L’histoire du hockey s’écrit sous nos yeux. Mardi soir à Vancouver, Sidney Crosby a marqué un but dans la victoire des Penguins de Pittsburgh, devenant ainsi le marqueur le plus prolifique de l’histoire de la franchise, toutes compétitions confondues.
Avec 700 buts et 1196 passes, Crosby totalise désormais 1896 points en carrière, dépassant d’un point la légende absolue Mario Lemieux (1895). Le trône symbolique des Penguins appartient désormais à leur capitaine.
Mais, paradoxalement, au moment où il touche à la grandeur, le bruit du départ se fait plus fort que jamais.
Parce que si Crosby a dépassé Lemieux au classement des points combinés (saison et séries), il lui manque encore 28 points pour égaler et 29 pour battre le record de Lemieux en saison régulière (1695 contre 1723). Et selon plusieurs sources, ce record serait la dernière étape avant la fin de son règne à Pittsburgh.
Après le match, Crosby a eu les mots d’un homme lucide, respectueux, mais conscient du poids du moment :
« J’ai eu besoin de 500 parties de plus, a-t-il dit à NHL.com. J’ai eu la chance d’être ici longtemps et de jouer avec d’excellents joueurs. C’est comme ça que je vois les choses. »
Il a ensuite ajouté, ému :
« Je ne sais pas si je serais capable de mettre des mots sur tout ce que Mario et sa famille ont représenté pour moi. Il m’a aidé à garder les choses normales à une époque où tout allait trop vite. »
Des propos qui sonnent comme un hommage, mais aussi comme un adieu à venir. Parce qu’au-delà de la politesse du moment, Crosby sait qu’il vient de franchir une étape symbolique. Il a rejoint son mentor, dépassé son modèle, et bientôt, il ne lui restera plus rien à accomplir à Pittsburgh.
Et c’est là que Pierre LeBrun a mis le feu à la poudre.
Dans un long segment télévisé, Pierre LeBrun a livré l’analyse la plus explosive du dossier Crosby. Après avoir rencontré le joueur et son agent Pat Brisson lors du Player Media Tour à Las Vegas, il a résumé la situation avec une précision chirurgicale :
« Il n’y a qu’un seul être humain qui décidera du sort de Sidney Crosby, et c’est Sidney Crosby lui-même. Il a le plein contrôle sur tout ça. »
LeBrun a précisé qu’à ce jour, Crosby n’a jamais laissé entrevoir la moindre ouverture à l’idée de quitter Pittsburgh. Il a ajouté :
« Il faut noter qu’à ce point, il n’a même pas entrouvert la porte à l’idée d’un départ. »
Mais derrière cette fidélité de façade, LeBrun a senti quelque chose. Lorsqu’il lui a demandé à quel point l’ovation du Centre Bell, lors du Tournoi des Quatre Nations, l’avait touché, Crosby a répondu avec émotion, parlant du fait qu’il avait grandi comme partisan du Canadien.
« C’était une soirée spéciale, a-t-il dit. »
LeBrun raconte :
« En l’écoutant, je pouvais voir les engrenages tourner dans ma tête. Je savais déjà que j’allais devoir écrire là-dessus. »
C’est ensuite Pat Brisson qui a, selon LeBrun, « allumé le feu ».
« C’est Pat Brisson qui a ouvert la porte, en parlant ouvertement de la possibilité qu’un jour, Sidney Crosby puisse être échangé. Il a même cité Tom Brady comme exemple, il a gagné un Super Bowl ailleurs, à Tampa Bay, après toute une carrière à New England. »
Et c’est là que la bombe est tombée :
« Tout le monde le sait dans la Ligue, le Canadien de Montréal irait absolument all-in si une opportunité d’obtenir Sidney Crosby se présentait. »
Cette phrase, traduite et répétée depuis par tous les analystes, est devenue la pierre angulaire du nouveau narratif : le Canadien attend simplement le feu vert de Crosby.
Le problème, c’est que Pittsburgh ne s’écroule pas.
Au contraire, les Penguins sont 5-2 après sept matchs, avec trois victoires consécutives, une attaque équilibrée et un vestiaire où la cohabitation entre jeunes et vétérans semble fonctionner. Dubas a réussi son pari : Erik Karlsson est redevenu dominant, Malkin sourit et Crosby... bat des records... lui qui affiche six points à ses quatre derniers matchs. L’équipe semble revivre.
Ce bon départ compromet à court terme tout scénario de transaction.
Pierre LeBrun l’a bien expliqué :
« Si, à la date limite des échanges, les Penguins sont à six points d’une place en séries, quelque chose pourrait se passer. Mais s’ils sont encore dans la course, probablement rien ne se passera. »
Autrement dit, tant que Pittsburgh gagne, Crosby reste.
Mais tout le monde comprend que la situation est fragile. Une mauvaise séquence, un glissement au classement, et tout pourrait basculer. Pat Brisson a lui-même fait allusion à la longévité du joueur :
« Tom Brady a joué ailleurs après avoir tout gagné. Sidney Crosby aussi joue depuis toujours. »
Une façon subtile de rappeler que, tôt ou tard, il faudra penser à la suite.
À Montréal, Kent Hughes et Jeff Gorton sont prêts.
LeBrun, tout comme Renaud Lavoie avant lui, croit que si jamais Pittsburgh décidait d’ouvrir la porte, le Canadien serait le premier club à déposer une offre sérieuse.
Et cette offre pourrait être plus audacieuse qu’on le croit.
Lavoie a déjà mentionné que le nom de David Reinbacher n’était plus totalement intouchable. Et maintenant, de plus en plus de sources croient que le jeune défenseur droitier pourrait être au centre d’un “package Crosby”.
Sinon on parle d'un "package" accompagné d’un choix de première ronde 2026 et/ou 2027, d'Owen Beck, Jayden Struble et/ou Joshua Roy.
Clairement, les Penguins vont pousser pour Reinbacher.
Ce serait énorme. Mais comme le rappelle LeBrun, Montréal « ne compromettra pas son avenir pour un joueur qui terminera probablement sa carrière là-bas ». L’idée, c’est de frapper fort, pas de tout brûler.
En attendant, Crosby avance vers l’histoire.
Il est désormais à 28 points d’égaliser Mario Lemieux pour le nombre de points en saison régulière, et à 29 de le dépasser.
Et tout le monde dans la LNH sait que, le jour où il dépassera ce dernier record, le moment sera venu.
Ce jour-là, Sidney Crosby pourra dire qu’il a tout fait à Pittsburgh. Et s’il veut, il pourra dire qu’il est prêt à tout recommencer ailleurs.
À Montréal.
Parce que c’est écrit dans l’air depuis des mois.
Parce que Pierre LeBrun, Pat Brisson et Renaud Lavoie ne parlent pas au hasard.
Et parce qu’il est rare qu’un joueur de 38 ans, encore dominant, encore respecté, puisse choisir la fin de son histoire.
LeBron James l’a fait à Los Angeles. Tom Brady l’a fait à Tampa.
Et Sidney Crosby, lui, pourrait bientôt le faire à Montréal.
