Joshua Roy s'effondre sous nos yeux.
Il y a des coupures qui passent sous silence. Et puis il y a celles qui mettent fin à des carrières.
Ce samedi soir, dans un communiqué froid et chirurgical, les Canadiens de Montréal ont tranché dans le vif. Vingt-quatre joueurs retranchés. Vingt-quatre espoirs ou vétérans de soutien expédiés vers Laval ou ailleurs, comme un vieux colis oublié.
Mais dans cette "purge" administrative, un nom éclate comme une bombe: Joshua Roy.
Le symbole d’un désaveu brutal. Un qu’on nous avait vendu comme l’avenir de cette équipe, et qu’on enterre vivant, sans autre forme de procès.
Mais il y a pire que la fin de carrière de Joshua Roy à Montréal. Dans le cas de Sean Farrell, qui a survécu aux coupures, on risque de le livrer aux 31 autres équipes de la LNH via le ballottage.
Une gifle. Une trahison. Une abdication de tout ce que Martin St-Louis avait prétendu défendre depuis son arrivée : le mérite, le développement, la patience.
Et pendant ce temps, certains restent. Owen Beck, Olivier Kapanen, Florian Xehkaj, Joe Veleno, Samuel Blais dont le poste de 13e attaquant est assuré.
Joshua Roy était le chouchou de l’été. Celui qu’on avait placé à droite d'Alex Newhook et Zachary Bolduc. Celui qui a choké et qui n'a pas su impressionner Kent Hughes.
Pas assez d'intelligence, de finition, de calme. Depuis trois semaines, tout a basculé.
On lui a d’abord enlevé ses compagnons de jeu. Plus de Bolduc. Plus de Newhook. On l’a plongé dans un rôle ingrat aux côtés de Vinzenz Rohrer et Filip Mesar, comme pour mieux le noyer. Et quand il n’a pas su faire des miracles, quand il n’a pas porté à lui seul une ligne de jeunes marginaux, on l’a condamné.
Sans explication. Sans regard. Sans respect.
Et comme si ce n’était pas assez, il a été évacué du discours. Effacé des citations. Lorsqu’un journaliste a demandé à Martin St-Louis si des jeunes comme Owen Beck ou Oliver Kapanen avaient franchi un palier, le coach a répondu ceci :
« Je pense que tous nos jeunes ont franchi un cap… Je pense à Mesar, à Farrell, à Florian, même Davidson… »
Roy n’y était pas. Oublié. Volontairement. Comme si son nom brûlait les lèvres du coach. Comme si on avait décidé, en coulisses, de tourner la page. Définitivement.
Et que dire de Sean Farrell? Deux ans plus tôt, on chantait ses louanges. Meilleur joueur de l’Université Harvard. Champion mondial junior. Espoir vedette. Un ailier rapide, créatif, impliqué.
Pour la première fois, il nous le montre.
Dans les matchs préparatoires, Farrell n’a pas été mauvais. Il n’a pas été invisible. Il n’a pas été extraordinaire. Mais il en fait assez pour se faire réclamer au ballottage quand il va y passer.
Si une autre équipe le réclame, tant mieux pour eux. S’il passe, on l’enverra à Laval. Mais on ne fera rien pour le retenir.
On ne veut plus de nain à Montréal.
Voici les 24 joueurs retranchés du camp du CH ce samedi :
Attaquants :
Vincent Arseneau
Laurent Dauphin
Jared Davidson
Will Dineen
Joe Dunlap
Mark Estapa
Egor Goriunov
Riley Kidney
Filip Mesar
Israel Mianscum
Joshua Roy
Xavier Simoneau
Tyler Thorpe
Luke Tuch
Défenseurs :
Josh Jacobs
Charles Martin
Tobie Bisson
Darick Louis-Jean
Ryan O’Rourke
Wyatte Wylie
Gardiens :
Jacob Fowler
Benjamin Gaudreau
Hunter Jones
Kevin Mandolese
Et enfin, Vinzenz Rohrer, qui ne retournera même pas à Laval, mais à Zurich en Suisse.
Joshua Roy a été jeté aux ordures comme un prospect trop mou, trop lent, trop ordinaire. Un joueur dont le style n’a jamais su épouser les contours exigeants du plan Martin St-Louis.
Mais le plus cruel, c’est la manière.
Ce n’est pas la coupure du samedi qui a tué Joshua Roy.
C’est tout ce qui l’a précédée.
On l’a placé dans une position où il devait se prouver sur et hors-glace.
Et quand il n’a pas su faire des miracles, ni sur la glace (invisible), ni hors-glace (party boy), il a pris la porte de sortie.
Sans explication. Sans regard. Sans respect.
Comme si son nom brûlait les lèvres du coach. Comme si sa présence dans le vestiaire dérangeait.
Comme si la décision avait été prise bien avant le début du camp.
On dit souvent que le hockey est un jeu de confiance. Joshua Roy en est la preuve vivante.
Dès qu’on l’a déplacé sur un trio secondaire, son langage corporel a changé. Ses entrées de zone sont devenues hésitantes. Son patinage, déjà critiqué, s’est alourdi. Ses mains n’étaient plus que l’ombre d’elles-mêmes.
Chaque changement de trio était un coup de poignard.
Chaque entraînement, une séance d’humiliation.
Il voyait Beck prendre de l’assurance. Il voyait Florian Xhekaj gagner du terrain. Il voyait Oliver Kapanen le manger. Sans oublier Joe Veleno qui a tout cassé au cercle des mises au jeu.
Et Roy, lui, il stagnait. Il étouffait. Il perdait pied.
Ce samedi, ce n’est pas seulement un joueur qu’on a retranché. C’est tout un espoir québécois qu’on a écrasé.
Officiellement, Farrell n’a pas été retranché samedi. Il fait toujours partie des 34 joueurs présents au camp. Mais il sera le prochain à tomber. Et son sort est encore plus cruel.
Parce qu’il ne sera même pas échangé. Il sera sacrifié au ballottage.
On va le livrer aux 31 autres équipes sans obtenir le moindre retour. Une perte sèche. Une abdication.
Farrell, c’était le joueur modèle. Le petit ailier de Harvard. Le surdoué de Team USA. Le créatif, le cérébral, le rapide.
Et pourtant, il n’aura même pas droit à un dernier mot.
On va le placer sur la liste du ballottage. Et si personne ne le réclame, il partira à Laval, la tête basse, avec comme seul bagage l’humiliation d’avoir été banni de Montréal sans avoir pu se défendre.
Lui non plus ne sourit plus devant les caméras.
Lui non plus ne croit plus aux promesses.
Joshua Roy est tombé.
Sean Farrell est condamné.
Ainsi va la vie...