Tension au 2e étage: l’agent de Lane Hutson fait suer Kent Hughes

Tension au 2e étage: l’agent de Lane Hutson fait suer Kent Hughes

Par David Garel le 2025-04-27

Parfois, dans le hockey, les vraies leçons ne se donnent pas sur la glace. Elles se passent dans les bureaux des agents et des directeurs généraux.

Et aujourd’hui, à Montréal, c’est Kent Hughes qui vient d’en apprendre une. La blessure inattendue de Samuel Montembeault n’a pas seulement ébranlé l’alignement des Canadiens de Montréal — elle a aussi ravivé une vieille plaie, une tension jamais cicatrisée : celle du bras de fer perdu par l’agent Sean Coffey dans le dossier Jacob Fowler.

Une tension qui, dans l’ombre, annonce une guerre de tranchées imminente pour un autre joueur beaucoup plus dangereux financièrement : Lane Hutson.

Revenons quelques mois en arrière. Quand Jacob Fowler a terminé sa brillante saison universitaire avec Boston College, son agent Sean Coffey a tout tenté pour lui ouvrir la porte de la LNH immédiatement.

L’argument de Coffey était cinglant : dans le hockey moderne, surtout pour un jeune gardien prometteur, tu ne sais jamais ce qui peut arriver. 

Une blessure au mauvais moment, un besoin urgent de profondeur, un imprévu… et voilà qu’un espoir peut devenir nécessaire en un claquement de doigts. Coffey le répétait sans cesse :

« Si un gardien tombe, vous serez heureux de pouvoir rappeler Jacob. »

Mais Kent Hughes a été inflexible. Il n’était pas question de brûler une année de contrat pour Fowler. Pas question de lui donner les mêmes avantages qu’un Ivan Demidov ou un Lane Hutson, à qui on avait permis de démarrer leur contrat d’entrée en fin de saison pour des raisons stratégiques et financières (on leur donnait la possibilité de brûler une année de contrat pour "cash in" le plus rapidement possible.

Dans la tête de Hughes, Fowler, choix de troisième ronde, devait patienter. Il signerait un contrat d’entrée valide seulement à partir de 2025-2026, et en attendant, il jouerait à Laval sous un simple contrat de la Ligue américaine.

Pire encore pour Sean Coffey, même les bonus de performance pour Fowler ont été négociés à la baisse : seulement 80 000 $ la première année, loin des standards octroyés aux grands espoirs. En comparaison, Juraj Slafkovsky avait droit à 3,5 millions de bonus potentiels dans son contrat d’entrée.

Sur toute la ligne, Sean Coffey avait perdu. Il avait vu son client être tassé gentiment dans la hiérarchie, son pouvoir de négociation réduit en miettes, ses menaces rendues inutiles.

Kent Hughes avait gagné la guerre. Mais voilà qu’aujourd’hui, avec la blessure à Montembeault, la prédiction de Coffey se réalise. 

Le Canadien aurait désespérément besoin de Fowler. Le public en rêve : voir le prodige devant le filet en séries, donner un nouveau souffle à l’organisation, préparer l’avenir. Mais ce ne sera pas possible. Parce que Kent Hughes a refusé de signer ce contrat d’entrée immédiat.

Et dans son bureau, quelque part, Sean Coffey doit avoir un mince sourire en coin. Il ne le dira jamais publiquement. Mais intérieurement, il sait : il avait vu juste. 

Et même s’il avait perdu une bataille sur le papier, même si Jacob Fowler doit patienter avant de goûter à la LNH, au moins, aujourd’hui, Coffey a gagné en crédibilité.

 Et cette victoire silencieuse n’arrive pas au pire moment pour lui. Parce que la véritable négociation de sa carrière commence dans quelques semaines. Et elle porte un nom : Lane Hutson.

Kent Hughes espérait que la signature de Hutson serait simple. Que malgré sa saison historique, malgré son explosion dans la LNH, Hutson accepterait de se plier à la hiérarchie salariale imposée à Montréal.

Celle qui fait de Nick Suzuki le joueur le mieux payé de l’équipe, à 7,875 millions de dollars. (sans compter le 8,7 M$ de Patrik Laine). Celle qui a convaincu Cole Caufield de signer pour 7,85 millions. Celle qui a fait que Juraj Slafkovsky a embarqué dans le même moule avec 7,6 millions.

Mais depuis quelques semaines, tout le monde comprend que ce plan est en train d’exploser. Hutson est sur le point de devenir le défenseur le mieux payé de l'histoire du CH. Et le joueur le mieux payé de son équipe.

Il va remporter le trophée Calder. Il est même dans la discussion pour une nomination au Norris d'ici l'an prochain. Et surtout, il est en train de prouver, soir après soir, qu’il n’est pas seulement un phénomène de saison régulière : même en contexte de séries, malgré son petit gabarit, il s’impose, il domine, il est un facteur clé.

Et Sean Coffey le voit. Il sait que le seul véritable argument que Kent Hughes pouvait utiliser — « on ne sait pas comment il va performer en séries » — est en train de disparaître sous ses yeux.

Lane Hutson livre la marchandise, partout, tout le temps. Alors comment, dans ce contexte, Coffey pourrait-il accepter un rabais?

Comment justifierait-il un contrat à 8 ou 8,5 millions quand des défenseurs comme Jakob Chychrun viennent de signer pour 9 millions dans un marché moins exigeant?

Comment expliquer à son client qu’il ne mérite pas 10 ou 11 millions par année, alors qu’il pourrait devenir le cœur du jeu offensif du Canadien pour la prochaine décennie?

La vérité, c’est que Sean Coffey ne reculera pas. La blessure de Montembeault, l’échec du dossier Fowler, la domination de Hutson : tout pousse Coffey à frapper fort. À réclamer le contrat que Hutson mérite. À ignorer la pression publique. À faire comprendre à Kent Hughes que le temps des contrats à rabais est terminé.

Et si Lane Hutson lui-même ne s’interpose pas — s’il ne dit pas clairement à son agent « je veux rester aligné avec Suzuki » —, alors il faudra se préparer à une signature qui fera exploser les standards internes du CH.

Parce qu’avec Sean Coffey aux commandes, et après ce qu’il a vécu dans le dossier Fowler, aucun cadeau ne sera fait. Ce sera 10 millions minimum par saison, sur huit ans. Peut-être même plus.

En fin de compte, l’histoire retiendra que Kent Hughes a gagné la bataille Jacob Fowler… mais qu’il a peut-être perdu la guerre. Parce que ce que Sean Coffey n’a pas obtenu pour Fowler, il va l’exiger pour Hutson. Avec d’autant plus de hargne. Avec d’autant plus de justifications.

Et au final, c’est le portefeuille de Geoff Molson qui en subira les conséquences.

Une leçon dure. Une leçon amère.

Mais une leçon nécessaire.

Dans la LNH d’aujourd’hui, soit tu planifies avec vision… soit tu paies avec intérêts.