À Montréal, on aime les tempêtes.
Mais celle qui s’annonce vient de l’intérieur.
Alors qu’Ivan Demidov électrise le Centre Bell à chaque présence, Juraj Slafkovsky refuse de disparaître dans l’ombre.
Ce soir, il a répondu à sa façon : un but, un message, une forme de résistance.
Pendant que tout le monde ne parle que du jeune prodige russe, le grand Slaf a choisi de parler avec son bâton.
Sur un deux-contre-un parfaitement exécuté avec Cole Caufield, il a rappelé qu’il avait encore sa place dans la conversation.
Le problème, c’est que la conversation change vite à Montréal.
Et derrière chaque sourire, on sent le poids d’une évidence : Demidov pousse. Slafkovsky tient bon. Pour l’instant.La soirée avait tout pour appartenir à un autre.
Depuis une semaine, Ivan Demidov vole la vedette partout où il passe : ses jeux de pieds, ses feintes, son sourire désarmant… Montréal est tombée amoureuse d’un nouveau prodige.
Et pendant ce temps, Juraj Slafkovsky se faisait lentement avaler par la vague.
Mais contre les Rangers, le grand Slovaque a décidé de se lever.
Dès les premières minutes du match, Cole Caufield s’échappe à deux contre un et aperçoit Slafkovsky, bien campé à sa gauche. Une passe précise, un lancer parfait but.
Le Centre Bell explose, et Slafkovsky ne célèbre pas seulement un but… il célèbre une survie.
Parce qu’il le sait : la pression est là.
Demidov grappille du terrain, shift après shift, en multipliant les séquences électrisantes.
À chaque avantage numérique, la comparaison devient inévitable.
Slafkovsky peine à créer quoi que ce soit sur la première unité, pendant que le jeune Russe transforme chaque présence sur la deuxième vague en highlight.
Les partisans le voient. Les journalistes le notent.
Et Martin St-Louis, lui, observe en silence, incapable de fermer les yeux sur ce qui saute aux yeux de tous : quand Demidov touche la rondelle, il se passe quelque chose.
Slafkovsky, lui, fait autre chose.
Il gagne ses batailles, il protège la rondelle, il ouvre des lignes de passe.
Il ne brille pas, il construit. Et à cinq contre cinq, c’est encore là qu’il reste essentiel.
Mais soyons honnêtes : Montréal ne pardonne pas facilement.
Le public adore les artistes. Et face à un Demidov aussi explosif, le travailleur discret a toujours l’air d’un figurant.
Ce soir pourtant, le figurant a pris la lumière.
Et s’il ne peut pas gagner la guerre du spectacle, il vient de remporter une bataille de respect.
Ce but contre les Rangers ne changera peut-être pas la hiérarchie du Canadien… mais il rappelle une chose essentielle : Juraj Slafkovsky n’est pas encore prêt à céder sa place.
Le jeune Slovaque est conscient que la menace s’appelle Ivan Demidov — le joueur le plus créatif à avoir enfilé le bleu-blanc-rouge depuis des années.
Et pourtant, au lieu de s’effondrer sous la pression, il choisit de se battre.
Chaque match devient pour lui un test de caractère, une manière de rappeler à Martin St-Louis qu’il n’est pas qu’un projet de reconstruction : il est déjà une pièce du présent.
Mais la vérité, c’est que le temps joue contre lui.
Parce que tôt ou tard, St-Louis n’aura plus le choix : Demidov produit trop.
Sur la deuxième vague de l’avantage numérique, il transforme chaque séquence en menace.
Il est partout, tout le temps, et le contraste devient impossible à ignorer.
Alors oui, Slafkovsky marque. Il progresse.
Mais pendant ce temps, Demidov fascine.
Et dans un marché comme Montréal, la fascination finit toujours par dicter les décisions.
Une chose est sûre : la tempête est loin d’être passée.
Elle ne fait que commencer.