Surprise pour le contrat de Lane Hutson: Kent Hughes rêve éveillé

Surprise pour le contrat de Lane Hutson: Kent Hughes rêve éveillé

Par Marc-André Dubois le 2025-05-02

Il y a des phrases qui font tomber des mâchoires dans les bureaux des agents de joueurs.

Et quand Lane Hutson a affirmé publiquement, lors du bilan de fin de saison du Canadien, qu’il voulait « rester à Montréal le plus longtemps possible », on peut imaginer sans trop de doute que Sean Coffey, son propre agent, a eu un haut-le-cœur.

« Je veux jouer ici ! C’est un endroit spécial où jouer avec un jeune noyau et tous ces jeunes joueurs qui arrivent. Nous sommes excité par ce que le futur nous réserve. »

Ce n'est pas tous les jours qu'un joueur de 20 ans, tout juste sorti d'une saison recrue historique, vient saboter à ce point ses propres leviers de négociation.

Car Hutson ne s’est pas contenté de paroles banales. Il a parlé avec le cœur. Il a dit qu’il n’avait « pas vraiment pensé à son contrat à venir », mais que ce serait "très spécial" de prolonger à Montréal.

Il a ajouté qu’il voulait être ici, que c’est un endroit spécial, qu’il espère être ici à long terme. Pour un DG comme Kent Hughes, c’est un rêve. Mais pour un agent comme Sean Coffey, c’est un cauchemar en direct.

Rappelons que Coffey est reconnu comme un négociateur "requin". Il a déjà affronté Kent Hughes dans le dossier Jacob Fowler, et il a perdu.

Il avait tenté de forcer un contrat d'entrée immédiat pour brûler une année de contrat. Mais Hughes avait tenu bon.

Il n’avait pas seulement refusé de signer le contrat LNH, il avait également négocié des bonus de performance à la baisse. Une humiliation pour Coffey. Et voilà qu’aujourd’hui, son client vedette, Hutson, vient lui couper l’herbe sous le pied.

Car tout ce qui circulait dans le monde des agents était que Hutson allait frapper fort. On parlait de 10, voire 11 millions par saison. Les comparables étaient prêts : Jakob Chychrun à 9 millions, Cale Makar à 9,5, Quinn Hughes dans la même ligue.

Et pour cause : 66 points, dont 60 mentions d’aide. Favori pour le trophée Calder. Créateur de jeu exceptionnel. Mais voilà que tout ça pourrait être dégonflé par quelques mots bien trop sincères prononcés à Brossard.

Ce qui est fascinant, c’est que Hutson ne semble pas conscient de la portée de ses déclarations. Il ne joue pas un jeu de coulisse. Il ne calcule rien. Il parle comme il joue : instinctivement.

Et l’instinct lui dit qu’il aime Montréal. Qu’il aime son noyau jeune. Qu’il aime les vétérans et les recrues de cette équipe. Et l’instinct, parfois, ça fait mal au portefeuille.

« Tu penses à des joueurs comme Gally (Brendan Gallagher), Dave (David Savard), Mike Matheson, des vétérans qui sont là depuis longtemps et un jeune vétéran comme Suzy (Nick Suzuki). C’est vraiment un groupe idéal de meneurs. C’était très agréable et je veux vivre ça longtemps »

Kent Hughes, de son côté, n’en demandait pas tant. Lui qui voulait imposer un plafond symbolique autour du salaire de Nick Suzuki, à 7,875 M$, vient de recevoir un cadeau inespéré.

Est-ce que Hutson acceptera un contrat en bas de 8 millions? Probablement pas. Mais les rêves de 10 ou 11 millions sont probablement évaporés. Et ça, c’est un changement de scénario majeur.

Surtout que les séries ont aussi exposé certaines limites dans le jeu de Hutson. Oui, il a récolté cinq points en cinq matchs. Mais défensivement, il a souffert. Physiquement, il a été ciblé.

Débordé, bousculé, parfois incapable de réagir. Les recruteurs qui le surveillaient de près depuis le repêchage ont retrouvé les mêmes doutes qui l’avaient fait chuter jusqu’au 62e rang. Et Hughes va s’en servir.

La négociation qui s’annonce ne sera pas une formalité. Sean Coffey n’est pas du genre à s’incliner facilement. Il voudra sauver la face. Il voudra récupérer du terrain. Il voudra prouver qu’il peut encore battre Hughes, après l’échec du dossier Fowler.

Mais il part maintenant avec un handicap majeur : son client ne veut pas aller au bras de fer. Il veut juste jouer au hockey à Montréal.

Et dans une ligue où les joueurs exigent toujours plus, où les comparables explosent, où la fiscalité du Québec fait fuir les grandes vedettes, Hutson est en train d’envoyer un message rare, presque bouleversant : le bonheur vaut parfois plus que quelques millions de plus.

On ne sait pas encore où tombera le chiffre, mais le contrat de Lane Hutson va définir l’état des forces entre Kent Hughes et l’ancienne agence Quartexx. 

Ce sera un test de volonté, d’orgueil, de stratégie. Et ce sera un moment charnière dans l’histoire contractuelle du CH moderne.

Un moment où l’amour d’un joueur pour sa ville pourrait bien éclipser toutes les courbes salariales projetées sur les tablettes d’Excel des agents les plus féroces de la LNH.

Lane Hutson n'est pas au "cash". Il est au hockey. Et c'est tout en son honneur.

« Je vais passer du temps chez moi à Chicago, mais aussi à Montréal. Je veux continuer à travailler sur plusieurs aspects de mon jeu, comme ma force physique et mon coup de patin. »

Imaginez deux secondes Lane Hutson plus fort et plus rapide. Le Calder est déjà gagné. Mais ça sent le Norris à plein nez très bientôt.

Voilà pourquoi il faut le signer à rabais cet été. Pendant ce temps, son agent se cogne la tête sur les murs...