projet de reconstruction a été pensé autour de lui comme centre numéro un, pilier de la culture Hughes/St-Louis. L’échelle salariale aussi. Personne dans le vestiaire ne gagne plus que Suzuki. Pas Caufield, pas Matheson, pas Montembeault. Une structure respectée par tous. (on ne compte pas Patrik Laine et son salaire de 8,7 M$ car on parle d'un salaire indésirable acquis par transaction).

L’arrivée de Crosby changerait tout. Même à rabais, même avec un contrat amical, Crosby viendrait dérégler l’équilibre salarial et symbolique de l’équipe. Suzuki pourrait-il vivre avec ça? Peut-être. Mais rien n’est sûr.

On sent, d’ailleurs, un certain malaise autour du capitaine du Canadien depuis que les rumeurs Crosby s’emballent. Il est moins souriant en entrevue, plus évasif quand on lui parle d’avenir. Certains journalistes ont remarqué qu’il évitait le sujet, qu’il semblait même contrarié qu’on lui pose la question.

Et au fond, peut-on lui en vouloir?

Lui qui a traversé les années de misère, qui a pris les coups, qui s’est imposé comme le visage de l’espoir... maintenant que le ciel s’éclaircit un peu, on veut lui coller dans les pattes le poids d’une icône vieillissante, certes prestigieuse, mais à l’ombre immense.

Le cas Crosby pose une question bien plus large : est-ce que le CH est prêt à assumer une transition vers la compétition, même si cela signifie bousculer ses propres fondations?

Ou faut-il continuer de bâtir avec patience, en respectant les hiérarchies internes et la dynamique installée depuis trois ans?

Rappelons que le Canadien possèdera les 16e et 17e choix au prochain repéchage. Deux choix qui devraient permettre de repêcher de bons espoirs, mais qui ne changeront pas l’ADN de l’équipe à court terme. Ce ne sont pas ces deux jeunes qui vont transformer le CH en aspirant à la Coupe dès l’an prochain.

Et c’est là que l’idée Crosby devient tentante pour les dirigeants. Parce qu’ils savent que l’attente a assez duré. Que le Centre Bell a besoin d’une étincelle, d’une histoire, d’un héros.

Rappelons que Martin Biron, l'ancien gardien de la LNH et analyste pour TSN, donnerait Michael Hage, les 16e et 17e choix au total en 2025 et le choix de première ronde en 2026 pour Crosby.

Cher payé pour un attaquant de 38 ans, aussi légendaire soit-il. Suzuki ne serait pas chaud à l'idée que Kent Hughes sacrifie autant pour Crosby.

Suzuki voudrait garder le groupe le plus intact possible, incluant les espoirs, st surtout incluant Michael Hage. 

Voilà pourquoi cette étincelle du nom de Crosby ne peut être créée au détriment de Suzuki. Car si le Canadien perdait la flamme de son capitaine dans ce processus, ce serait plus qu’un malaise. Ce serait une trahison.

Crosby et Suzuki peuvent coexister, mais ils ne peuvent cohabiter dans la même zone de leadership. Un seul peut dicter le rythme. Et pour l’instant, cette responsabilité appartient à Nick Suzuki.

Dans un monde parfait, Sidney Crosby accepterait de venir clôturer sa carrière dans un rôle de mentor, avec humilité, en laissant toute la scène à Suzuki. Mais le hockey, ce n’est pas un conte de fées.

Et l’été montréalais s’annonce plus orageux qu’on ne l’imaginait.