Un malaise évident. Un regard figé. Une réaction qui en disait long, sans même avoir besoin d’un mot de plus.
Quand Tom Wilson a appris, ce matin, que Arber Xhekaj ne serait pas en uniforme pour le match #1 contre les Capitals, il n’y a pas eu d’explosion.
Pas de déclaration choc. Juste ce silence gênant, ce froncement de sourcils, ce moment suspendu où même Wilson, le bad boy officiel de la LNH, ne savait pas comment réagir.
C’était trop gros pour être vrai. C’était comme si Martin St-Louis venait littéralement de lui offrir un cadeau emballé, avec un petit nœud rouge : le Canadien, sans le Shérif.
“Il n’est pas là? Sérieux? Vous êtes sûrs?”
C’est ce que Wilson a lâché, à demi-voix, devant quelques journalistes, dans le vestiaire des Capitals. Il n’y croyait tout simplement pas.
Il a jeté un regard à l’un des assistants médias des Caps comme pour s’assurer qu’on ne lui faisait pas une mauvaise blague.
Mais non. Le CH a bel et bien décidé d’affronter la machine de Washington sans l'ennemi physique de Wilson.
Le duel Wilson-Xhekaj, tout le monde en parlait depuis une semaine. Sur les ondes de TSN, dans les corridors de TVA Sports, dans les bars du Centre-Ville, jusque dans les forums de Reddit, on attendait ce moment.
Deux taureaux dans l’arène. Deux gars qui allaient se chercher toute la série. Mais ce duel n’aura pas lieu. Et c’est Tom Wilson lui-même qui semble le plus déçu de tout le monde.
Oui, il a tenté de réajuster le tir avec professionnalisme, en lançant quelques lignes politiquement correctes. Il a parlé de l’équipe du Canadien comme étant “rapide, dynamique, talentueuse”, il a reconnu que d’autres gars — “comme Josh Anderson” — pouvaient apporter de la robustesse, mais son regard disait tout le contraire.
Il était surpris. Il était presque… déstabilisé.
“Arber, c’est un joueur dur, qui joue avec émotion. Tu sais que quand t’es sur la glace avec lui, tu dois garder la tête haute. Mais bon…”
Mais bon. Il s’est arrêté là. Comme s’il n’avait pas envie d’en dire plus, de peur d’enfoncer encore un peu plus Martin St-Louis dans sa tombe tactique.
Parce que c’est bien de ça qu’il s’agit : une décision incompréhensible, même dans l’entourage des Capitals.
On pouvait sentir une véritable onde de choc dans le vestiaire de Washington.
Selon une source proche du personnel d’équipement des Capitals, certains vétérans dans le vestiaire ont échangé des regards complices en apprenant l’absence de Xhekaj.
Un membre du personnel aurait même lancé, à la blague : “Quand le chat n’est pas là, les souris vont danser.”
Et c’est exactement ce que les Capitals s’apprêtent à faire. Danser. Frapper. Cogner. Profiter de l’absence du seul joueur qui aurait pu répondre à leur menace physique.
“Ça va brasser, ce soir. Pis le Shérif est pas là. Bonne chance.”
C’est ce que certains joueurs auraient dit en quittant le vestiaire, selon ce qu’on a pu entendre sur place. Parce que le mot d’ordre est clair chez les Capitals : on veut tester le CH.
Physiquement. Mentalement. Et avec Xhekaj dans les gradins, le message est encore plus facile à exécuter.
Martin St-Louis va le regretter toute sa vie.
C’est peut-être fort comme phrase. Mais il faut le dire. Il faut le répéter. Parce que cette série est déjà placée sous le signe de la guerre.
Et Martin St-Louis a volontairement désarmé son équipe. Il a retiré son tank du combat. Il a envoyé son blindé au garage.
Et pour quoi? Pour des considérations de “système”, d’“exécution”, de “constance”. Des mots faux quand vient le temps d’entrer en séries.
Il n’y aura pas de système quand Tom Wilson mettra Cole Caufield en échec dans le coin. Il n’y aura pas d’exécution quand Nick Suzuki se fera bousculer après le sifflet. Et il n’y aura aucune constance quand la ligne bleue du CH se fera brasser par une équipe qui sent déjà le sang.
Savard, Guhle, Struble : vraiment les hommes de la situation?
David Savard est un guerrier. Mais il est aussi à deux doigts de la retraite. Jayden Struble est solide, mais il n’a ni le coffre, ni la réputation de Xhekaj.
Et Kaiden Guhle? Il perd la tête quand il devient trop physique (souvenez-vous de sa mise en échec dangereuse qui a coûté le match contre Chicago).
Alors pourquoi Xhekaj est-il dans les estrades? Parce que Martin St-Louis n’a jamais été à l’aise avec lui. Parce qu’il ne rentre pas dans la “culture” du coach. Parce qu’il est trop spontané. Trop imprévisible. Trop… lui-même.
Et ça, Tom Wilson l’a bien compris.
C’est pour ça que ses yeux se sont écarquillés ce matin. Parce qu’il sait que St-Louis a préféré sacrifier un soldat, par principe, plutôt que de maximiser les chances de sa propre armée.
Un choix de coach qui fera mal.
Ce soir, quoi qu’il arrive, le premier chapitre sera écrit sans Arber Xhekaj. Et peu importe l’issue du match, cette absence sera ressentie.
À chaque coup de coude, à chaque mise en échec, à chaque échauffourée, on va se dire : Xhekaj aurait été là.
Et si le CH s’incline, ce sera encore pire. Parce que ce ne sera pas seulement une défaite. Ce sera une trahison tactique. Un abandon de principe. Un aveu d’orgueil.
Wilson, lui, le sait déjà. Il est prêt à jouer. Et il sait qu’il a gagné un premier round… avant même que la rondelle tombe.